revue de presse
O. Etienne* J.-C. Schoeffler**
Les couronnes en disilicate de lithium (emax Press) ont été introduites sur le marché afin de proposer une meilleure résistance mécanique pour les céramiques à base vitreuses tout en conservant leurs attraits esthétiques. Cette étude clinique prospective présente les résultats d’observations de couronnes unitaires antérieures et postérieures sur plusieurs années (jusqu’à 9 ans pour les observations les plus longues). Elle observe par ailleurs...
Les couronnes en disilicate de lithium (emax Press) ont été introduites sur le marché afin de proposer une meilleure résistance mécanique pour les céramiques à base vitreuses tout en conservant leurs attraits esthétiques. Cette étude clinique prospective présente les résultats d’observations de couronnes unitaires antérieures et postérieures sur plusieurs années (jusqu’à 9 ans pour les observations les plus longues). Elle observe par ailleurs l’impact du matériau d’assemblage sur les échecs rencontrés.
104 couronnes ont été placées chez 41 patients entre août 2001 et décembre 2004 par une équipe de cinq praticiens entraînés. Sur ce total, 82 couronnes ont été réalisées dans la zone antérieure et 22 dans la zone postérieure, sur dents vitales ou dévitalisées et reconstituées.
Ont été exclus de l’étude pour contre-indications cliniques, les patients présentant un bruxisme, une mauvaise hygiène bucco-dentaire ou une pathologie parodontale.
Le choix entre un collage (Variolink II) ou un scellement à base de ciment verre-ionomère (Vivaglass) a été fait par le praticien en fonction des possibilités d’accès et d’isolation de la dent, de la conicité de la préparation et de sa hauteur. Lorsque l’isolation n’était pas possible, le moignon supérieur à 4 mm ou l’angle de convergence inférieur à 10°, le scellement a été retenu. Ainsi, un total de 72 couronnes ont été collées (intrados préparés classiquement à l’aide d’acide fluorhydrique puis au silane) et 32 autres ont été scellées (sans préparation de l’intrados). Après assemblage, les patients ont été revus tous les 6 mois. Toute couronne nécessitant une réfection a été considérée comme un échec, mais les auteurs ont aussi relevé les incidents mineurs (éclat de céramique ponctuel) et la qualité de l’environnement parodontal.
Au cours de l’étude, quatre patients ont été retirés du groupe pour perte de vue ou raisons personnelles. Ainsi, sur un total restant de 94 couronnes, la durée d’observation moyenne était de 79,5 mois (34 – 109,7 mois). Sur ces 94 couronnes, 74 étaient antérieures et 20 postérieures ; 64 ont été collées et 30 scellées. Le contrôle à 5 ans incluait 62 couronnes, et celui à 9 ans seulement 6 couronnes.
Concernant les complications rencontrées durant l’étude, 3 couronnes ont présenté des éclats mineurs pouvant être traités par simple polissage, 2 dents ont été dévitalisées en traversant la couronne (chez la même patiente). En revanche, 4 couronnes ont été jugées comme échecs : 2 pour fractures de la céramique (une antérieure et une postérieure), 1 pour récidive carieuse et 1 pour infection apicale (dent préalablement traitée endodontiquement).
L’estimation du taux de survie (technique de Kaplan-Meier) sans complications (y compris mineures), donne un résultat de 95,3 % à 5 ans et 82,9 % à 8 ans. Si l’on ne considère plus que les échecs complets, ce taux passe à 97,4 % à 5 ans et 94,8 % à 8 ans. Après analyse statistique, ni le secteur ni le mode d’assemblage ne se sont révélés influents sur les échecs observés.
D’après cette étude, le mode d’assemblage ne joue pas un rôle crucial sur les résultats cliniques à moyen terme. Les couronnes en disilicate de lithium peuvent être indiquées en secteur antérieur comme postérieur sous réserve d’un examen clinique préalable.
L’analyse détaillée de cette étude prospective est intéressante car elle met en avant des observations particulières non avancées par les auteurs. Ainsi, sur les 9 complications rencontrées, 1 seule concerne le secteur postérieur et 8 concernent des dents antérieures, en particulier les 3 couronnes ayant présentée des éclats mineurs (parafonctions non détectées ?). Ensuite, de l’aveu même des auteurs, la fracture de la céramique de la couronne antérieure était probablement due à un mauvais réglage occlusal et les deux dents nécrosées ont été observées chez la même patiente (susceptibilité ? opérateur ?). Ainsi, si l’on considère les 3 complications sévères observées sur ce petit groupe d’étude, ces 3 couronnes ont été scellées avec le ciment verre-ionomère. L’hypothèse que la récidive carieuse comme la réinfection péri-apicale puissent être mises en relation avec la dégradation progressive de ce ciment est probablement recevable. Quant à la couronne molaire ayant présentée une fracture de céramique, elle avait une durée de service de 101 mois, ce qui peut apparaître raisonnable.