Les cahiers de prothèse n° 156 du 01/12/2011

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La demande de restaurations esthétiques est de plus en plus forte chez les patients et les praticiens. Les arguments en faveur des restaurations céramiques sont l’esthétique, la biocompatibilité et l’absence de corrosion. Cependant, des taux de fracture plus élevés de l’armature ou du cosmétique ont été décrits dans les secteurs postérieurs. Des études récentes ont montré des résultats comparables entre les couronnes céramo-céramiques (CCC) et les...


Pourquoi ?

La demande de restaurations esthétiques est de plus en plus forte chez les patients et les praticiens. Les arguments en faveur des restaurations céramiques sont l’esthétique, la biocompatibilité et l’absence de corrosion. Cependant, des taux de fracture plus élevés de l’armature ou du cosmétique ont été décrits dans les secteurs postérieurs. Des études récentes ont montré des résultats comparables entre les couronnes céramo-céramiques (CCC) et les couronnes céramo-métalliques (CCM). Cependant, ces études ont des périodes de suivi courtes : 5-6 ans pour l’alumine, 3 ans pour la zircone et le disilicate de lithium (IPS e.Max®). Cette étude a pour but de déterminer le taux de survie à long terme (de 3 à 10 ans) de couronnes Procera® Alumine. L’hypothèse de l’étude est que le taux de survie est équivalent à celui des CCM, soit 95 %.

Comment ?

Aux patients qui ont consulté à l’école dentaire de l’université de Bâle entre décembre 1997 et mai 2005 et qui avaient besoin d’une couronne périphérique, il a été proposé de participer à cette étude prospective. Les patients qui ont accepté ont été traités par des étudiants de deuxième ou troisième cycle. Des préparations classiques pour CCC ont été effectuées et le système Procera® a été utilisé pour la réalisation des armatures. La partie cosmétique (Vitadur® Alpha, Vita-Zahnfabrik ; AllCeram® Ducera, DeguDent GmbH ou Creation®, Willy Geller) a été prise en charge par des techniciens de laboratoires privés. Les couronnes ont été assemblées soit avec un ciment résine (Panavia® F 2.0, Kuraray Medical Inc) soit avec un verre ionomère (Ketac® Cem Aplicap®, 3M ESPE). L’évaluation a porté sur plusieurs paramètres et complications techniques ou biologiques selon les recommandations de l’US Public Health Service (USPHS). L’échec est défini comme la perte de la couronne ou de la dent. Les probabilités de survie ont été évaluées par la méthode de Kaplan Meyer.

Et alors ?

Sur la période considérée, les étudiants ont réalisé 155 CCC sur 50 patients. En 2008, 49 patients ont été sollicités pour un examen de contrôle (un patient avait 5 CCC uniquement sur implant). Seuls 29 patients sur les 49 ont participé à cet examen (10 déménagements, 6 refus, 4 décès) pour un total de 112 CCC sur les 150 réalisées. Il y avait 47 % de molaires, et 30 % de prémolaires. La durée moyenne d’observation a été de 7,8 ans (de 3 à 10,8). L’adaptation marginale a été jugée excellente ou acceptable dans 91 % des cas. Des abrasions ou attritions mineures ont été constatées dans 32 % des cas. Au total, 11 échecs de traitement ont été observés : 3 techniques (fractures) et 8 biologiques (3 caries, 3 fractures radiculaires, 1 paro, 1 endo). Le taux de survie global après 10 ans est de 84 %, celui qui ne prend en compte que les complications techniques est de 95 %. Il n’y a pas de différence significative entre secteur antérieur et postérieur.

À RETENIR :

Depuis quelques années, le développement de nouveaux matériaux céramiques et des procédés de fabrication optimisés ont contribué à satisfaire la demande exprimée par les patients et les praticiens d’une prothèse esthétique sans métal. Comme toute nouvelle procédure, l’évaluation des résultats sur le long terme est un élément indispensable à sa diffusion. Des études récentes ont montré des comportements comparables à moyen terme de ces restaurations tout céramique. Cette étude menée à Bâle dans un centre universitaire entre 1997 et 2005 a permis de suivre pendant 3 à 10 ans une cohorte de 29 patients (sur les 49 initiaux) chez qui 112 couronnes Procera® Alumine ont été réalisées. Les auteurs ont observé 11 cas d’échec (3 techniques et 8 biologiques) sur la période. Les échecs techniques étaient des fractures d’armature alumine ou de cosmétique ayant entraîné la réfection de la couronne. Les éclats de céramique sans réfection ne sont pas comptabilisés comme échec. Le taux de survie global des restaurations est de 84 % tous facteurs confondus et de 95 % si on ne prend en compte que les échecs techniques. Le nombre de perdus de vue élevé (42 %), et la petite taille de l’échantillon limitent la portée des conclusions de cette étude.

Le nombre de perdus de vue est assez important et des éclats de céramique qui ont été repolis ne sont pas comptabilisés dans les complications, ce qui fait que le taux annoncé est probablement très sous-évalué.