Implantologie
RÉSUMÉ La mise en fonction immédiate ou rapide des implants nécessite la mise en place d'une prothèse à l'adaptation sans faille. À côté des techniques actuellement disponibles consistant à réaliser une armature métallique recouverte de résine, nous proposons une autre possibilité : un bridge autoporteur fibro-résineux.
Rapide à réaliser et conférant une très bonne rigidité, le matériau de ce bridge présente en plus l'avantage d'une liaison chimique entre la structure fibrée et la résine. Un cas clinique expose temps par temps la mise en œuvre de cette technique.
SUMMARY Immediate function of mandibular implant with self-supporting fiber-resin bridge
The immediate or rapid function implants requires the establishment of a prosthesis which adaptation is flawless. Beside the currently available techniques of performing a metal frame covered with resin, we propose an alternative of self-supporting fiber-resin bridge.
Quick to make and conferring great rigidity, this material also has the advantage of a chemical bond between the fibrous structure and the resin. A clinical case exposes time by time the implementation of this technique.
Le but de cet article est de présenter un système original de renforts structuraux en fibres de verre imprégnés de résine photopolymérisable destinés, d'une part, à la prise d'empreinte pour relier fermement les transferts entre eux et, d'autre part, à la réalisation d'une structure rigide solidarisant les piliers qui, une fois intégrée à la résine, forme un bridge stratifié autoportant.
Le cas présenté ici est celui d'une patiente qui ne possédait plus que 4 dents au pronostic réservé dans le secteur antérieur mandibulaire (fig. 1). Le plan de traitement proposé et accepté comprenait l'extraction des dents résiduelles, accompagnée de la pose de 6 implants mis en charge rapidement.
Une étude préprothétique a été réalisée sur les moulages transférés sur articulateur et un montage directeur a été confectionné (fig. 2). Un examen cone beam a permis l'étude pré-implantaire avec le logiciel SimPlant®.
Après anesthésie locale, les dents restantes ont été extraites de la façon le plus atraumatique possible. Un lambeau muco-périosté a donné accès à la crête osseuse qui a été régularisée (fig. 3). Six implants In-Kone® Universal (Global D) ont été posés dans les sites 36, 34, 42, 43 et 46 et 1 implant a été posé dans le site d'extraction de 32. Les autres alvéoles ont été comblées avec du Bio-Oss® recouvert de PRF (platelet rich fibrin) (fig. 4). Les piliers prothétiques ont été mis en place immédiatement et le lambeau a été refermé.
L'originalité de la méthode consistait à utiliser les tissages de verre pré-imprégnés de résine pour assurer, dans un premier temps, la connexion rigide et remarquablement passive des transferts (Δ = 0,006 %) entre eux lors de l'empreinte, puis de réaliser une structure architecturée autoportante pour le bridge implanto-porté.
Des transferts métalliques ont été vissés sur les piliers (fig. 5). Un renfort verre-résine enroulé sous tension autour des transferts et polymérisé de proche en proche lui conférait une rigidité immédiate. Chaque transfert a été sécurisé par une boucle en tour mort avant de relier le pilier suivant. La longueur du renfort permettait de faire au moins 1 aller-retour d'enroulement sur l'arcade. Lorsque la totalité du renfort fibré a été installé par 3 allers-retours étagés en 3 niveaux décalés, quelques ajouts de résine fluide ont été effectués et la photopolymérisation a été complétée (fig. 6).
L'empreinte a été prise avec un silicone translucide dans un porte-empreinte ajouré.
Le silicone a d'abord été injecté sous les renforts, ce qui a permis d'enregistrer la zone muqueuse, puis dans le porte-empreinte pour venir coiffer l'ensemble (fig. 7).
Cette méthode a assuré à la fois un positionnement relatif précis des transferts et une bonne reproduction des parties muqueuses. À l'issue du temps de prise, l'empreinte a été désinsérée puis les analogues ont été connectés aux transferts.
L'empreinte a été moulée en plâtre dur. Le moulage a ensuite été transféré sur articulateur en relation centrée contre l'arcade maxillaire.
Une fois le montage directeur adapté sur ce moulage, des clés en silicone ont été confectionnées en vestibulaire et en lingual pour enregistrer le couloir prothétique (fig. 8 et 9).
Des tubes en titane ont été vissés sur les analogues et leur positionnement correct dans le couloir prothétique a été vérifié. Ces tubes, sablés à l'alumine pour augmenter leur rugosité, ont ensuite été enduits d'adhésif photopolymérisé (fig. 10 à 12).
La mise en place du renfort a débuté dans un secteur distal, comme pour l'empreinte (fig. 13). Une pince a clampé la première boucle pour permettre l'enroulement sous tension. Des flashs de lampe à photopolymériser ont pu rigidifier la structure de proche en proche. Il a bien sûr été nécessaire de conserver l'élément fibré à enrouler à l'abri de la lumière pour lui conserver toute sa souplesse. Un tour mort a été réalisé autour de chaque tube, arrivé à l'autre extrémité, l'enroulement a pu s'effectuer en retour de la même manière, 2 ou 3 rangées horizontales pouvant ainsi être réalisées en fonction de la hauteur disponible (fig. 14). Une fibre de plus petit diamètre a alors été tressée par enroulement vertical autour des renforts en place (fig. 15). Des ajouts de composite fluide ponctuels ont amélioré l'assemblage (fig. 16). La clé en silicone a été replacée sur le moulage pour vérifier le respect du couloir prothétique préalablement défini (fig. 17).
Le moulage a été placé dans une enceinte à polymériser pour un durcissement optimal.
Ce protocole a abouti à un treillis extrêmement rigide et passif (fig. 18 et 19). Les dents prothétiques ont pu ensuite être replacées dans la clé en silicone et ajustées en rapport avec cette structure. De la résine acrylique a été injectée dans le moule formé par les clés.
Après dégrossissage, polissage et contrôle de l'occlusion, le bridge a pu être placé en bouche (fig. 20 et 21).
Parfaitement adaptée à la mise en charge précoce, cette méthode présente plusieurs avantages :
– rapidité d'obtention de la structure rigide compatible avec la mise en charge précoce ;
– légèreté ;
– parfaite liaison chimique avec la résine acrylique prévenant le risque de décohésion des matériaux (comme cela est parfois le cas avec des poutres métalliques) ;
– coût réduit de la structure.
Remerciements : Prothèse réalisée par M. Colomas, laboratoire Dentin'R.
Gérard Duminil - Docteur en chirurgie dentaire,
Docteur en sciences odontologiques,
CES Prothèse fixe, parodontologie,
DU Occlusodontologie, implantologie
Exercice privé, 15 rue de France, 06000 Nice
Liens d'intérêts : l'auteur confirme n'avoir aucun lien d'intérêt concernant cet article.