Clinic n° 10 du 01/10/2018

 

RÉFORME

ACTU

Anne-Chantal de Divonne  

Suppression du numerus clausus, création de 4 000 postes d’assistants médicaux, mise en place de structures légères de soins, labellisation d’hôpitaux de proximité… Quelques mesures phares parmi la cinquantaine que compte la stratégie de transformation du système de santé baptisée « ma santé 2022 » présentée le 18 septembre par Emmanuel Macron, puis détaillée par Agnès Buzyn.

Une des ambitions du plan est de créer une organisation plus collective des soins de proximité. « L’exercice isolé doit devenir l’exception », a affirmé Agnès Buzyn. Les regroupements de professionnels de santé autour d’objectifs communs sont donc favorisés. Les structures d’exercice coordonné de type maisons de santé et centres de santé sont invitées à se conventionner. Il s’agit d’un « véritable contrat entre les professionnels de santé et la population », a expliqué Agnès Buzyn pour garantir différentes missions, comme l’accès à un médecin traitant et une réponse aux urgences jusqu’à 20 h en semaine et le samedi matin. La ministre prévoit le conventionnement de 2 000 structures supplémentaires d’ici à 2022.

Remaillage des soins

Mais le plan encourage aussi des organisations plus légères comme les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui constituent un espace de coordination de professionnels autour d’une population avec plusieurs missions : prévention, accès à un médecin traitant et aux spécialistes, soins non programmés, accompagnement de sortie d’hôpital, maintien à domicile. Une négociation conventionnelle sera engagée en 2019 pour donner un cadre pérenne de financement à ces CPTS. Il est prévu d’en déployer 1 000 d’ici 2022. « Ce n’est pas une réforme dédiée aux médecins ; tous les professionnels doivent s’engager sur ces parcours coordonnés », a insisté Agnès Buzyn qui compte sur les ARS pour accompagner les acteurs de terrain dans ces créations. Les médecins qui s’inscrivent dans un exercice collectif pourront être aidés par des « assistants médicaux » : 4 000 postes destinés à « libérer du temps médical » seront créés. Plus immédiatement, dès 2019, pour pallier rapidement les situations d’urgence dans les territoires prioritaires, 400 médecins généralistes à exercice partagé ville/hôpital seront envoyés en tant que salariés de centres hospitaliers de proximité.

Un label « hôpital de proximité » sera créé en 2020 pour accompagner la réorganisation d’hôpitaux qui se recentreront sur des missions de proximité ouvertes sur la ville. La labellisation de 500 à 600 hôpitaux est attendue en 2022.

Un Ondam boosté

Pour financer l’ensemble du plan de transformation, l’exécutif revalorise l’Ondam à 2,5 % en 2019 (au lieu de 2,3) et mobilisera 3,4 milliards d’ici à 2022, dont 1 milliard destiné à l’investissement hospitalier et 1,6 à la structuration des soins ville/hôpital dans les territoires.

LE NUMERUS CLAUSUS SUPPRIMÉ

Pour mettre fin au « gâchis humain » de la 1re année d’étude de santé, Agnès Buzyn et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, ont annoncé la suppression du numerus clausus dès 2020 en même temps qu’une refonte des premiers cycles des études en santé. Les filières resteront sélectives. Mais l’idée est d’ouvrir différents parcours de licence à partir desquels (en 2e et 3e année) les étudiants pourront démarrer une formation de profession de santé. Ces formations seront aussi accessibles après l’obtention d’un autre diplôme. Avec ces différentes passerelles, l’objectif est de former des professionnels aux profils variés, « plus réflexifs, plus adaptables, curieux, et promoteurs de l’innovation ». La définition des troncs communs, le nombre d’années nécessaires pour chaque discipline, l’articulation entre les passerelles… sont encore à définir avec les universités et les étudiants.