Les cahiers de prothèse n° 1 du 01/09/2014

 

Synthèse

À RETENIR :

Les récessions vestibulaires des tissus mous autour des implants posent souvent des problèmes esthétiques importants, notamment dans le secteur antérieur maxillaire, sans compromettre pour autant le résultat fonctionnel. Peu de données existent dans la littérature pour indiquer le traitement de choix. Dans certaines situations cliniques, une technique chirurgicale pour recouvrir la récession est indiquée. Cette étude pilote prospective a pour...


À RETENIR :

Les récessions vestibulaires des tissus mous autour des implants posent souvent des problèmes esthétiques importants, notamment dans le secteur antérieur maxillaire, sans compromettre pour autant le résultat fonctionnel. Peu de données existent dans la littérature pour indiquer le traitement de choix. Dans certaines situations cliniques, une technique chirurgicale pour recouvrir la récession est indiquée. Cette étude pilote prospective a pour but d'évaluer une technique de greffe conjonctive enfouie avec prélèvement dans la zone tubérositaire maxillaire pour recouvrir des récessions autour d'implants Straumann unitaires posés au maxillaire. Seize patients ont été inclus dans l'étude. Toutes les chirurgies ont été réalisées par le même chirurgien. Les critères de réalisation et d'évaluation sont bien décrits. Au bout de 1 an, les auteurs observent un recouvrement complet sur 9 des 16 cas traités (56 %), une réduction statistiquement significative des récessions de 2 à 0,3 mm et une amélioration significative de l'aspect esthétique (indice de 3,6 à 8,5). D'autres études sont nécessaires pour comparer cette technique avec une autre approche chirurgicale et définir le traitement de choix des récessions péri-implantaires.

Pourquoi ?

Depuis de nombreuses années, c'est un fait établi que les implants permettent de remplacer de manière fiable les dents absentes ou condamnées. À l'origine, la principale préoccupation était d'ordre fonctionnel. Depuis, les demandes esthétiques ont augmenté, notamment pour les secteurs antérieurs avec des lignes de sourire hautes. La présence de la couleur grise du titane de l'implant au travers des tissus mous peut être un problème majeur, notamment dans les cas de récession. La prévalence de cette situation n'est pas bien définie, mais Oates et al. (2002) observent 61 % de récessions supérieures à 1 mm au bout de 2 ans (pour 106 implants). Le risque est accru en cas de mise en place immédiate après extraction (Cordaro, 2009). Les conférences de consensus du 6e European Workshop on Periodontology en 2008 et de l'EAO en 2009 indiquent, malgré l'absence de preuve scientifique, que dans certaines situations cliniques, le recours à une technique d'augmentation de volume des tissus mous est indiqué. En 2012, Esposito, dans une revue de synthèse pour le groupe Cochrane, n'a pas trouvé d'étude clinique acceptable pour recommander une technique chirurgicale. Il préconise d'en réaliser après avoir validé une technique par une série de cas. L'objectif de cette étude est d'évaluer si une greffe conjonctive avec un greffon prélevé sur la tubérosité maxillaire est un moyen efficace de traitement esthétique des déhiscences des implants unitaires maxillaires.

Comment ?

Entre juin 2007 et décembre 2010, 16 patients consécutifs présentaient des récessions autour d'implants Straumann avec col lisse de 1,8 ou 2,8 mm posés les années précédentes. Les prothèses implantaires étaient scellées et tous les patients étaient inclus dans des protocoles de maintenance. Les critères d'inclusion sont décrits (récession vestibulaire sans lésion osseuse proximale ou perte de papille). Le bilan initial comportait pour chaque patient un examen clinique et radiographique avec indice de plaque et indice de saignement au sondage. La récession a été mesurée juste avant l'intervention et 12 mois plus tard. L'aspect esthétique a été quantifié par une échelle visuelle analogique par 3 cliniciens indépendants. Toutes les interventions ont été réalisées par un praticien (MR). Un prélèvement tubérositaire a été effectué, désépithélialisé et découpé en forme de U pour s'adapter parfaitement à la récession du site receveur. Le greffon conjonctif a été immobilisé et recouvert par le lambeau de façon classique sans tension ni incision de décharge. La procédure est bien décrite et les soins associés aussi.

Une analyse statistique des données obtenues a été réalisée.

Et alors ?

Aucune complication n'est intervenue pendant la cicatrisation, aucun patient n'a été perdu de vue et aucun implant n'a été perdu pendant le suivi de l'étude. Pour les 16 implants, la récession a diminué significativement, en moyenne de 2,0 ± 0,7 à 0,3 ± 0,3 mm (p = 0,000 4). Un recouvrement complet a été observé pour 9 des 16 cas (56,3 %). La profondeur de poche mesurée a été significativement augmentée de 2,7 à 3,1 mm au bout de 1 an (p = 0,0004). Les aspects esthétiques ont été significativement améliorés – les scores sont passés de 3,6 (minimum : 2, maximum : 5) à 8,5 (minimum : 6, maximum : 10).

Les recouvrements obtenus sont meilleurs que ceux de Burkhardt et al.(2008) mais moins bons que ceux de Zucchelli et al. (2012) (75 % de recouvrement). D'autres études seront nécessaires pour confirmer ces résultats sur un autre type d'implant ou pour établir une comparaison avec une autre technique chirurgicale.