éditorial
Rédacteur en chef
Les économistes affirment que le contexte conjoncturel est favorable aux réformes structurelles en France. Alléluia ! Il serait donc grand temps de mettre en œuvre le fameux chantier promis dans les programmes électoraux du printemps dernier : le zéro reste à charge en santé, notamment dans l'optique, le dentaire et les audioprothèses. Cela n'aura échappé à personne, ces professions n'ont rien à voir l'une avec l'autre, mais elles seront pourtant gérées simultanément....
Les économistes affirment que le contexte conjoncturel est favorable aux réformes structurelles en France. Alléluia ! Il serait donc grand temps de mettre en œuvre le fameux chantier promis dans les programmes électoraux du printemps dernier : le zéro reste à charge en santé, notamment dans l'optique, le dentaire et les audioprothèses. Cela n'aura échappé à personne, ces professions n'ont rien à voir l'une avec l'autre, mais elles seront pourtant gérées simultanément. Objectif : remboursement de la totalité des dépenses du patient rendu possible par le blocage des tarifs par la loi avec interdiction de dépassement au-delà d'un seuil qui, pour la plupart des professionnels chirurgiens-dentistes, reste incompatible avec la poursuite de leur activité. Parallèlement, le président de la Mutualité Française annonce une augmentation de 2 à 4 % des cotisations des assureurs de santé (mutuelles) en janvier 2018, alors que le gouvernement est en pleine négociation avec ces organismes sur le fameux « zéro reste à charge ». La ministre de la Santé juge « malvenue » cette façon de procéder et regrette de ne pas avoir été prévenue en amont. Constatons l'efficacité du dialogue entre partenaires des négociations car, au final, une seule question prime : qui va payer ?
Par ailleurs, nous sommes à juste titre fortement incités à renforcer nos actions de prévention et d'éducation thérapeutique en fonction des besoins de santé publique de nos régions. Paradoxe, car dans le contexte de blocage tarifaire, de non-revalorisation des actes et d'absence de réelle considération au juste coût de l'application de ces politiques sur le terrain, qui va payer ?
Stérilisation et élimination des déchets, obligations liées à la radioprotection, formation continue, contrôles électriques, contrôles des compresseurs, sécurité incendie... Ces impératifs et devoirs, pour certains inscrits au Code de la santé publique, s'appliquent à notre profession. Outre des frais supplémentaires, la gestion de ces obligations prendra de plus en plus de temps : qui va payer ?
Gains pour la santé et gains d'efficacité, nous le constatons au quotidien, le monde de la santé connectée est en marche et aura un impact indiscutable sur nos patients mais aussi sur nos modes d'activité. La formidable révolution entraînée par la CFAO n'épargne pas notre domaine qui préfigure ce que seront la plupart des secteurs d'activité du futur. Il faudra s'équiper. Mais avant de penser aux gains de productivité engendrés par les évolutions techniques qui avancent beaucoup plus vite que notre réglementation, il faut comprendre que les frais engagés sont de plus en plus importants. Pour cette santé digitale, qui va payer ?
Nous nous débattons dans ce monde de paradoxes où l'exigence est de soigner mieux, au plus vite, par un praticien compétent disposant d'un plateau technique performant et moderne, respectant les dernières normes... et le tout au moindre coût ! Comment penser qu'une telle équation avec autant d'inconnues puisse être résolue ? Les patients doivent comprendre que la douce utopie de la santé dentaire gratuite dans ces conditions n'est que cynisme.