Les cahiers de prothèse n° 158 du 01/06/2012

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les implants sont utilisés de manière fiable depuis plus de 30 ans pour compenser des édentements. Les taux de survie élevés observés incitent parfois à extraire des dents pour les remplacer « préventivement » par des implants. Ces taux de survie flatteurs masquent néanmoins des taux de complications biologiques et techniques non négligeables en pratique clinique. De plus, ces taux de survie sont plus faibles pour les patients atteints de parodontopathies....


Pourquoi ?

Les implants sont utilisés de manière fiable depuis plus de 30 ans pour compenser des édentements. Les taux de survie élevés observés incitent parfois à extraire des dents pour les remplacer « préventivement » par des implants. Ces taux de survie flatteurs masquent néanmoins des taux de complications biologiques et techniques non négligeables en pratique clinique. De plus, ces taux de survie sont plus faibles pour les patients atteints de parodontopathies. Cette étude prospective sur une série de patients d’un cabinet privé a pour objectif de comparer le devenir d’implants posés chez des patients à parodonte sain ou avec des atteintes parodontales modérées ou sévères. Les taux de survie (96,6 % pour parodonte sain et 90 % pour parodontite sévère) et les niveaux de pertes osseuses ont été rapportés dans la première partie de l’étude. Dans cette étude sont rapportés les résultats des mesures de profondeurs de poches péri-implantaires, d’indice de plaque et de saignement autour des implants et de nombre de dents perdues sur la durée de l’étude.

Comment ?

Les patients qui ont consulté le Dr Roccuzzo entre le 16 mai 1996 et le 15 mai 1998 ont été inclus dans l’étude s’ils remplissaient les critères donnés dans l’article. En fonction de l’examen clinique et radiologique initial, ils ont été répartis en 3 groupes (parodonte sain, parodontite modérée et parodontite sévère). Pour chaque patient, une thérapeutique parodontale initiale individualisée a été réalisée afin de diminuer l’inflammation, les indices de plaque et de saignement. Des implants TPS Straumann (vis pleines, vis creuses et cylindres creux) ont été mis en place selon les instructions du fabricants. Les piliers ont été vissés 3 à 6 mois plus tard et les prothèses scellées sur ces piliers. Une thérapeutique de soutien a été mise en place et adaptée au diagnostic parodontal initial du patient. Au terme des 10 ans, deux examinateurs indépendants ont mesuré les différents paramètres : perte implantaire, indice de plaque et de saignement autour des dents et des implants, perte de dents. Les données ont été traitées de façon statistique.

Et alors ?

Un total de 112 patients (264 implants) a été inclus dans cette étude. Il y avait 32 patients avec un parodonte sain (S), 42 patients avec une parodontite modérée (PM) et 38 avec une parodontite sévère (PS). Il n’y avait pas différence entre les groupes pour les critères âge, sexe, type et nombre d’implant, tabac. Lors de la thérapeutique initiale, 280 dents ont été extraites (11,6 % du total) avec un nombre statistiquement plus élevé dans le groupe PS. Lors de l’examen final, il y avait 101 patients (28 S, 37 PM et 36 PS). Tous les patients ont présenté des complications biologiques. Les indices de plaque autour des implants étaient statistiquement plus élevés dans le groupe PS par rapport au groupe S. Même constatation pour le saignement au sondage. Une antibiothérapie ou un traitement chirurgical des péri-implantites a été nécessaire pour 10,7 % des patients S, 27 % des patients PM et 47,2 % des patients PS (différence significative entre S et PS (p = 0,002)). Les profondeurs de poches autour des implants étaient aussi de façon significative, statistiquement plus élevées dans les groupes PM et PS. Sur les 101 patients, 22 n’ont pas suivi la thérapeutique de soutien post-traitement. Cela n’avait pas d’effet sur aucun des paramètres étudiés pour le groupe S, par contre pour les groupes PM et PS, les paramètres étudiés (plaque, saignement, sondage) sont plus mauvais dans le groupe sans maintenance. Cela indique que les patients avec des antécédents de maladie parodontale sont plus susceptibles de développer des péri-implantites et nécessitent un suivi plus important.

À RETENIR :

L’utilisation des implants pour remplacer des dents absentes est devenue une procédure classique, y compris pour des patients atteints de maladie parodontale. Dans la première partie de cette étude, les auteurs rapportent des taux de survie de 96,6 % pour les patients avec des parodontes sains et de 90 % pour les patients atteints de parodontites sévères. L’absence de thérapeutique de soutien est associée à de plus grandes pertes osseuse et implantaire. Cette étude a pour objectif de comparer de façon prospective le devenir d’implants posés chez des patients à parodonte sain et des patients atteints de parodontite modérée ou sévère. Un total de 112 patients a été traité par un des auteurs entre mai 1996 et mai 1998 avec des implants TPS Straumann. Tous les patients ont reçu une thérapeutique parodontale initiale avant la pose des implants. Les piliers prothétiques ont été vissés 3 à 6 mois plus tard, avant la pose de la prothèse scellée. Une maintenance parodontale personnalisée est instaurée. Au bout de 10 ans, deux examinateurs indépendants ont recueilli les données nécessaires à l’analyse statistique. Les résultats indiquent que les patients atteints de maladie parodontale sont plus susceptibles de développer des pathologies péri-implantaires et d’avoir recours à des traitements complémentaires.

Les résultats de cette étude minorent probablement les différences entre les 3 groupes car les protocoles initiaux et de soutien ne sont pas identiques pour les 3 groupes mais adaptés en fonction de l’atteinte initiale, ce qui a tendance à estomper les différences. Un autre facteur qui n’est pas détaillé dans l’étude est l’influence des implants creux (avec de plus mauvais résultats) dans les 3 groupes.