Les cahiers de prothèse n° 160 du 01/12/2012

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les stratégies et politiques de santé publique doivent se baser sur des preuves fortes des effets bénéfiques des interventions. La qualité et l’efficacité des interventions sont souvent évaluées par leur impact sur l’amélioration de la qualité de vie. Depuis les recommandations de consensus de McGill (2002) et de York (2009), la prothèse supra implantaire (PSI) sur 2 implants est préconisée pour le traitement des édentements mandibulaires. Néanmoins,...


Pourquoi ?

Les stratégies et politiques de santé publique doivent se baser sur des preuves fortes des effets bénéfiques des interventions. La qualité et l’efficacité des interventions sont souvent évaluées par leur impact sur l’amélioration de la qualité de vie. Depuis les recommandations de consensus de McGill (2002) et de York (2009), la prothèse supra implantaire (PSI) sur 2 implants est préconisée pour le traitement des édentements mandibulaires. Néanmoins, l’importance de l’effet de ce traitement en terme de qualité de vie et sa stabilité dans le temps, comparé à un traitement par prothèse complète traditionnelle (PAC) restent à préciser. Une étude clinique randomisée sur une cohorte de patients âgés totalement édentés, traités soit par PSI soit par PAC, a été réalisée pour déterminer comment évoluent les indices de qualité de vie dans le temps et comment ­évoluent les différences de qualité de vie entre les 2 traitements dans le temps.

Comment ?

Une étude clinique randomisée plus ancienne avait pour objectif de déterminer l’effet d’un traitement par PSI sur l’état nutritionnel, l’alimentation et la santé générale d’une population de patients âgés complètement édentés (Perri et coll 2006). Cette étude réalisée dans les universités de Montréal et de McGill a inclus des patients de la première étude qui ont accepté de participer. Les données initiales recueillies lors de la première étude ont été considérées comme les données de base pour cette étude. Les données ont ensuite été recueillies à 1 an et 2 ans après la délivrance de nouvelles prothèses. La qualité de vie a été évaluée à l’aide du Oral Health Impact Profile (OHIP-20) qui comporte un questionnaire à 20 questions qui couvrent sept domaines : limitation fonctionnelle, douleur physique, inconfort psychologique, invalidité physique, psychologique ou sociale, handicap. Le score OHIP va de 20 à 120. Le score le plus bas indique la meilleure qualité de vie. Les analyses statistiques sont menées en amont de l’étude (détermination du nombre de patients à inclure pour avoir une puissance suffisante des résultats) et après recueil des données.

Et alors ?

Un total de 172 patients d’âge moyen 72 ans a accepté de participer à cette étude longitudinale. Un total de 153 patients a participé à la seconde année de l’étude soit un taux d’abandon de 11 %. Les scores OHIP pour ces patients perdus de vue étaient significativement plus élevés. Les taux d’abandon étaient plus élevés chez les célibataires, les divorcés, les veufs et ceux qui vivaient seuls.

Il n’y avait de différences entre les 2 groupes de traitement sur les critères socio-économiques ou sur les scores OHIP au début de l’étude.

La qualité de vie augmente de façon significative pour tous les critères entre le début de l’étude et la première année et la seconde année pour les deux groupes. Il n’y a pas de différence significative entre l’an 1 et l’an 2. À chaque rendez-vous de contrôle, les scores OHIP étaient significativement meilleurs dans le groupe PSI.

À RETENIR :

Le traitement du patient totalement édenté à la mandibule par une prothèse supra implantaire (PSI) sur deux implants est la solution préconisée par les diverses conférences de consensus. L’évaluation de l’amélioration de la qualité de vie liée à la santé orale est un élément important pour valider l’intérêt d’une pratique professionnelle. Cette étude longitudinale sur une cohorte de patients traités de façon randomisée soit par PSI soit par prothèse amovible complète (PAC) dans 2 universités de Montréal évalue les modifications des indices de qualité de vie des patients dans les 2 groupes. Au total, 172 patients ont été inclus dans l’étude et 153 ont participé au contrôle à 2 ans.

La conclusion de cette étude est que la PSI maintien une qualité de vie meilleure sur le long terme que la PAC classique. L’importance des effets bénéfiques de ce traitement conforte son intérêt clinique.

Cette étude montre que la qualité de vie est améliorée avec la pose d’une PAC ou d’une PSI sur 2 implants et que les effets du traitement sont stables dans le temps. L’amélioration est cependant plus importante avec la PSI.