Clinic n° 04 du 01/04/2017

 

AU CHU DE POITIERS

ACTU

ACD  

Un service d’odontologie entièrement neuf, doté de 8 fauteuils, a été inauguré le 9 février au CHU de Poitiers. En rythme de croisière, ce service est conçu pour soigner jusqu’à 90 patients par jour avec 2 équipes de 12 étudiants de la faculté dentaire de Nantes, encadrés par 2 praticiens hospitaliers et 10 praticiens attachés.

A vec 44 chirurgiens-dentistes pour 100 000 habitants alors que la moyenne nationale se situe à 63,1 pour 100 000, la Vienne fait partie de ces départements en mal de chirurgiens-dentistes avec de longs délais d’attente pour un rendez-vous, y compris en urgence, et des inégalités d’accès aux soins au détriment des patients à besoins spécifiques. « Il y avait vraiment un besoin majeur de santé publique », affirme Moulay Chemlal, assistant hospitalo-universitaire qui a pris ses fonctions de chef du Service d’odontologie du CHU de Poitiers au début de l’année, après avoir été assistant hospitalo-universitaire en parodontologie à la faculté dentaire Paris 7-Diderot et praticien attaché au sein du Service d’odontologie de La Pitié-Salpêtrière.

Jusqu’à l’année dernière, l’activité dentaire à l’hôpital de Poitiers se résu?mait à un cabinet dentaire dans le service ORL, dont s’occupaient un stomatologue aujourd’hui à la retraite et un praticien attaché qui se déplaçait de Paris une demi-journée par semaine.

90 patients par jour

La nouvelle unité, fruit d’un partenariat entre le CHU, l’Ordre des chirurgiens-dentistes du Poitou-Charentes, la faculté d’odontologie de Nantes, qui y envoie ses étudiants de 6e année, et l’Union régionale des chirurgiens-dentistes (URPS) de la Nouvelle-Aquitaine, est conçue pour accueillir quelque 90 patients par jour. Un budget de 2 millions d’euros a été ?investi pour doter ce service de 8 fauteuils dont 6 pour les étudiants de 6e année de Nantes, 1 pour l’implantologie et 1 pour les consultations des 2 praticiens hospitaliers qui encadrent les étudiants. Le service a été conçu et équipé pour que les étudiants de Nantes retrouvent rapidement leurs habitudes.

48 étudiants de Nantes par an

Cette antenne délocalisée est une véritable opportunité pour la faculté de Nantes dont les effectifs ont doublé en 15 ans, tandis que le nombre de fauteuils est resté inchangé. Dès l’ouverture le 1er février, 17 étudiants de 6e année ont été accueillis. À la rentrée de 2017, ils seront 24 par semestre. « Nous avons le nombre d’étudiants le plus important pour un centre de soins délocalisé », remarque Moulay Chemlal, qui a prévu d’organiser le service en 2 équipes de 12. Une première équipe sera sur place les trois premiers jours de la semaine, la seconde prendra le relais les deux derniers jours. Et à mi-semestre, ce sera l’inverse. « Cette distribution permettra en parallèle aux étudiants de valider un stage actif, de faire un peu de collaboration, de préparer leur thèse… » Les étudiants seront encadrés par 2 praticiens hospitaliers ainsi que par 10 praticiens attachés qui exercent aux alentours. Ces chirurgiens-dentistes ont été choisis avec beaucoup d’attention. « J’ai retenu les CV de praticiens qui continuent à se former », confie le chef de service.

Ouvert le 1er février et inauguré le 9 dans le contexte de la grève des étudiants, « le service travaille à effectif réduit, mais il assure des chirurgies et les urgences », remarque Moulay Chemlal.

ILS SONT PRATICIENS ATTACHÉS…

Parallèlement à mon exercice en libéral à Poitiers, je mène des actions de sensibilisation à l’hygiène bucco-dentaire dans les écoles et je forme du personnel dans le cadre du Comité d’hygiène bucco-dentaire de la Vienne. Je me suis proposée comme praticien attaché parce que j’aime former et être au contact des étudiants.

J’apprécie aussi d’avoir un pied à l’hôpital pour voir cette façon de travailler différente de celle du cabinet libéral. Les locaux montrent que le projet est ambitieux.

Ce service va apporter une réponse aux urgences dentaires. Il pourra aussi permettre à des praticiens de trouver des collaborateurs et à des étudiants de se fixer dans la Vienne.

J’ai voulu participer à ce projet dès que j’en ai entendu parler il y a plus d’un an. J’exerce près de Poitiers et je me forme régulièrement en suivant des DU. La création d’un service complet avec de beaux équipements est très motivante pour les étudiants mais aussi pour les praticiens attachés. C’est intéressant et gratifiant de participer au développement de ce service car on compte beaucoup sur nous, on veut vraiment nous impliquer.

Une priorité de l’URPS

Jean Desmaison, élu en 2010 à la tête de l’URPS de Poitou-Charentes, avait fait de la création du service d’odontologie du CHU de Poitiers une priorité pour son mandat. L’une des motivations était de se donner une chance de faire revenir à Poitiers les quelque 9 étudiants qui, après leur première année d’études médicales dans cette ville, poursuivaient en chirurgie dentaire à Nantes.

Une première réunion de travail s’était tenue en décembre 2013 au CHU avec l’idée de concevoir un service performant à l’image de celui de Rouen dirigé par Hervé Moisan. « Nous avons été l’interlocuteur privilégié du CHU car porteurs du projet, pendant toute la phase d’élaboration. Nous avons travaillé un peu comme des conseillers techniques, notamment sur la manière de parvenir à un équilibre des comptes dans les 3 à 5 ans suivant la création du service », explique le président de l’URPS Jean Desmaison, dont le mandat a été renouvelé l’an dernier à la tête d’une URPS élargie à l’Aquitaine et au Limousin. L’URPS reste aussi impliquée dans la vie du service, notamment auprès des étudiants, avec l’attribution d’une subvention au CHU pour financer leur logement et les aider dans la recherche de maîtres de stage.

Une opportunité pour la faculté de Nantes

« Sur les 5 dernières années, le nombre d’étudiants en cliniques – les 4e, 5e et 6e années – est passé de 200 à 250 étudiants », calcule Yves Amouriq, doyen de la faculté de Nantes. La gestion de 50 emplois du temps supplémentaires devenait un vrai casse-tête !

L’ouverture d’un centre de soins doté de 4 fauteuils à Orléans en février 2016, suivie cette année par celui de Poitiers, permet à Nantes « d’assurer une formation de qualité aux étudiants », se félicite Yves Amouriq, qui prévoit aussi l’aboutissement de deux autres projets : un service d’odontologie de 5 ou 6 fauteuils doit ouvrir en février 2018 au CHU de Tours et un autre de 6 à 12 fauteuils au Mans en septembre 2018.

« Nous avons l’assurance que les 6e années seront très bien formées dans des centres extérieurs, car ils sont bien équipés, l’encadrement est de qualité et l’activité y est assez soutenue parce que la demande est forte ». Il n’est en revanche pas question d’envoyer des 5e années : « C’est une année d’apprentissage de fondamentaux ; on préfère une formation assurée par des spécialistes de chaque discipline », explique le doyen.