éditorial
rédacteur en chef
Depuis quelques années, dans les domaines de la formation et de la communication, le terme « e-learning » est de plus en plus répandu tout comme son équivalent français : « formation (ou apprentissage) en ligne (ou par le moyen d’Internet) ».
Récemment, à l’initiative du Cnepo (Collège national des enseignants en prothèse odontologique), une journée d’initiation à cette méthode s’est tenue à Reims dans le cadre de l’université. Une dizaine...
Depuis quelques années, dans les domaines de la formation et de la communication, le terme « e-learning » est de plus en plus répandu tout comme son équivalent français : « formation (ou apprentissage) en ligne (ou par le moyen d’Internet) ».
Récemment, à l’initiative du Cnepo (Collège national des enseignants en prothèse odontologique), une journée d’initiation à cette méthode s’est tenue à Reims dans le cadre de l’université. Une dizaine de facultés d’odontologie ont pu communiquer, reliées par Internet en visioconférence sur de nombreux thèmes touchant au numérique.
Pour l’ancien enseignant que je suis, ayant pratiqué la pédagogie avec les moyens conventionnels, de nouvelles techniques voient le jour, avec un vocabulaire spécifique : je découvre que, lorsque je faisais un cours avec une présentation de diapositives ou un support informatique devant un groupe d’étudiants (d’apprenants), il s’agissait de formation en présentiel. Il est actuellement possible, grâce à Internet, d’adresser un message en ligne reçu à distance par un étudiant : il s’agit désormais d’une formation distancielle. Si la communication se fait en direct, devant les étudiants, ou sous forme de visioconférence, on parle d’outil synchrone ; en revanche, s’il existe un décalage dans le temps entre information et questions-réponses, on parle d’outil asynchrone (forum, courrier électronique…).
Les moyens de communication via Intranet ou Internet – pardon ! les Tice (Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement) – ont également évolué avec la pratique individuelle de l’ordinateur, avec l’usage de tablettes ou de smartphones ou bien avec les espaces numériques de travail, les tableaux blancs interactifs – ce qui implique évidemment une formation des formateurs comme des apprenants.
C’est face à ces constatations qu’un certain nombre de réflexions me sont venues à l’esprit.
• Pour l’odontologie, compte tenu des notions théoriques et pratiques à acquérir, il paraît indispensable de proposer un apprentissage mixte (blended learning) associant l’e-learning au mode classique « présentiel », pour les travaux pratiques et dirigés par exemple.
• Outre qu’elle suppose la motivation à s’impliquer dans ce nouvel environnement, la formation de l’enseignant m’apparaît d’une extrême exigence car elle impose de rassembler, pour un seul projet, toutes les compétences qui pouvaient s’exprimer indépendamment dans l’enseignement conventionnel.
– Les bases de la pédagogie sont toujours les mêmes ; il faut seulement ajouter de nouveaux médias. Par exemple, le modèle de Lasswell (1927) est toujours d’actualité. Pour mémoire, il comportait cinq volets : 1. Qui parle ? Un formateur indépendant, un universitaire, un membre d’association… 2. Pour dire quoi ? Énoncé du contenu, de son analyse. 3. Par quel média ? Techniques utilisées pour diffuser l’information à un instant donné vers une cible donnée. 4. S’adresse à qui ? Vise l’auditoire, avec sa définition, sa mesure, la localisation des publics récepteurs… 5. Avec quel effet ? Analyse et évaluation de l’efficacité du message sur les apprenants. (Il est peut-être bon de rappeler qu’un enseignant peut atteindre le plus haut grade universitaire sans avoir jamais eu d’obligation de formation à la pédagogie.)
– Il faut être un bon communicant pour savoir adapter le message à une forme donnée et à un type d’interlocuteur donné. Ainsi, la connaissance de son propre mode de fonctionnement cérébral et de celui de son interlocuteur (cf. les « quatre cerveaux » du modèle Herrmann, par exemple) est d’une grande utilité. L’enseignement de masse exclut cette possibilité, obligeant à une suite de compromis pour toucher le plus grand nombre. Mais qu’en est-il d’un e-learning où l’on ignore comment l’étudiant, devant son ordinateur, se comporte face au message reçu ? Il semble que le tuteur, le compagnonnage soient toujours incontournables.
– Il faut avoir les compétences pour la maîtrise des différents médias : connaître les qualités exigées d’une « diapositive » de texte, d’une photographie, d’une vidéo, d’une communication orale, d’un questionnaire à choix multiples… Enfin, et c’est important en odontologie, il faut pouvoir présenter des cas pour des résolutions de problèmes cliniques et, bien entendu, savoir utiliser les technologies numériques. Ces nouvelles ouvertures vers un mode de formation différent sont très séduisantes et je suis persuadé que, si elles étaient apparues dix ans auparavant, je m’y serais plongé avec enthousiasme. Je souhaite que la nouvelle génération d’enseignants, de communicants, puisse trouver la motivation, l’énergie et… les financements nécessaires pour concevoir et mettre en application un e-learning adapté et intégré à notre profession.