éditorial
Rédacteur en chef
Les nouvelles technologies envahissent jusqu'à notre vie privée et peuvent inciter à la méfiance. A contrario, dans la sphère professionnelle, l'hérésie serait de se tenir à l'écart de cette lame de fond qui bouleverse et révolutionne toutes les pratiques. Et ce n'est qu'un début. Les plus Sages d'entre nous se gardent de tout militantisme exclusif et béat vis-à-vis de ces technologies, cette exaltation survoltée étant souvent l'expression d'une précipitation excessive,...
Les nouvelles technologies envahissent jusqu'à notre vie privée et peuvent inciter à la méfiance. A contrario, dans la sphère professionnelle, l'hérésie serait de se tenir à l'écart de cette lame de fond qui bouleverse et révolutionne toutes les pratiques. Et ce n'est qu'un début. Les plus Sages d'entre nous se gardent de tout militantisme exclusif et béat vis-à-vis de ces technologies, cette exaltation survoltée étant souvent l'expression d'une précipitation excessive, d'un rejet sans fondement du « monde d'avant », ou encore d'un enthousiasme démesuré pour se mettre en avant soi-même. Les Sages, toujours eux, nous exhortent d'aborder de façon plus pragmatique cette révolution numérique en conservant la maîtrise totale des processus, avec prudence et analyse, dans une attitude innovante mais responsable. Car loin d'être de simples gadgets transitoires, ces technologies interpénètrent déjà nos méthodes de diagnostic et de prise en charge et notre exercice va poursuivre positivement sa réorganisation au profit du couple soignant-soigné, dans un concept gagnant-gagnant, mais sous notre impératif contrôle pour conserver la main...
Dans le même ordre d'idée, garder la main sur la pleine maîtrise de nos indications thérapeutiques est également une exigence. Celles-ci seront souvent remises en cause, voire balayées par les avis de nos patients ayant consulté le sacro-saint « internet ». Cette pression va s'accroître avec la mise en place du « reste-à-charge zéro (RAC 0) » qui ouvre la boîte de Pandore : « Docteur, j'ai droit à des couronnes antérieures totalement remboursées à partir de janvier prochain ! » Ces raccourcis simplistes ouvrent la perspective d'un monde prothétique quasi gratuit pour reconstruire tous les sourires, avec le risque d'outrepasser la plupart des indications et d'aller au-delà des nécessités médicales... Nous devrons de plus en plus nous cabrer face à des demandes esthétiques irréalistes, injustifiées et délabrantes. Respecter le fameux gradient thérapeutique prôné dans les ouvrages, revues et formations continues exigeantes, reste un impératif plus que jamais d'actualité. Conservons notre libre-arbitre et notre niveau d'exigence face à la vague prothétique consumériste qui se profile. Suivons le sens de l'Histoire mais gardons la main.