Les cahiers de prothèse n° 156 du 01/12/2011

 

éditorial

Jean Schittly  

rédacteur en chef

La photographie numérique qui a désormais atteint sa maturité va, à n’en pas douter, s’intégrer au plateau technique des cabinets dentaires au même titre que la lampe à polymériser ou l’ordinateur. Cette prévision est motivée par un grand nombre de facteurs influençant cette tendance.

La facilité : il n’y a plus à s’affranchir du traitement de films par un photographe, de récupérer la boîte de diapositives après un certain temps, d’identifier la...


La photographie numérique qui a désormais atteint sa maturité va, à n’en pas douter, s’intégrer au plateau technique des cabinets dentaires au même titre que la lampe à polymériser ou l’ordinateur. Cette prévision est motivée par un grand nombre de facteurs influençant cette tendance.

La facilité : il n’y a plus à s’affranchir du traitement de films par un photographe, de récupérer la boîte de diapositives après un certain temps, d’identifier la photo et enfin la classer pour la retrouver plus ou moins aisément. Désormais il suffit, après copie d’une carte numérique sur l’ordinateur du cabinet, de créer un dossier par patient et d’y déposer au fur et à mesure les images référencées et datées.

La communication : elle concerne deux cibles incontournables, le patient et le laboratoire de prothèse.

Pour ce dernier, la transmission, via Internet, des vues cliniques d’un patient constitue un changement important de sa relation avec le cabinet dentaire. Elle sort le laboratoire de son isolement en élargissant le champ des références, du simple moulage en plâtre à l’ensemble du contexte buccal. La forme, la situation et les caractéristiques des dents à reproduire dans un contexte esthétique et fonctionnel peuvent être désormais directement appréhendées sur l’écran de l’ordinateur. La photographie la plus pratiquée actuellement est celle des teintiers dans l’environnement buccal des prothèses à réaliser. Le céramiste peut travailler par comparaison pour mieux percevoir la situation des dégradés, des fissures, des bords translucides… et si vous lui adressez l’effet produit à l’issue du traitement il n’aura plus cette frustration de ne pas pouvoir apprécier l’aboutissement de son travail.

Pour le patient, la photographie est un outil pratiquement incontournable lors de l’évaluation de sa situation de départ et lors de l’exposé des différentes solutions thérapeutiques qui lui sont proposées. Il est parfois étonné par sa propre image et peut, à partir de celle-ci, donner au praticien les orientations répondant à ses aspirations. La consultation de cas proches de sa situation clinique lui permet, de plus, de mieux concrétiser les types de restaurations proposés et être ainsi dans les meilleures conditions pour donner son consentement éclairé.

Le domaine médico-légal : c’est un terrain privilégié pour tirer bénéfice d’un « dossier images » du patient. C’est en effet un document d’archive qui peut se révéler très utile même après plusieurs années pour constituer une preuve d’un état initial bucco-dentaire, prothétique ou non, en cas d’accident. L’expert, en l’absence de preuves de cette nature (ajoutée à celles des radiographies) a très souvent des difficultés pour déterminer les dommages strictement imputables.

Pour le praticien, en cas de litige, rappeler au patient son état avant le début du traitement peut être d’un grand secours car, dès la pose des prothèses provisoires, cet état souvent disgracieux ou dysfonctionnel est très vite oublié.

La diffusion des images : elle correspond aux tendances du XXIe siècle et peut revêtir différentes formes.

– Constituer une banque de cas cliniques consultables sur l’ordinateur comme complément du dossier patient au propre usage du praticien pour évaluer par exemple les progrès effectués au fil des ans et à l’usage de la relation patient/praticien/laboratoire.

– Servir de support de cas pour la réalisation d’un site Internet pour le cabinet dentaire.

– Servir de base à des présentations orales ou des publications : pour un praticien évoluant ou ayant évolué dans le milieu hospitalo-universitaire, elles sont un passage obligé mais pour un praticien libéral, la décision de faire partager son expérience peut intervenir seulement après plusieurs années de pratique, lorsque le volume de documentation est suffisant pour construire une conférence ou un article de revue sur un thème donné.

L’expérience que j’ai pu acquérir en plus de 40 ans de pratique de la photo au cabinet dentaire avec ses multiples applications m’incite à vous conseiller de commencer au plus tôt, si ce n’est déjà fait car, même si dans un premier temps vous n’avez pas de projet précis, je peux vous assurer que les bénéfices que vous pourrez tirer de cette initiative ouvriront de nouvelles perspectives à votre vie professionnelle.

Pour vous aider à bien maîtriser la technique spécifique à la photographie en odontologie, la rédaction des Cahiers de prothèse a intégré au sommaire des deux prochains numéros des articles vous donnant l’essentiel de ce qu’il faut savoir pour des résultats d’emblée satisfaisants tant pour l’acquisition des images que pour leur traitement informatique.

Alors « clic, clac, c’est dans la boîte », pour intégrer une forme de loisir à la pratique d’une profession parfois difficile.