Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 1 du 01/12/2014

 

Plan de traitement

Arnaud Soenen *   Julien Brousseaud **  


*Docteur en chirurgie dentaire
Ancien assistant hospitalo-universitaire
Sous-section 58–02 : Prothèses. Université de Bordeaux
**Ancien assistant hospitalo-universitaire
Ancien assistant hospitalo-universitaire
Sous-section 58–02 : Prothèses. Université de Bordeaux

Résumé

L'absence de calage postérieur est classiquement à l'origine d'une usure prématurée des dents antérieures, de descellements prothétiques, voire de fractures radiculaires du fait de l'application de forces antéro-postérieures nocives non contrôlées. La résolution d'un problème d'apparence simple passe par une thérapeutique longue et pluridisciplinaire visant à restaurer tout d'abord les secteurs postérieurs. L'objectif de cet article, au travers d'un cas clinique, est d'illustrer cette restauration du calage postérieur dans les réhabilitations prothétiques globales lorsque celui-ci est inexistant ou perturbé.

Summary

The absence of posterior wedging leads to premature wear of the anterior teeth, prosthetic loosening, even root fractures due to harmful uncontrolled anteroposterior forces. Solving this simply looking problem request a long and multidisciplinary treatment to first restore posterior sectors. The objective of this article through a case report is to illustrate the restoration of posterior wedging in global prosthetic rehabilitation when this one, is absent or disrupted.

Key words

Posterior wedging, treatment plan, transitional prosthesis, aesthetic, incisor customized table

Introduction

Le motif de consultation des patients est souvent lié à un problème précis, esthétique ou douloureux et, bien entendu, ils attendent une résolution rapide et fiable. La réalité clinique n'est pas toujours aussi simple car des étiologies ignorées par le patient peuvent être la cause des problèmes qui le préoccupent. Ainsi, l'absence de calage postérieur est classiquement à l'origine d'une usure prématurée des dents antérieures, de descellements prothétiques, voire de fractures radiculaires du fait de l'application de forces antéro-postérieures nocives non contrôlées.

Dans ce genre de situation, la résolution d'un problème d'apparence simple comme le descellement d'une couronne antérieure passe par une thérapeutique longue et pluridisciplinaire visant à restaurer tout d'abord les secteurs postérieurs avant de résoudre le problème esthétique à l'origine des doléances du patient. La description de l'état initial, l'exposition des problèmes existants et de leurs conséquences iatrogènes sont bien évidemment impératives pour obtenir l'adhésion et la coopération du patient. La parfaite maîtrise des étapes thérapeutiques de la part du praticien reste la condition sine qua non pour mener à bien de tels traitements.

Le cas clinique présenté illustre toute la démarche thérapeutique nécessaire à la résolution d'un problème esthétique et fonctionnel en l'absence de contacts molaires, de la restauration du calage postérieur au rétablissement de l'harmonie esthétique des dents antérieures.

Présentation du cas

Une patiente âgée de 62 ans, sans problèmes de santé d'ordre général, est venue nous consulter pour des descellements répétés d'une couronne sur l'incisive centrale maxillaire gauche (21). La patiente, lassée par les échecs successifs des re-scellements, souhaitait une solution prothétique pérenne conciliant esthétique et fonction.

État initial

Anamnèse

L'interrogatoire de la patiente et les renseignements recueillis par le questionnaire médical n'ont pas révélé de pathologie générale. L'historique buccodentaire était marqué par la perte des molaires mandibulaires depuis une dizaine d'années et des visites de contrôle annuelles, émaillées par la réalisation de soins ponctuels. Des propositions thérapeutiques ont été faites afin de rétablir les couples masticatoires postérieurs.

Examens cliniques

Exobuccal

Le visage était symétrique avec une égalité des étages. L'observation des trajectoires d'ouverture, de fermeture, de propulsion et de diduction n'avait montré aucune déviation en amplitude ni en trajectoire. Il n'existait pas de pathologie neuromusculaire ou neuro-articulaire associée. Le sourire était dentaire [1] avec une légère non-concordance des milieux interincisifs. Les restaurations prothétiques en place généraient néanmoins un trouble visuel lorsque la patiente souriait.

