DEVANT LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ
ACTU
À l’appel de la FSDL*, de la CNSD*, de l’UD*, de l’UNECD* et du SNIO*, de 6 000 à 10 000 chirurgiens-dentistes, étudiants, internes, mais aussi prothésistes et industriels sont venus le 3 mars dire « non » au règlement arbitral.
« Marisolde vos dents », « Non au 49.3 du dentaire », « Ne cassez pas la chirurgie dentaire », « Notre combat, votre santé », « Grâce à Marisol, les “sans dents” c’est maintenant », « Patients délaissés, mutuelles engraissées », « Dentiste de demain, pas des années 80 », « Qui veut du Dentexia ? », « Dentiste au pays des soviets », « France, pays de la qualité, où es-tu ? »… Banderoles, slogans martelés et fumigènes ont fait un retour en force le 3 mars. Après la manifestation qui avait rassemblé de 3 000 à 5 000 praticiens devant les grilles de la CNAMTS* le 27 janvier, cette seconde démonstration place Vauban, à une centaine de mètres du ministère, a donné la preuve d’une profession et de ses étudiants déterminés. Ils étaient 6 000 selon la police, 10 000 selon les organisateurs, réunis devant le dôme des Invalides. Ce même jour, la moitié des cabinets dentaires étaient en grève, selon les estimations de la CNSD et les étudiants poursuivaient leur mouvement de grève entamé le 13 janvier.
Aux côtés des chirurgiens-dentistes venus de la France entière et des étudiants issus de toutes les facs, les prothésistes, inquiets de voir les commandes de prothèses partir pour l’étranger, étaient venus en nombre. Certains se plaçant sous la bannière de l’Union nationale patronale des prothésistes dentaires (UNPPD), d’autres sous celle de la toute nouvelle Fédération des prothésistes artisans du dentaire (FPAD) qui veut se distinguer de l’union patronale en mettant en avant sa collaboration étroite avec les chirurgiens-dentistes. Des représentants de l’industrie manifestaient aussi en soutien à la profession.
Des syndicats de médecins – le Syndicat des médecins libéraux (SML) et la Fédération des médecins de France (FMF) – avaient apporté leur appui, inquiets des atteintes portées au système conventionnel, de même que le Collège des médecins stomatologistes et chirurgiens maxillo-faciaux (CMSCMFF).
* CNSD : Confédération nationale des syndicats dentaires. FSDL : Fédération des syndicats dentaires libéraux. UD : Union dentaire. UNECD : Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire. SNIO : Syndicat des internes en odontologie. CNAMTS : Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés.
Pour un jeune qui s’installe aujourd’hui, travailler selon les données acquises de la science coûte une fortune. Avec les tarifs désastreux que l’on nous promet, c’est impossible. Quand je soigne un patient, normalement je dois le soigner comme j’aimerais être soigné moi-même. Ce sera très difficile à l’avenir. Si on nivelle par le bas, on ne pourra plus travailler comme aujourd’hui. Tous les cabinets ne fonctionnent pas de la même façon !
Nous sommes ici pour soutenir toute la filière dentaire. C’est un cap difficile. Il faut que les professionnels au contact des patients aient confiance en l’avenir. Cette confiance passe par une solution négociée, pas par une solution imposée.
Nos revenus vont augmenter de 9 000 €, dit la ministre ? C’est oublier de dire qu’il s’agit de chiffre d’affaires, c’est un montant total sur 4 ans auquel il faut enlever 70 % de charges ! Toute une filière est touchée. Les prothésistes sont très inquiets car ils vont devoir baisser leurs tarifs et, dans leurs labos, la seule variable d’ajustement est malheureusement le personnel salarié. Mais les syndicats des prothésistes sont un peu responsables de cette situation : cela fait 20 ans qu’ils pointent du doigt nos honoraires alors que le binôme praticien/prothésiste au quotidien fonctionne en toute intelligence !
Je me demande comment justifier auprès de mes patients la baisse de tarif de la prothèse céramique dès la mise en place du règlement arbitral et de ses tarifs imposés. Nous nous battons pour une dentisterie de qualité et l’on veut nous imposer une logique de low cost.
Je suis ici afin de défendre la médecine dentaire libérale et la qualité des soins. On nous impose des tarifs draconiens qui nivellent par le bas notre exercice en nous bloquant les négociations conventionnelles par un arbitrage de type 49.3. Dans ces conditions, je ne pourrai plus assurer la qualité des soins qui correspond aux progrès techniques actuels et 30 % des cabinets risquent de fermer. La réalité concernant le reste à charge des prothèses pour les patients est que l’effort aurait dû venir de la Sécurité sociale qui n’a pas réévalué ses remboursements depuis presque 30 ans ! Il ne s’agit pas de rattraper la perte imposée par le plafonnement des soins, les moins chers d’Europe, en surfacturant nos honoraires pour les prothèses, comme cela est largement diffusé dans les médias, puisque ceux-ci sont équivalents à ceux d’autres pays comparables à la France. Le prétexte de rendre accessibles nos traitements à tous est très surprenant alors que nous prenons déjà en charge les plus démunis, les bénéficiaires de l’AME, de la CMU et des ACS. Si ces conditions dont on nous parle sont mises en application, il est possible que je me déconventionne comme beaucoup de mes confrères afin d’assurer sereinement ma mission de soignant.
Nous sommes dans le même bateau que les chirurgiens-dentistes ! Les mesures vont engendrer une perte d’activité et des licenciements car les travaux partiront à l’étranger. C’est un non-sens déontologique, écologique et économique ! On manifeste main dans la main car nous arrivons à un niveau de maturité suffisant pour entamer des relations plus cordiales que ce que nous avions auparavant.
En Alsace, nous sommes capables de nous retrouver pour mettre en place des solutions, une traçabilité, une appellation d’origine et une transparence sur les travaux réalisés. Les chirurgiens-dentistes nous font confiance. Pourquoi ne pas instaurer le même type de relation au niveau national ?