Clinic n° 06 du 01/06/2013

 

LA BATAILLE DE L’ADHÉSION

ACTU

ACD  

Initiée en l’an 2000 et conduite pendant les dix années qui ont suivi par Michel Degrange, la « Bataille de l’adhésion » poursuit son œuvre de formation avec une jeune équipe de praticiens et d’enseignants issus de la faculté de Paris Descartes à Montrouge. La 78e bataille avait lieu à Paris le 18 avril dernier.

Une vingtaine de praticiens de la région parisienne se sont réunis dans une salle de travaux pratiques installée dans un hôtel parisien pour se former et améliorer leurs performances de collage. Chacun a apporté son propre adhésif et l’utilise lors d’un 1er test sur échantillon dans les conditions habituelles de sa pratique. Tous les essais sont ensuite soumis à une machine de traction, qui évalue la résistance du collage en mégapascal (MPa). Puis, avant de tester une dizaine d’autres produits du marché, les étudiants d’un jour reçoivent une formation théorique et pratique sur les points clés de l’adhésion, sur la classification et le bon usage des systèmes adhésifs, ou encore sur les lampes à polymériser. « Avec leur propre système de collage, les praticiens progressent en moyenne de 25 % entre le début et la fin de la journée », constate Frédéric Raux, président de l’Académie de dentisterie adhésive (ADDA) organisatrice de la journée. C’est dire si, à côté de la qualité de l’adhésif, la « patte » du praticien, sa concentration, sa connaissance du procédé d’adhésion, sont les éléments essentiels pour la réussite d’un collage.

Après 77 séances de « batailles », le passage de plus de 1 900 confrères, la réalisation de 19 500 tests sur quelque 80 adhésifs différents, l’ADDA dispose d’une banque de données unique qui permet d’analyser la performance des adhésifs et le comportement des praticiens face au collage. « Le paramètre essentiel est moins le produit que le praticien. Mieux il saura manipuler son produit, plus les valeurs seront constantes et élevées ». De fait, pour un même produit, les valeurs d’adhérence peuvent varier d’un facteur 7 entre les meilleurs et les moins bons « colleurs ».

Les tests montrent qu’un système de collage en une étape n’est pas plus fiable qu’un système en deux ou trois étapes. Au contraire. Les variations de qualité de collage les plus importantes entre les praticiens sont observées pour des systèmes automordançants en une étape (SAM 1). Cela est dû en partie au fait que « les systèmes simplifiés font apparaître certaines étapes critiques comme les phases de séchage », décrypte Frédéric Raux.

L’ADDA tient à jour un classement de l’ensemble des produits testés. Dans ce classement, le 40e est deux fois plus sensible à la manipulation de son utilisateur que le premier. Le produit idéal n’est donc pas seulement celui qui obtient le meilleur résultat en terme d’adhérence, mais surtout celui qui obtient de bons résultats en toutes circonstances. Frédéric Raux explique qu’il s’agit de tendre vers « des adhésifs dont les résultats soient le plus proche possible d’une bonne moyenne, quels que soient les circonstances et le praticien ».

Aujourd’hui, les séances des Batailles de l’adhésion continuent de voyager en France comme à l’étranger.

L’ADDA développe aussi des séances pour d’autres applications cliniques, comme la stratification des composites antérieurs et postérieurs, la restauration de la dent dépulpée, les systèmes de contention, les inlays-onlays esthétiques …

Une belle aventure partagée par une équipe d’une douzaine de praticiens encadrants, avant tout amis.