synthèses
Les avancées dans le traitement des cancers oraux ont permis d’améliorer la survie des patients mais ont aussi, parallèlement, augmenté la morbidité et modifié leur qualité de vie (QdV). Après une chirurgie résectrice, la principale difficulté du traitement est de restaurer une fonction orale satisfaisante. Les implants dentaires sont devenus le moyen non seulement de remplacer les dents absentes mais aussi de compenser les pertes de substances y compris...
Les avancées dans le traitement des cancers oraux ont permis d’améliorer la survie des patients mais ont aussi, parallèlement, augmenté la morbidité et modifié leur qualité de vie (QdV). Après une chirurgie résectrice, la principale difficulté du traitement est de restaurer une fonction orale satisfaisante. Les implants dentaires sont devenus le moyen non seulement de remplacer les dents absentes mais aussi de compenser les pertes de substances y compris extra-orales. Les prothèses implanto-portées améliorent de façon considérable la QdV des patients en termes de fonction et d’esthétique. L’exposition aux rayonnements ionisants de la radiothérapie associée à la chirurgie entraîne une fibrose progressive des vaisseaux et des tissus mous, une xérostomie, des caries radiculaires et une moindre capacité de cicatrisation avec risque d’ostéoradionécrose. Les conséquences de la pose d’implants dans des sites irradiés ou devant l’être sont controversées. Le but de cette revue de synthèse est de déterminer le taux de survie des implants placés chez des patients traités pour un cancer oral et irradiés. L’influence des facteurs suivants a été recherchée : moment de la radiothérapie (avant ou après implants), site de la pose de l’implant, dose d’irradiation, délai entre irradiation et pose de l’implant et effet du traitement par oxygène hyperbare (HBO).
Une revue de synthèse a été réalisée sur les études publiées en anglais entre 1990 et juin 2012 au sujet de la survie des implants utilisés chez des patients irradiés. Les bases de données consultées ont été Medline, Scirus et Google Scholar. Les articles retenus étaient des essais cliniques, des études de cohortes et des cas cliniques dans lesquels les informations sur le traitement réalisé, la dose de radiation, le nombre d’implants, leur emplacement et l’utilisation éventuelle d’HBO étaient disponibles. Le processus de sélection des articles par deux relecteurs indépendants est décrit ainsi que les critères de survie des implants inclus dans l’étude.
Sur un total de 381 articles potentiels issus de la recherche informatique (PubMed : 198, Google : 117 et Scirus : 66), seuls 116 ont été lus en entier et 36 ont été finalement retenus pour cette revue de synthèse. En tout, 34 études rapportent les taux de survie des 3 775 implants placés après radiothérapie chez 944 patients. Le taux de survie moyen est de 88,9 % et varie de 46,3 à 100 % selon les études pour des durées de suivi de 1 à 14 ans. Six études concernent les 320 implants posés avant irradiation chez 86 patients. Le taux de survie moyen est de 92,2 %. Les implants ont majoritairement été placés dans la mandibule avec des taux de survie de 93,3 % (2 166/2 322), significativement meilleurs que ceux observés au maxillaire (78,9 %, 407/516). Il y a 366 implants posés dans une greffe vascularisée (fibula) après irradiation (taux de survie : 89,3 %) et 17 avant irradiation (taux de survie : 100 %). Ils présentent un meilleur taux de survie que ceux placés dans une greffe osseuse non vascularisée (81,7 %, 94/115). Les taux de survie sont significativement meilleurs pour des doses d’irradiation inférieures à 55 Gy. Le délai entre l’irradiation et la mise en place des implants n’est pas un facteur influençant leur taux de survie. L’utilisation d’oxygène hyperbare non plus.
Le traitement d’un cancer de la cavité orale est souvent mutilant par la chirurgie nécessaire. Les implants dentaires sont des éléments indispensables à la restauration d’une fonction et d’un aspect esthétique qui améliorent la qualité de vie des patients. L’association de radiothérapie pour améliorer les résultats a pour inconvénient de provoquer la fibrose des vaisseaux et des tissus mous et de réduire la capacité de cicatrisation pouvant conduire à des ostéoradionécroses des maxillaires. Le but de cette revue de synthèse est d’évaluer le taux de survie des implants chez des patients traités pour un cancer oral par radiothérapie en fonction des divers paramètres : moment de l’irradiation, dose, localisation de l’implant, oxygénothérapie hyperbare associée. Une recherche informatique a permis de retenir 38 articles pertinents qui représentent 4 095 implants pour 1 030 patients afin de réaliser cette revue de synthèse.
Le moment de la radiothérapie (avant ou après la pose des implants) est sans influence sur le taux de survie des implants. Celui-ci est meilleur pour les implants placés à la mandibule plutôt qu’au maxillaire ou dans un site greffé. Les taux de survie sont meilleurs dans un site greffé vascularisé (fibula) que dans un greffon non vascularisé. Les doses en dessous de 55 Gy n’ont pas d’influence sur le taux de survie, pas plus que le délai entre irradiation et pose d’implant ou l’utilisation d’oxygène hyperbare.