Endobuccal

L'hygiène buccodentaire s'avérait très moyenne. La gencive était œdématiée. Le Gingival Index et le Plaque Index étaient de 2, selon Löe et Silness [2] (fig. 1).

À l'arcade maxillaire :

– les 27 et 17 étaient porteuses de volumineuses restaurations à l'amalgame ;

– sur 17, 18, 27 et 28, on notait une égression marquée ;

– les 15 et 24 restaurées à l'amalgame révélaient une distoversion ;

– les 14, 11, 21 et 22 supportaient des couronnes céramométalliques débordantes et infiltrées ;

– les 13, 22 et 23 avaient été reconstituées par des composites infiltrés avec des reprises carieuses ;

– aucune mobilité dentaire n'avait été constatée ;

– les 16, 25 et 26 étaient absentes. Les espaces résiduels avaient été compensés par les migrations secondaires de 15, 17, 24 et 27.

À l'arcade mandibulaire :

– du tarte était présent au niveau du bloc incisivo-canin ;

– il n'existait pas de restauration conservatrice ni prothétique.

D'un point de vue occlusal, l'absence de molaires mandibulaires avait provoqué une disparition du calage postérieur avec une égression marquée des dents postérieures maxillaires [3,4] (fig. 2 et 3). En rétrusion et lors du passage de l'OIM à l'ORC, des prématurités étaient présentes, engendrées par l'égression des dents maxillaire. Le guidage antérieur était immédiat, avec une désocclusion spontanée des secteurs cuspidés. En diduction, on notait une fonction canine stricte, gauche et droite. D'un point de vue parodontal, le biotype était épais selon Seibert et Lindhe, et de type I d'après Maynard et Wilson.

Examens radiographiques

La radiographie panoramique a mis en évidence (fig. 4) :

– une atteinte parodontale horizontale maxillaire et mandibulaire ;

– sur 17, 14, 13, 11, 21 et 12, des traitements endodontiques incomplets ;

– sur 14, 11, 21 et 22, des ancrages radiculaires de type inlay-core coiffés par des couronnes ;

– sur 13, une restauration volumineuse infiltrée avec reprise carieuse ;

– une procidence sinusienne marquée secteurs 1 et 2.

Ces résultats ont été confirmés par la réalisation de clichés rétro-alvéolaires lors d'un status long cône. À ce stade, l'examen clinique était complété par la réalisation de deux jeux de moulage maxillaire et mandibulaire dont l'un était conservé d'un point de vue médico-légal.

Diagnostic

Le recueil des informations délivrées par l'anamnèse, les examens cliniques et les examens complémentaires mettaient en évidence un édentement mandibulaire de classe I avec une égression marquée des secteurs antagonistes pouvant être représenté de manière schématique (fig. 5). L'état buccodentaire de la patiente était marqué par de nombreuses restaurations prothétiques et de nombreux traitements endodontiques dans un contexte parodontal non stabilisé. Deux éléments ont été pris en compte :

– la motivation de la patiente ;

– le biotype parodontal plat et épais.

Objectifs du traitement

Les objectifs du traitement obéissaient à une double problématique esthétique et fonctionnelle [5] : d'une part, rétablir les fonctions altérées et restaurer un calage postérieur et, d'autre part, préserver les structures anatomiques résiduelles et rétablir l'harmonie dento-gingivo-labiale [6].

Problèmes posés

Compte tenu de la complexité de la situation clinique et des exigences esthétiques et occlusales de cette patiente, les choix thérapeutiques étaient limités.

Pour atteindre ces objectifs, le rétablissement du calage postérieur constituait un pré requis incontournable avant d'envisager toute solution thérapeutique. Des cires de diagnostic (céroplasties prospectives) et un montage directeur mandibulaire ont été élaborés [5]. Les modèles d'étude issus d'une empreinte conventionnelle ont été transférés sur articulateur à l'aide d'un arc facial. Trois cires de centrée ont confirmé les enregistrements en ORC. Ce montage possédait un double avantage :

– visualiser, de manière simple, les différentes solutions thérapeutiques ;

– convaincre la patiente de l'importance du rétablissement du calage postérieur (fig. 6 à 8).

