Les cahiers de prothèse n° 154 du 01/06/2011

 

revue de presse

Dr O. Etienne*   Dr J.C. Schoeffler**  

Introduction

L’avulsion d’une dent permanente entraîne une rupture de la vascularisation et de l’innervation pulpaire. Des phénomènes d’ankylose et de résorption radiculaire externe sont souvent rapportés après réimplantation. L’intensité des dommages causés aux cellules desmodontales et l’état initial de la pulpe vont être les critères les plus influents dans la phase de régénération parodontale après avulsion. Dans la littérature médicale, différents...


Introduction

L’avulsion d’une dent permanente entraîne une rupture de la vascularisation et de l’innervation pulpaire. Des phénomènes d’ankylose et de résorption radiculaire externe sont souvent rapportés après réimplantation. L’intensité des dommages causés aux cellules desmodontales et l’état initial de la pulpe vont être les critères les plus influents dans la phase de régénération parodontale après avulsion. Dans la littérature médicale, différents agents chimiques thérapeutiques semblent influencer le processus de l’ankylose ou de la résorption radiculaire externe : un traitement antibiotique systémique avec tétracyclines, des applications topiques de stéroïdes ou de tétracyclines, des dérivés de la matrice amélaire (Emdogain®) et des fluorures.

Matériel et méthodes

Le but de cette étude était de comparer trois stratégies différentes de traitement lors de l’avulsion accidentelle d’incisives antérieures. Les trois conditions de traitement étaient :

– dent réimplantée après une conservation extra-orale idéale (< 10 minutes) : stabilisation de la dent à l’aide d’une contention sans autre traitement ;

– dent réimplantée après une exposition extra-orale à sec entre 10 et 60 minutes : stabilisation par contention en procédant auparavant à un traitement topique de la racine et de l’alvéole par des dérivés de la matrice amélaire (Emdogain®) ;

– dent réimplantée après une exposition extra-orale dépassant 60 minutes : les restes du ligament parodontal étaient éliminés au moyen d’un détartreur et la surface radiculaire traitée avec de l’acide citrique (6 %) et une solution de fluorure de sodium (2 %) afin de ralentir le processus de résorption radiculaire externe.

Quarante-deux incisives permanentes réimplantées ont été évaluées cliniquement et radiologiquement après une période d’observation allant de 1 à 5 ans (moyenne de 2,8 années). Au moment de la réimplantation, les patients (6-62 ans) avaient un âge moyen de 16,3 ans, (81 % des patients étaient âgés de moins de 20 ans).

Résultats

Trente-cinq des 42 dents de l’étude étaient encore présentes au moment de la réévaluation (83,3 %) et 20 dents réimplantées présentaient une régénération parodontale sans complications (47,6 %). La complication la plus courante, la résorption radiculaire externe, a été observée sur 22 dents, tandis que 21 dents présentaient des signes cliniques et radiologiques d’ankylose.

Aucune différence n’a été relevée entre une contention de courte durée (moins de 14 jours) et une contention prolongée. En revanche, l’ankylose radiculaire était corrélée avec la durée de la conservation extra-orale.

Un traitement endodontique rapide (moins de 48 h après avulsion) a influencé positivement la régénération parodontale, montré moins d’ankylose et moins de résorptions radiculaires que les traitements retardés. Le traitement surfacique avec un complexe protéinique amélaire (Emdogain®) n’a semblé apporter aucun avantage.

Conclusion

Le suivi d’un protocole strict, incluant notamment un traitement endodontique rapide, minimise le risque de résorption radiculaire. L’apparition d’une ankylose est principalement influencée par la durée de l’exposition extra-orale non physiologique et par la solution de conservation.

Cette étude relativise les résultats pouvant être observés lors des réimplantations. La durée d’observation clinique moyenne est courte mais donne déjà une appréciation de l’intérêt ou non de tenter la réimplantation. Les effets positifs attendus par le traitement topique à l’aide d’une matrice protéinique n’ont, semble-t-il, pas donné satisfaction. Ce sont donc les critères déjà reconnus (temps d’exposition hors bouche et milieu de conservation) qui conditionnent principalement le succès.