Les cahiers de prothèse n° 157 du 01/03/2012

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

L’utilisation des implants dentaires pour la réhabilitation de patients partiellement édentés est désormais une méthode éprouvée et fiable sur le long terme. Il existe deux moyens de rétention des prothèses sur implants : le scellement ou le vissage. À l’origine de la technique, le vissage était majoritaire car il permettait un démontage pour les entretiens périodiques. Cependant, les puits d’accès aux vis compliquaient l’établissement des rapports...


Pourquoi ?

L’utilisation des implants dentaires pour la réhabilitation de patients partiellement édentés est désormais une méthode éprouvée et fiable sur le long terme. Il existe deux moyens de rétention des prothèses sur implants : le scellement ou le vissage. À l’origine de la technique, le vissage était majoritaire car il permettait un démontage pour les entretiens périodiques. Cependant, les puits d’accès aux vis compliquaient l’établissement des rapports d’occlusion, la solidité de la céramique bordant le puits et l’esthétique. Les dévissages étant devenus plus rares, le recours à la prothèse vissée s’est développé. Les partisans de la prothèse scellée mettent en avant l’amélioration de l’esthétique et de la fonction, la simplification de la réalisation, le coût moindre et un accès en zone postérieure facilité. Les détracteurs de cette option mettent en avant la difficulté d’élimination des excès de ciment qui peut générer des pertes osseuses.

Le but de cette étude est de comparer sur le long terme le devenir et les complications de ces 2 types d’assemblage de restaurations partielles.

Comment ?

Une série de patients consécutifs, traités à l’Université de Tel Aviv entre 1995 et 2009, compose ce groupe d’étude. Ils devaient présenter un édentement bilatéral postérieur avec un volume osseux suffisant pour ne pas avoir recours à une greffe osseuse, une arcade antagoniste dentée ou reconstituée en prothèse fixe et un schéma occlusal identique des deux côtés. Chaque patient a reçu une prothèse vissée et une prothèse scellée, réparties par randomisation sur l’un ou l’autre côté de l’arcade. Deux ou trois implants à hexagone interne ont été utilisés pour chaque édentement postérieur. Trois à six mois après la pose des implants, un second temps chirurgical est réalisé et un pilier de cicatrisation est posé. Quatre semaines plus tard, les empreintes sont prises avec des transferts solidarisés à la résine Pattern GC, un porte-empreinte individuel ouvert et de l’Impregum™ (3M ESPE). Les procédures prothétiques sont décrites pour les 2 options de restaurations, scellées sur piliers préfabriqués ou vissées sur piliers coniques. Un programme de suivi est mis en place pour chaque patient avec évaluation à chaque contrôle des fractures de céramique, des dévissages de pilier, des fractures d’armature, de l’indice gingival et de la perte osseuse. Les contrôles sont effectués après 6 mois, 12 mois et ensuite tous les ans. La jonction implant-pilier sert de référence pour les évaluations radiographiques des niveaux osseux dans le temps.

Et alors ?

Un total de 38 patients consécutifs a été inclus dans cette étude (dont 22 femmes) entre 1995 et 2009. Cela représente 221 implants à connexion interne hexagonale (Biomet 3i, Zimmer Dental, Nobel Biocare, MIS implant Technologies). Aucune perte d’implant n’a été observée sur la période. Tous les patients sont revenus aux contrôles. Les auteurs observent de façon significative plus de fracture de cosmétique (38 % contre 4 %), de dévissage (32 % contre 9 %), un indice gingival plus élevé (0,48 contre 0,09) et une perte osseuse marginale plus importante (1,4 contre 0,69 mm) pour les prothèses vissées par rapport aux prothèses scellées.

À RETENIR :

Les implants dentaires permettent de compenser avec fiabilité des édentements partiels avec d’excellents résultats sur le long terme. Sur le plan prothétique, il existe deux écoles : les adeptes des prothèses vissées et les partisans des prothèses scellées. Les premiers mettent en avant la possibilité de réintervenir facilement en dévissant la prothèse et la difficulté d’éliminer les excès de scellement, les seconds regrettent l’aspect inesthétique des puits de vis et la simplification des procédures en prothèse scellée. Cette étude a pour objectif d’évaluer sur un groupe de patients consécutifs, traités à l’Université de Tel Aviv entre 1995 et 2009, l’influence du mode d’assemblage sur le devenir des restaurations et des implants. Les patients présentaient tous un édentement bilatéral postérieur. Chaque côté a été restauré de façon randomisée soit par prothèse scellée soit par prothèse vissée. Les contrôles annuels ont mis en évidence significativement dans le groupe vissé plus de fractures de cosmétiques, plus de dévissages, plus de pertes osseuses marginales et un indice gingival plus élevé.

Une revue de synthèse ou une étude sur un échantillon plus large avec un protocole rigoureux seraient utiles pour confirmer ces résultats.

Il n’y a pas d’information sur le type de randomisation effectuée. Il ne semble pas y avoir de prise en compte de table de survie (même influence des restaurations anciennes et récentes). Il semble étonnant que la période de suivi des prothèses vissées soit de 66 +/– 47 mois. Pour les prothèses scellées, elle est de 61 +/– 40 mois, alors qu’il y a une randomisation et un traitement par arcade séparée (split mouth).