Clinic n° 12 du 01/12/2012

 

PRESSE INTERNATIONALE

L’ESSENTIEL

Antoine VASSALLO  

L’échec le plus fréquent des tenons fibrés scellés/collés est leur décollement, à l’interface entre le ciment et la dentine, dû à l’élimination incomplète de boues dentinaires mêlées à des restes de matériau d’obturation canalaire. Le nettoyage parfait des parois canalaires est difficile surtout dans les 2/3 apicaux. Bien que les systèmes adhésifs conventionnels à 3 étapes (total etch) procurent les résistances les plus élevées, l’utilisation de...


L’échec le plus fréquent des tenons fibrés scellés/collés est leur décollement, à l’interface entre le ciment et la dentine, dû à l’élimination incomplète de boues dentinaires mêlées à des restes de matériau d’obturation canalaire. Le nettoyage parfait des parois canalaires est difficile surtout dans les 2/3 apicaux. Bien que les systèmes adhésifs conventionnels à 3 étapes (total etch) procurent les résistances les plus élevées, l’utilisation de systèmes automordançants va croissant. Le but de cette étude est d’évaluer l’effet positif d’un conditionnement préalable de la dentine intraradiculaire avec un acide phosphorique sur la résistance au descellement de tenons fibrés collés avec un adhésif automordançant.

Matériel et méthode

Des logements pour tenons de 10 mm de profondeur sont préparés dans les racines traitées de 36 dents monoradiculées extraites. Trois groupes égaux sont constitués. À chacun d’eux est appliqué un protocole de collage différent. Groupe A : traitement conventionnel du logement avec un adhésif à 3 étapes (total etch), All-Bond 2 (Bisico). Groupe B : traitement avec un adhésif automordançant à une étape G-Bond (GC). Groupe C : mordançage préalable des parois canalaires avec un acide phosphorique à 32 % (Bisico) pendant 30 secondes puis traitement avec un adhésif automordançant G-Bond. Les tenons fibrés ISO 100s (Dentsply Maillefer) des 3 groupes sont scellés/collés avec un ciment résine autopolymérisable, Bisfil (Bisico). Chaque racine et son tenon sont débités en disques minces. Une force est appliquée sur la tranche du tenon de chaque disque, jusqu’à son descellement.

Résultats et discussion

Les résistances moyennes au descellement mesurées sont 7,51 ± 4,27 MPa pour le groupe A, 5,64 ± 2,95 MPa pour le groupe B et 7,88 ± 3,19 MPa pour le groupe C. Les groupes A et C, dans lesquels un acide phosphorique à 32 % a été employé, montrent des résistances significativement supérieures à celle du groupe B. Pour tous les groupes, les résistances se réduisent progressivement de la partie coronaire à la partie apicale de la racine en raison, probablement, des différences des structures dentinaires selon leur niveau et de la difficulté d’élimination des boues dentinaires dans les zones profondes du logement pour le tenon. Dans le groupe C (mordançage acide + adhésif automordançant), la couche hybride obtenue est plus homogène, même dans les tiers moyen et apical des logements des tenons.

L’ESSENTIEL

Dans les limites de cette étude in vitro qui a pour objet de tester l’effet d’un mordançage acide préalable au collage d’un tenon fibré avec un adhésif automordançant, les résultats indiquent que l’efficacité du nettoyage du logement du tenon radiculaire diminue au fur et à mesure de la pénétration en profondeur dans ce logement, entre le tiers coronaire et le tiers apical, conduisant à un collage du tenon moins bon au niveau des zones les plus profondes. Ils indiquent également que l’application d’un adhésif automordançant seul ne peut assurer des valeurs prévisibles de collage des tenons fibrés. Le traitement acide permet d’obtenir des surfaces exemptes de boues dentinaires. Le conditionnement pendant 30 secondes des parois du logement canalaire avec un acide phosphorique à 32 % avant l’application d’un adhésif automordançant peut permettre d’améliorer le collage des tenons fibrés et d’obtenir facilement des valeurs de collage supérieures. Les résistances des collages de tenons fibrés devraient être étudiées sur un long terme et une recherche sur des échantillons vieillis devrait être conduite car quelques études ont montré que les adhésifs automordançants accroissent l’activité collagènolytique dans la dentine radiculaire.