Solutions thérapeutiques

Quelle que soit la solution thérapeutique proposée afin d'atteindre nos objectifs esthétiques et fonctionnels, les traitements endodontiques de 15, 12, 23 et 24 et les retraitements endodontiques de 14, 13, 11, 21 et 22 devaient être effectués. En raison de la perte de substrat dentaire, il s'avérait fondamental de choisir un mode de restauration avant d'envisager de coiffer ces dents de restaurations d'usage. Les dents 18 et 28 qui présentaient une atteinte parodontale terminale devaient être extraites.

Différentes solutions thérapeutiques ont été proposées pour rétablir le calage postérieur.

Solution n° 1 :

restauration du calage postérieur par prothèses implantoportées (fig. 9)

Au maxillaire

En raison de leur délabrement et de leur support parodontal réduit, il était possible d'envisager les extractions de 17 et 27.

Cette hypothèse avait pour avantage, d'un point de vue prothétique, de simplifier la réhabilitation postérieure en éliminant les intervalles résiduels de 16 et 25/26, les molaires maxillaires pouvant alors être remplacées par 5 implants en position de 16/17 et 25/26/27, supports de coiffes céramo-métalliques.

Des examens complémentaires (consultation d'un ORL, tomographie volumétrique numérisée) devront être pratiqués pour planifier la chirurgie implantaire. La patiente a été prévenue qu'un comblement sous-sinusien pourrait s'avérer nécessaire en raison de la résorption osseuse et de la procidence sinusienne.

À la mandibule

La pose d'implants en position 36–37 et 46–47 autorisait le rétablissement du calage postérieur.

Avantages :

– thérapeutique codifiée ;

– pérennité.

Inconvénients :

– complexité faisant appel à des techniques chirurgicales avancées ;

– durée du traitement ;

– maintenance occlusale stricte ;

– coût.

Solution n° 2 : restauration du calage postérieur par prothèses amovibles (fig. 10)

La réhabilitation du calage postérieur peut s'envisager par la pose de deux prothèses amovibles partielles à châssis métallique. Au maxillaire, la présence de restaurations fixées avec des fraisages intracoronaires et des attachements extracoronaires en 15 et 24 permettrait de s'affranchir de la présence de crochet. Cela imposait de solidariser les éléments prothétiques de 15 à 24 pour limiter les forces appliquées sur les dents supports d'attachements.

Avantages :

– thérapeutique codifiée ;

– rapidité

– pas de chirurgie.

Inconvénients :

– taux de survie des dents supports ;

– caractère amovible de la restauration.

Solution n° 3 : restaurations par prothèses fixées au maxillaire et prothèse implantoportée à la mandibule (fig. 11)

Dans un souci de conservation des organes dentaires, la réalisation de prothèses fixées au niveau de 15–17 et 24–27 s'avérait être une solution cohérente. Elles permettraient de corriger les égressions et d'assurer la contention parodontale. La mésialisation de 17 et 27 par la compensation de l'absence de 16 et 26 permettrait de reconstituer l'arcade mandibulaire en arcade réduite. La pose de deux implants supports de coiffes céramo-métalliques en 36 et 46 assurerait le calage.

Avantages :

– solution fixe ;

– pas de chirurgie avancée ;

– coût.

Inconvénient : maintenance parodontale stricte des secteurs postérieurs maxillaires.

Décision thérapeutique

Les différentes solutions thérapeutiques ainsi que le rapport bénéfice/risque ont été présentés à la patiente. Elle a pu choisir en toute connaissance la solution thérapeutique la mieux adaptée à sa situation clinique [5]. Son choix s'est porté sur la solution no 3 :

– une réhabilitation conservatrice fixe dentoportée au niveau du maxillaire ;

– une réhabilitation implantoportée en arcade mandibulaire réduite.

Plan de traitement

Phases préprothétiques

Les objectifs de ces phases préprothétiques sont d'assurer les points suivants.

Assainissement parodontal

Une sensibilisation au contrôle de plaque et un (ré) apprentissage des manœuvres d'hygiène buccodentaires ont été pratiqués, suivis par deux séances de détartrage et surfaçage radiculaire pour compléter la thérapeutique initiale et tester l'observance de la patiente. Cette étape primordiale a permis d'aborder sereinement les phases prothétiques.

