Les cahiers de prothèse n° 150 du 01/06/2010

 

revue de presse

Sarah Amr  

Objectifs

Les premières techniques de greffes sinusiennes utilisaient de l’os autogène prélevé au niveau de l’os iliaque. Elles ont été présentées pour la première fois par Tatum en 1977. Depuis, plusieurs auteurs se sont succédé pour proposer de nouvelles techniques en variant les sites donneurs : de l’os autogène intra-oral, de l’os allogène décalcifié et déshydraté ou encore de l’os anorganique bovin.

L’objectif de cette étude est d’évaluer...


Objectifs

Les premières techniques de greffes sinusiennes utilisaient de l’os autogène prélevé au niveau de l’os iliaque. Elles ont été présentées pour la première fois par Tatum en 1977. Depuis, plusieurs auteurs se sont succédé pour proposer de nouvelles techniques en variant les sites donneurs : de l’os autogène intra-oral, de l’os allogène décalcifié et déshydraté ou encore de l’os anorganique bovin.

L’objectif de cette étude est d’évaluer la néoformation osseuse ainsi que le taux de survie des implants posés sur un sinus maxillaire greffé à l’aide d’os bovin anorganique. Des moyens cliniques, radiographiques et histologiques ont été employés pour cette évaluation.

Méthodologie

Les critères d’inclusion à cette étude :

– l’absence de pathologies systémiques, de tabagisme et d’antécédents chirurgicaux au niveau d’un des deux sinus maxillaires ;

– une disponibilité de la hauteur osseuse sous-sinusienne inférieure à 7 mm ;

– un édentement postérieur unilatéral ou bilatéral.

Au total, 92 patients nécessitant une greffe sinusienne bilatérale et 222 nécessitant une greffe unilatérale ont participé à cette étude, et 406 sinus lift ont été étudiés et analysés.

Une heure avant l’intervention, une antibiothérapie à base de 2 g d’amoxicilline ou d’amoxicilline associée à de l’acide clavulanique, une prescription d’antalgique (ibuprofène 600 mg) et un rinçage buccal avec une solution de bain de bouche (chlorhexidine 0,12 %) ont été administrés.

Suite à un lambeau muco-périosté, un volet osseux vestibulaire a permis l’accès à la membrane sinusienne. Après réflexion de cette dernière, l’espace créé a été rempli par des particules d’os anorganique bovin. Si, au cours de la chirurgie, l’opérateur a perforé la membrane, une membrane de collagène (MC) été utilisée pour obturer la perforation.

Dans tous les cas, une MC venait recouvrir toute la greffe. À la fin de l’intervention des sutures fermaient hermétiquement le site.

À ce stade, les sujets inclus dans cette étude ont été divisés en deux groupes. Pour le premier, des implants ont été posés en même temps que la greffe sinusienne. Il s’agit de 108 implants. Tandis que pour le deuxième groupe, la pose d’implants a été programmée dans un temps chirurgical différent du premier (de 6 à 12 mois plus tard). Au total, 907 implants ont été posés dans ce cadre-là.

Des antibiotiques ont été prescrits durant les 7 jours suivant l’intervention. Un bain de bouche, pendant 10 jours, a été nécessaire. Des contrôles mensuels cliniques ont été effectués pour chaque patient. Au sixième mois, ils ont été complétés par des examens radiologiques (panoramique dentaire et clichés rétroalvéolaires en regard de la greffe). Ces mêmes examens ont été renouvelés à un an postopératoire, puis tous les ans pendant trois ans.

Parmi les cas opérés en deux étapes chirurgicales, 7 ont été choisis, au hasard, afin de réaliser une biopsie osseuse. Ce n’est qu’à 11 mois après la greffe sinusienne et par un accès au volet vestibulaire initial, que cette carotte osseuse de 7 mm de profondeur a été retirée. Ces spécimens ont été déshydratés à l’acide nitrique 7,5 % pendant 12 à 24 heures, rincés puis séchés. Des coupes histologiques ont permis d’analyser leur nature et de quantifier l’os néoformé.

Résultats

Les résultats donnés ci-dessous ont été obtenus au bout de 3 ans de suivi. La mise en charge des implants inclus dans cette étude variait de 3 à 72 mois.

Sur les 1 025 implants posés, 19 ont été perdus (ce qui revient à un taux de survie de 98,1 %).

Parmi ces 19 derniers, 4 ont été posés simultanément à la greffe alors que les 15 autres ont été posés dans un temps différé. Toujours parmi ce nombre d’implants (19), 15 ont été perdus au bout de 6 mois de mise en charge et 2 au bout de 12 mois, les 2 derniers pour des raisons non citées dans l’article.

Ce taux de survie varie en fonction du niveau osseux disponible avant la réalisation de la greffe, mais aussi en fonction de l’état de surface de l’implant. Il est de 98,1 % pour une hauteur osseuse inférieure à 3 mm, de 98,6 % pour une hauteur variant de 3 à 5 mm et de 97,0 % pour une hauteur variant de 5 à 7 mm. Ces variations ne sont pas statistiquement significatives (p = 0,3408).

Par ailleurs, à une surface rugueuse correspond un taux de 98,6 % et à une surface usinée correspond un taux de 97 %. La différence entre ces deux valeurs n’est pas statistiquement significative (p = 0,0840).

Les résultats des analyses histologiques des spécimens recueillis révélaient des échantillons composés de 39 % ± 12 % d’os néoformé de 52,9 % ± 9,3 % d’os spongieux et de 8 % ± 2,7 % de particules résiduelles d’os bovin.

Conclusion

Les résultats de cette étude permettent de conclure que suite à une greffe sinusienne réalisée avec de l’os bovin anorganique associé à des membranes de collagène, la pose d’implants présente un taux de survie élevé (98,1 %) et une bonne prévisibilité clinique. Par ailleurs, quelques informations manquaient dans cet article, notamment les paramètres du suivi clinique ainsi que le type de prothèse implanto-portée (couronne unitaire, couronnes solidarisées, bridge…) réalisé.