éditorial
rédacteur en chef
L’analyse des profils des participants à l’enseignement post-universitaire et des abonnés aux revues professionnelles fait ressortir une très faible implication des praticiens diplômés depuis moins de 10 ans. Ce phénomène n’est pas nouveau : il s’explique par le besoin de souffler après 6 ans de pressions et de stress pour obtenir le diplôme. Cependant, si l’on considère le seul désintérêt pour la lecture de revues ou d’ouvrages odontologiques, on peut penser que...
L’analyse des profils des participants à l’enseignement post-universitaire et des abonnés aux revues professionnelles fait ressortir une très faible implication des praticiens diplômés depuis moins de 10 ans. Ce phénomène n’est pas nouveau : il s’explique par le besoin de souffler après 6 ans de pressions et de stress pour obtenir le diplôme. Cependant, si l’on considère le seul désintérêt pour la lecture de revues ou d’ouvrages odontologiques, on peut penser que certains comportements pourraient évoluer.
Les réformes des programmes se sont succédé durant des décennies sans la moindre efficacité et sans jamais prendre en compte les principes élémentaires de pédagogie et les exigences d’une formation initiale. Les étudiants sont accueillis vers 18 ans, en post-adolescence, et quittent le cursus en adultes. C’est durant cette période de 6 ans qu’ils se construisent, se structurent pour aborder la vie professionnelle. Or, jusqu’à leur premier contact avec des patients, ils doivent se comporter comme des éponges pour absorber des notions théoriques distribuées dans un ordre calendaire sans aucune logique pédagogique. La réussite aux examens dépend alors des capacités à apprendre « par cœur » des centaines de pages de « polycopiés » ; les travaux pratiques contribuant, eux, à développer des techniques gestuelles.
« Les étudiants ne peuvent pas entrer en clinique s’ils ne connaissent pas les bases fondamentales… » : ce principe énoncé comme un leitmotiv n’est pas recevable car, pour cette pratique, l’étudiant n’est pas autonome. Il est encadré systématiquement par un clinicien qui fait partager son expérience, aiguise sa curiosité et lui donne envie de comprendre les raisons de l’apparition de tels ou tels symptômes ou le choix de la meilleure décision thérapeutique. C’est à ce moment que les notions de base sont retenues car elles répondent à un besoin, principe élémentaire pour l’optimisation d’un message pédagogique. Des centaines d’heures de cours sont dispensées dans les années précliniques, pour se donner bonne conscience, mais il ne reste pas grand chose une fois l’épreuve d’examen passée. Or, dans la période actuelle, avec les restrictions de tous ordres, notamment de postes d’enseignants, il semble qu’une recherche de la plus grande efficacité possible des méthodes de formation s’impose justement avec des apports de connaissances diffusés au bon moment.
C’est pour répondre à cet objectif que le rôle des revues et publications scientifiques devrait devenir prépondérant mais seulement dans la mesure où les formateurs montrent très tôt aux étudiants les bienfaits qu’ils peuvent en tirer et la meilleure façon de les consulter. La diffusion à l’issue d’un cours de quelques lectures conseillées est insuffisante : il est indispensable de détailler le contenu d’un article, d’un chapitre d’un ouvrage et de montrer pourquoi il constitue un complément indispensable.
Si cette façon de procéder devenait une habitude, voire un plaisir, il pourrait se transformer en besoin.
Si cette orientation se dessinait, subsisterait le choix du mode de consultation. La montée en puissance de l’ordinateur et d’internet, désormais entrés dans le quotidien de l’étudiant puis du praticien, pourrait laisser croire que c’en est fini de l’édition papier. Or, s’il est exact que les informations médicales numériques peuvent se trouver facilement, leurs qualités ne sont pas garanties comme le sont celles diffusées par les revues à comité scientifique. Actuellement, contrairement aux souhaits formulés ci-dessus, dans la majorité des cas, les étudiants ne sont pas motivés et formés à la recherche de documents scientifiques et cliniques pour leurs formations initiales et post-universitaires. Ils picorent dans « Google », échappant difficilement ou succombant à un grand nombre de tentations qui font diversion. L’absence de moteur de recherche centralisée francophone ne facilite pas l’opération…
Nous sommes pourtant persuadés que l’édition papier va continuer à se développer, pour encore quelques années, mais à condition de considérer l’objectif qualité comme une exigence.
Cela ne serait pas un problème dans l’avenir de changer de media en s’inspirant des éditions musicales et proposer aux lecteurs de télécharger un ou plusieurs articles, ou encore la totalité du sommaire d’une revue. Tout dépendra de la motivation des lecteurs et des éditeurs pour adhérer à ce nouveau défi.