ÉDITO
RÉDACTEUR EN CHEF
En réaction à la politique de santé en cours contre notre convention, une profession entière, responsable, digne, solidaire, avec ses jeunes en formation en figure de proue, réagit et agit.
Nous refusons la prise de contrôle de notre modèle de santé sur des bases de raisonnement économiques et sans réflexion médicale constructive. « Garantir la santé bucco-dentaire pour tous » n’est pas l’apanage des politiques en campagne électorale. C’est d’abord l’affaire...
En réaction à la politique de santé en cours contre notre convention, une profession entière, responsable, digne, solidaire, avec ses jeunes en formation en figure de proue, réagit et agit.
Nous refusons la prise de contrôle de notre modèle de santé sur des bases de raisonnement économiques et sans réflexion médicale constructive. « Garantir la santé bucco-dentaire pour tous » n’est pas l’apanage des politiques en campagne électorale. C’est d’abord l’affaire des professionnels de santé.
Avec les propositions ministérielles actuelles, les données cliniques réelles ne sont pas comprises, les chirurgiens-dentistes sont méprisés, les patients manipulés.
Alors, de quelle santé parlons nous ? Quelle est la vérité sur notre exercice ? Quelle liberté doit être respectée pour les patients et notre profession ?
Pour la santé. Le sens du métier que nous défendons est d’assurer la meilleure santé bucco-dentaire possible à nos concitoyens et pas seulement les meilleurs soins.
Les prises en charge thérapeutiques que nous sommes en mesure de proposer aujourd’hui sont des avancées pour les patients, pour leur bien-être, pour leur sourire, pour leur vie. Nous pouvons leur dire ce que la science sait et peut faire et que nous cherchons à préserver.
Nos progrès scientifiques ont fait reculer les pathologies bucco-dentaires de manière significative (et ce malgré une industrie alimentaire défavorable). Nous avons mis en place la prévention sans que les pouvoirs publics ne nous aient donné de moyens spécifiques. L’interception initiale par des traitements de préservation permet de contrôler les dégradations fonctionnelles sévères génératrices d’impotences. Les procédures, matériaux et techniques de préservation, de régénération, de restauration et de reconstruction atteignent des niveaux qualifiés de biomimétique.
La prise en charge des patients est médicale et s’inscrit dans sa globalité. L’accent est mis sur la personne et sur la sérénité des actes dispensés (écoute, anesthésie, relaxation, hypnose). L’accueil de nos cabinets et le confort des interventions sont soutenus par des techniques numériques en pleine évolution.
Nous sommes capables de proposer toujours plus et toujours mieux pour cette santé bucco-dentaire, et c’est cela que nous voulons continuer à faire.
Pour la vérité. La santé a une valeur et cette valeur, c’est en partie nous.
Nous devons dire la vérité sur nos cabinets, notre formation, notre activité… et sur les mutuelles.
Un docteur en chirurgie dentaire, qui est-ce ? Un professionnel sélectionné par un des concours les plus difficiles et les plus sélectifs, suivi de 6 années d’études hospitalo-universitaires prolongées par des diplômes post-universitaires et des formations continues.
Il devient ensuite entrepreneur, investissant dans des installations techniques et cliniques sophistiquées que les patients plébiscitent. Il gère les risques d’un exercice indépendant, il embauche. Il répond au flux de patients, toujours plus important, par une cinquantaine d’heures d’activité hebdomadaire.
Être docteur en chirurgie dentaire, c’est diagnostiquer, soigner, prescrire et réaliser des actes de microchirurgie dans la sphère buccale. En cela notre profession médicale est particulière. Nous soignons des êtres humains, leurs douleurs, leur fragilité, leur corps et leur état psychique. Nous intervenons dans une sphère clinique symbolique, entre intimité et communication.
Ces investissements physiques, mentaux et économiques ont une valeur qui ne peut être minimisée et que nous devons conserver pour continuer à garantir une prise en charge juste des patients.
C’est cela la vérité.
Mais quelle est la vérité de l’argent des mutuelles ? Quelle est la vérité des rapports entre les assurances et les politiques ? Quelle est la vérité sur le contrôle des remboursements et des cotisations ? Quelle est la vérité sur les chiffres assenés ? Et quelle est la vérité sur les propositions annoncées ?
Pour la liberté d’exercice, la liberté de choix du patient pour sa santé.
Il ne s’agit pas là de paroles libertaires mais de bon sens thérapeutique !
Comment ne pas comprendre que la santé est fondée sur une implication active et sur la confiance en la personne à qui l’on confie son corps.
Comment ne pas admettre que le patient et le praticien établissent une relation particulière, la relation thérapeutique, fondée sur un service de soins personnalisé et non sur une vente d’actes à la chaîne.
L’exercice libéral est fondé sur la relation humaine. Il ne peut pas être standardisé, sous tutelle de l’État et sous conditionnement des mutuelles. La médecine ne peut pas être exercée comme un commerce régi par des règles économiques sous contrôle de groupes d’assurances. Ce serait un déni de clairvoyance.
Pour la santé, libéral (libre, responsable, bienveillant) ne veut pas dire libéralisme (refus de toute régulation de l’État).
Au contraire, nous souhaitons garantir l’accès à des soins dans les meilleures conditions. Nous pouvons proposer une offre de soins améliorée, mieux équilibrée, plus performante pour être en adéquation avec cette santé que nous maîtrisons et qu’il est véritablement possible de dispenser aujourd’hui. Mais recevoir des soins gratuits en faisant la queue dans des dispensaires n’est pas la liberté. Se voir imposer son praticien et ses traitements sur décision comptable des mutuelles n’est pas notre choix de société.
Notre choix est d’avoir le choix. C’est notre liberté et surtout celle des patients.
C’est de cette santé-là dont nous parlons et que nous voulons.
Une santé qui a une valeur et un coût. Sa valeur, c’est nous qui pouvons la garantir. Ce coût, nous souhaiterions mieux l’équilibrer mais pas n’importe comment. Pas par la contrainte d’un plafonnement complet de notre activité qui serait une servitude dévastatrice de notre profession et de tous ceux qui l’entourent (assistantes, prothésistes, fournisseurs, etc.). Cela aboutirait à une dégradation de l’énergie des professionnels et à une diminution de l’implication des patients dans leur relation thérapeutique.
L’État doit prendre en compte la réalité médicale, son adéquation avec ceux qui se forment pour la dispenser et être responsable de son devenir.
C’est ce que nous voulons défendre. ?