Dépose des prothèses existantes

La dépose des couronnes et tenons existants au niveau de 14–11–21 et 22 et leur remplacement par des couronnes transitoires obtenues par isomoulage [7,8] ont permis de soulager le parodonte du caractère pathogène des prothèses existantes et de faciliter l'accès endodontique ultérieur.

Traitement et reprise de traitement endodontique

Les retraitements endodontiques de 17–14–13–11–21–22 ont été réalisés dans une première phase, puis les traitements endodontiques de 15–12–23–24–27 ont été exécutés dans une même séance clinique.

Réalisation du bridge transitoire de 15 à 24 [7,8]

Un bridge transitoire non armé a été confectionné au laboratoire, à partir d'un isomoulage du wax-up. Des consignes particulières ont été données au prothésiste de laboratoire :

– les dents de 15 à 24 seront préparées a minima avec une faible dépouille, pour faciliter le repositionnement en bouche et le rebasage ;

– un léger surcontour cervical devra être prévu, pour autoriser un réglage du profil d'émergence par soustraction et non par adjonction de résine de rebasage ;

– la pente incisive initiale sera strictement conservée ;

– une clef de repositionnement confectionnée en silicone dur (75–95 Shore) s'appuiera sur les dents 17/18 et 27/28 non préparées et sur les antagonistes mandibulaires.

L'ensemble des préparations des dents du maxillaire à l'exception de 17–18 et 27–28 a été exécuté en une seule séance clinique (fig. 12). Le bridge transitoire a été repositionné grâce à la clef en silicone et rebasé in situ. Cette technique, garante d'un positionnement tridimensionnel identique à celui confectionné sur articulateur (fig. 13 à 15), permet de conserver la dimension verticale et la valeur des courbes fonctionnelles.

Extractions de 18 et 28

Le but de la conservation des 18 et 28 était de faciliter le positionnement du bridge transitoire (calage de la clef en silicone). L'objectif atteint, elles ont pu être extraites avec une technique atraumatique sous anesthésie locale. Les avulsions ont été complétées par un surfaçage minutieux des faces distales de 17 et 27.

Réalisation des RCR

La prise d'empreinte des préparations coronoradiculaires a été réalisée en double mélange injecté sans tuteur (fig. 16). Au retour du laboratoire, les inlay-cores anatomiques ont été scellés à l'aide d'un ciment verre ionomère modifié par adjonction de résine (CVIMAR) (fig. 18) Le bridge transitoire a alors été rebasé, le continuum endoprothétique étant ainsi assuré (fig. 19).

Phases prothétiques

Réhabilitation du calage postérieur

Compte tenu du délai d'ostéo-intégration, la chirurgie implantaire a été réalisée directement après l'assainissement parodontal. Ce laps de temps a été mis à profit pour réaliser les différentes phases préprothétiques.

La pose des implants 36 et 46 (Astra Tech Implant System™) a été conduite de manière conventionnelle, après exécution des examens complémentaires usuels (tomographie volumétrique numérisée).

Au maxillaire, 17 et 27 ont reçu des RCR de type inlay-core et des coiffes transitoires issues du wax up (fig. 20). La fidélité au wax-up initial a permis de conserver les courbes fonctionnelles pré établies et de respecter l'espace prothétique mandibulaire en l'absence des restaurations coronaires supra-implantaires antagonistes (fig. 21).

À ce stade, les couronnes supra-implantaires mandibulaires ont été élaborées par une technique d'empreinte directe (pick-up). Les antagonistes dans leur forme de prothèses transitoires sont le reflet du wax-up initial. Cette approche permet d'élaborer des morphologies prothétiques fidèles au montage directeur, sans risque de perte d'information.

Les piliers anatomiques transvissés (Atlantis™) (fig. 22) ont été mis en place à l'aide d'une clef de repositionnement en Duralay® et les coiffes céramo-métalliques scellées au ciment polycarboxylate (fig. 23 et 24).

La segmentation du bridge transitoire antérieur, en distal de 13 et de 23 (fig. 25), a facilité la réalisation prothétique d'usage des secteurs postérieurs. Compte tenu des versions des dents 15–17, 24–27 et des espaces mésio-distaux disponibles, la décision a été prise de solidariser 15 et 17 et de réaliser un bridge 3 dents de 24 à 27.

