Les cahiers de prothèse n° 162 du 01/06/2013

 

bibliographie

Franck Forestier  

C’est une évidence pour chacun que la dentisterie moderne est entrée dans le XXIe siècle. Pour s’en convaincre, il suffit de voir nos cabinets « envahis » ces dernières années par l’électronique de nos fauteuils et units associés, par l’informatique, que cela soit pour la gestion de nos fichiers patients, pour l’imagerie ou pour l’étude et la pose d’implants.

De même, les matériaux de reconstitution ne cessent d’aller vers la recherche de niveau...


C’est une évidence pour chacun que la dentisterie moderne est entrée dans le XXIe siècle. Pour s’en convaincre, il suffit de voir nos cabinets « envahis » ces dernières années par l’électronique de nos fauteuils et units associés, par l’informatique, que cela soit pour la gestion de nos fichiers patients, pour l’imagerie ou pour l’étude et la pose d’implants.

De même, les matériaux de reconstitution ne cessent d’aller vers la recherche de niveau d’excellence tant pour leurs qualités physico-chimiques que pour leurs qualités esthétiques.

Alors comment expliquer que, malgré tous ces bouleversements et toutes les avancées, la réputation des chirurgiens-dentistes reste encore trop souvent associée à « l’arracheur de dents » ? Comment pouvons-nous accepter qu’un pourcentage non négligeable de patients renoncent aux soins bucco-dentaires ou adoptent des attitudes d’évitement pour le suivi de leur bouche parce que la référence populaire reste ce barbier itinérant des marchés et foires du Moyen Âge ?

Dans leur ouvrage, les docteurs Philippart et Roche ne tentent pas d’apporter une réponse à ces questions. En revanche, ils exposent la solution que tous les praticiens en exercice en ville peuvent à présent utiliser, à certaines conditions.

Ce livre très pédagogique et richement iconographié s’adresse presque exclusivement aux praticiens diplômés avant les années 2000 puisque le cursus universitaire intègre maintenant dans la formation initiale la technique dite du MEOPA (mélange équimolaire en oxygène et protoxyde d’azote).

Cette technique de sédation consciente qui traite l’aspect anxiété des soins accompagne les anesthésies loco-régioniales qui, elles, continuent de traiter l’aspect douleurs de nos actes.

La formation requise, les tests d’anxiété, le matériel et le déroulement d’une séance de soins dentaires associés à cette sédation sont clairement décrits. Cela permet de rendre cette technique abordable et attractive, et elle devrait se répandre rapidement vu les avantages qu’elle procure. D’autant que les auteurs ne la présentent pas comme une finalité en soi puisqu’ils exposent aussi la méthode de titration, méthode qui possède l’intérêt de faire varier le dosage du protoxyde d’azote inhalé par le patient, à sa demande.

Ainsi, sur le long cours, il est possible de diminuer la concentration de gaz administré, permettant alors au patient de prendre confiance et, à terme, de pouvoir se passer de cette sédation consciente.

Nous ne pouvons qu’espérer que cette technique se répande effectivement dans les cabinets dentaires et permette de faire oublier l’image d’Épinal du patient se faisant « arracher » une dent sur l’estrade d’un commerçant itinérant au milieu d’une foule massée sur la place du village !