Good Vibrations

Il y a clairement deux tendances parmi les composites : les souples, faciles à modeler, ne collant pas à la spatule, et les autres. Ces derniers au contraire, sont fermes et difficiles à mettre en forme. Certains matériaux sont tellement compacts qu’ils doivent être réchauffés dans un dispositif ad hoc pour les ramollir et les utiliser en bouche. Un autre moyen de fluidifier les composites consiste à les vibrer, car ils ont un comportement thixotropique. Déposez une boulette de n’importe lequel d’entre eux sur un bloc à spatuler. Appliquez dessus un insert de détartreur à ultrasons, sans spray bien sûr. Il y pénètre sans la moindre résistance, comme dans un pain de beurre oublié au soleil.

Un stylo vibrant

C’est en se fondant sur ce principe que l’américain Kerr a conçu le Compothixo. L’appareil a la forme d’un stylo, avec un manche en plastique gris et une zone de préhension bleue munie d’un bouton déclencheur en relief. Une petite pile électrique placée à l’intérieur permet d’activer le système. Une griffe semblable à celle d’un tournevis interchangeable accueille l’un des quatre embouts métalliques fournis dans le coffret : une pointe conique, deux fouloirs arrondis au bout et une spatule de bouche dont la lame est dans le plan du manche.

Une légère pression sur le bouton et l’embout métallique se met à vibrer avec une très faible amplitude. Pour que la vibration s’effectue en continu, il faut laisser le doigt appuyé un peu plus longtemps. Elle s’arrête après une nouvelle pression sur le déclencheur. On ressent très clairement ce mouvement dans le manche de l’appareil, associé à un léger bourdonnement.

Pourrait mieux faire

Il faut le dire, l’effet sur le composite n’est pas aussi spectaculaire que celui des ultrasons. Quel que soit le matériau, le ramollissement est minime. Ayant souvent des inclusions de bulles d’air dans mes composites antérieurs, j’ai eu l’impression que l’embout en forme de spatule permettait de mieux lisser et d’étaler les couches successives lors de la stratification. Mais il n’autorise pas une position de la main optimale. Le geste, en tout cas, est moins confortable que lorsque l’on utilise une spatule double, qui permet de jongler avec l’une ou l’autre extrémité. Le fouloir est intéressant sur les dents postérieures lorsque l’on utilise un composite particulièrement ferme. Le ramollissement est cependant trop faible pour se dispenser d’appliquer une couche de composite fluide dans le fond de la cavité : le premier incrément de matériau se colle au fouloir et ne reste pas accroché aux parois.

L’interrupteur sur le côté n’est pas exactement au bon endroit par rapport à l’orientation de la spatule et ne tombe pas exactement sous le doigt. Cette dernière présente, lorsqu’on la regarde de près, de minuscules stries d’usinage que l’électropolissage n’a pas réussi à totalement éliminer : une qualité de fabrication perfectible, donc. Enfin les embouts, finalement assez petits, peuvent facilement s’égarer lors du nettoyage et de la stérilisation.

En conclusion, cet appareil peut effectivement rendre quelques services en améliorant la qualité des restaurations, dans la mesure où il assure une meilleure homogénéité du composite entre et à la surface des différentes couches. Mais les vibrations engendrées sont beaucoup trop faibles pour un résultat significatif. On les perçoit largement plus dans la main qu’à l’extrémité des embouts où elle devrait être optimale.