Les armatures ont été essayées simultanément (fig. 26) et un ré-enregistrement des rapports maxillo-mandibulaires (RMM) a été pratiqué. La stratification de la céramique a été conçue au laboratoire et les restaurations d'usage ont été scellées avec un ciment auto-adhésif (fig. 27).

Réhabilitation du guidage antérieur

À ce stade, le calage postérieur était assuré par les prothèses d'usage maxillaire et mandibulaire. La reconstruction du secteur antérieur pouvait alors être envisagée avec deux objectifs distincts mais complémentaires :

– la composante esthétique résidera dans la reproduction des prothèses transitoires, elles-mêmes issues du wax-up ;

– la composante occlusale impliquera le transfert et la conservation au laboratoire des données occlusales (pente incisive, propulsion, latéralité) obtenues lors du rodage des prothèses transitoires.

En cours de traitement, la phase de réévaluation a mis en évidence une 22 symptomatique. Compte tenu de l'absence de cerclage et de l'échec de reprise du traitement endodontique, la décision d'extraction a été prise avec pour conséquence de réaliser un bridge 21–23 en lieu et place de trois couronnes unitaires. Cette intervention n'a pas modifié le déroulement du plan de traitement.

L'extraction, pratiquée de façon atraumatique, a été associée à un comblement osseux et à la mise en place d'une membrane résorbable. Le bridge transitoire a été modifié par adjonction de résine au niveau de l'intrados de 22 (ovate pontic), afin d'exercer une légère pression sur les tissus gingivaux et de réaliser un véritable berceau pour le futur intermédiaire de bridge [9]. L'ensemble de ces techniques avait pour objectif de veiller au maintien de l'alignement des collets [10] (fig. 28).

Une phase de cicatrisation de 2 mois a été nécessaire pour favoriser la maturation et la stabilisation des tissus. À l'issue de cette phase, des empreintes à l'alginate des arcades maxillaire et mandibulaire ont été prises pour fournir au laboratoire les éléments esthétiques et occlusaux. Les moulages ont été transférés sur articulateur à l'aide d'un arc facial. Une table incisive personnalisée (TIP) en résine Duralay® a permis d'objectiver l'enveloppe des mouvements en propulsion et diduction. Cette étape clef était primordiale car elle permettait de conserver les éléments occlusaux du bridge transitoire rodé par la fonction de la patiente [11].

Après réalisation des manœuvres d'accès aux limites cervicales, l'empreinte en double mélange de silicone a été effectuée de manière classique. Elle a permis la réalisation au laboratoire des armatures des coiffes céramo-métalliques. Celles-ci ont été essayées et validées en bouche. Une deuxième empreinte sans manœuvres d'accès a alors été réalisée pour resituer les armatures dans un environnement gingival non défléchi. Après la stratification de la céramique, la TIP a permis au prothésiste de reproduire les morphologies linguales conformément à celles du bridge transitoire [12]. Un ultime essayage du biscuit (fig. 29) a validé les formes et couleurs des prothèses. Celles-ci ont été scellées à l'aide d'un ciment de scellement auto-adhésif (RelyX Unicem™) (fig. 30 et 31).

Maintenance

Le rôle de la maintenance dans les réhabilitations de grande étendue demeure primordial [5]. Des visites régulières trimestrielles autorisent les contrôles parodontaux, implantaires et endodontiques. Dans ce cas précis, la patiente a été vivement sensibilisée à l'importance du contrôle quotidien de la plaque et des manœuvres d'hygiène qui l'accompagnent, en particulier dans les secteurs postérieurs. Des contrôles radiologiques des implants ont été mis en place de façon trimestrielle la première année puis annuelle.

Conclusion

La restauration du calage postérieur demeure une priorité dans la gestion des réhabilitations prothétiques globales.

La trilogie « centrage, calage, guidage » de Orthlieb [3,4, 6] est omniprésente, de la réalisation des cires de diagnostic jusqu'à la mise en place des prothèses d'usage. Elle est le fil conducteur qui permettra de maintenir une fonction durable et des reconstitutions prothétiques pérennes.

Liens d'intérêts

Les auteurs confirment n'avoir aucun lien d'intérêt concernant cet article.

Bibliographie

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