Les cahiers de prothèse n° 176 du 01/12/2016

 

éditorial

Stéphane Viennot  

Rédacteur en chef

La carie dentaire et les maladies parodontales sont un problème de santé publique majeur en raison de leur prévalence élevée et de l'impact sur la santé générale de l'individu (implication comme cofacteurs dans les maladies cardiovasculaires, diabète...).

La performance de l'hygiène dentaire jouant un rôle majeur, la Haute Autorité de santé (HAS) et Santé publique France (nouvelle agence nationale de santé publique créée en mai 2016) axent leurs recommandations sur...


La carie dentaire et les maladies parodontales sont un problème de santé publique majeur en raison de leur prévalence élevée et de l'impact sur la santé générale de l'individu (implication comme cofacteurs dans les maladies cardiovasculaires, diabète...).

La performance de l'hygiène dentaire jouant un rôle majeur, la Haute Autorité de santé (HAS) et Santé publique France (nouvelle agence nationale de santé publique créée en mai 2016) axent leurs recommandations sur l'importance d'un brossage dentaire au minimum biquotidien, complété d'un examen annuel de prévention bucco-dentaire et de conseils d'éducation pour la santé adaptés à la situation spécifique du patient. Une intégration beaucoup plus forte des activités de prévention est constatée en réponse aux actions de surveillance plus développées. Le numéro de mars 2016 de la revue Evolution résume le dernier Baromètre santé 2014 dans son versant « santé bucco-dentaire des adultes » : seuls 71 % des 15-75 ans déclarent se brosser les dents deux fois par jour et uniquement 64 % des 15-75 ans déclarent avoir consulté un chirurgien-dentiste au cours des 12 derniers mois (progression bien modeste depuis 2010). En tant que professionnel de santé, nos objectifs sont doubles face aux pathologies : « prévenir en amont » et convaincre nos patients d'adopter une prophylaxie orale adaptée, mais aussi « soigner en aval » par des thérapeutiques efficaces et éprouvées. Un récent article de la presse grand public relatif à notre profession affirmait sur un ton péremptoire que « le meilleur des praticiens n'est pas celui qui guérit mais celui qui prévient ». Ces propos suscitent les conflits et les oppositions, c'est le but. Réaffirmons que les prothèses odontologiques répondent à des besoins de premier plan pour la santé publique et sont un enjeu majeur pour la qualité de vie, aussi bien en termes d'efficacité fonctionnelle, d'esthétique, de relation sociale ou d'estime de soi. Ces soins spécialisés se déclinent depuis les prothèses fixes ou amovibles plus ou moins étendues dento ou implantoportées, jusqu'aux traitements des pertes de substances maxillo-faciales ou des séquelles de fentes palatines... avec éventuellement un contexte de santé spécifique, des patients très âgés ou handicapés. Face à la demande de prothèses et dans un contexte de renoncements aux soins, des politiques de santé audacieuses s'imposeraient avec la double exigence d'un fort engagement de l'État et du respect qui s'impose aux professionnels. Vaste utopie... Dans l'attente, ces professionnels de santé responsables côtoient, eux, la réalité du quotidien et assument le difficile équilibre et la synergie indispensable entre prévention et soins pour assurer l'avenir...

  • Ménard C, Grizeau-Clemens D, Wemaere J. Santé bucco-dentaire des adultes, Évolution, no 35, mars 2016.