Prothèse composite
Anissa Regragui* Jihane Slaoui** Nadia Merzouk*** Salwa Berrada**** Ahmed Abdedine*****
*Résidente en Prothèse amovible
**Résidente en Prothèse amovible
***Professeur d’enseignement supérieur en Prothèse amovible
****Professeur d’enseignement supérieur en Prothèse amovible
*****Professeur d’enseignement supérieur, Chef du service de Prothèse amovible au centre de consultation et des traitements dentaires de Rabat-CCTD
******Université Mohamed V
Faculté de médecine dentaire de Rabat
Avenue Allal El Fassi
Rue Mohammed Jazouli
Madinat Al Irfane
BP 6212
Rabat – Instituts, Maroc
Le praticien est souvent confronté au défi de gérer des édentements terminaux très étendus au maxillaire, du fait des problèmes qu’ils engendrent sur le plan esthétique, fonctionnel, occlusal et bio-mécanique. La prothèse supra-implantaire constitue certes la meilleure indication de traitement, cependant la prothèse composite demeure d’actualité dans le traitement de ce type d’édentement. Quelle que soit l’option thérapeutique choisie, la réussite de la restauration prothétique en question dépend essentiellement d’une conception prothétique raisonnée et d’une grande maîtrise des empreintes et de l’occlusion. L’objectif de cet article, à travers un cas clinique, est de mettre en lumière l’aspect thérapeutique de l’édentement terminal très étendu au maxillaire en insistant sur l’apport de la prothèse composite dans la gestion esthétique et biomécanique de ce type d’édentement.
The use of combined denture for esthetical and biomecanical management of a maxillary terminal edentulism
Managing maxillary terminal edentulism is often a challenge, because of its esthetic, functional, occlusal and biomecanical consequences. Implant indication is certainly the best treatment, however combined denture remains a good indication. In this option, a successful prosthetic restoration mainly relies on a correct prosthetic design and a perfect control of impression technique and occlusion. The aim of this article is to enlighten the therapeutic aspect of this kind of edentulism, laying emphasis on combined denture’s role in an aesthetical and biomecanical approach.
Le praticien est souvent confronté au défi de gérer des édentements terminaux très étendus au maxillaire, du fait des problèmes qu’ils engendrent sur le plan esthétique, fonctionnel, occlusal et bio-mécanique.
La prothèse supra-implantaire constitue certes la meilleure indication de traitement, cependant la prothèse composite demeure d’actualité dans le traitement de ce type d’édentement quand la prothèse supra-implantaire ne peut être envisagée.
Quelle que soit l’option thérapeutique choisie, la réussite de la restauration dépend essentiellement d’une conception prothétique raisonnée et d’une grande maîtrise des empreintes et de l’occlusion.
L’objectif de cet article, à travers un cas clinique, est de faire le point sur l’aspect thérapeutique des édentements terminaux très étendus au maxillaire en insistant sur l’apport de la prothèse composite dans la gestion esthétique et biomécanique de ce type de situation clinique.
Le traitement des édentements postérieurs a toujours soulevé de nombreux problèmes d’ordre esthétique, fonctionnel, occlusal et bio-mécanique liés à la nature et à :
– la répartition hétérogène des surfaces d’appui qui génèrent des axes de rotation déstabilisateurs [1] ;
– la visibilité des crochets métalliques sur les dents antérieures ;
– l’équilibre prothétique compromis.
Sur le plan esthétique, les édentements terminaux de grande étendue exposent les dents antérieures à la visibilité des éléments de rétention (crochets). À cet effet, l’utilisation de crochets à jonction vestibulaire dépend étroitement du sourire du patient découvrant peu les dents, d’une hauteur suffisante de gencive attachée et de l’absence de contre-dépouilles.
De même, la transition entre la fausse gencive et la muqueuse génère une discontinuité et donc un déficit esthétique supplémentaire lors du traitement de ces édentements [2].
Sur le plan occlusal, il s’avère nécessaire d’inscrire le concept prothétique de la prothèse dans une réflexion privilégiant sa stabilité optimale en prenant en considération le nombre, la nature, la valeur parodontale, la situation des dents restantes sur l’arcade et l’arcade antagoniste [3, 4].
Sur le plan mécanique, la réalisation prothétique doit tenir compte particulièrement de la faible valeur intrinsèque et extrinsèque des dents antérieures, ainsi que des problèmes générés par la différence de dépressibilité existant entre des tissus d’appui de nature différente : les structures dento-parodontales et ostéo-fibro-muqueuses. Cette dualité tissulaire provoque un mouvement de rotation dans le plan sagittal (rotation disto-verticale), autour de l’axe passant par les dents bordant les secteurs édentés car la prothèse n’est pas entièrement inscrite dans le polygone de sustentation. Cette rotation se traduit par des mouvements d’enfoncement ou de désinsertion sous l’effet de mastication d’éléments collants [1].
Précisons aussi que l’absence de calage dans ce type d’édentement entraîne un effondrement de dimension verticale qui retentit sur les dents antérieures. Celles-ci subiraient, par la surcharge exercée à leur niveau, des migrations secondaires (dents en éventail), des mobilités, l’apparition de diastèmes et des abrasions. D’où la nécessité d’un contre-plaquage des dents antérieures afin de restaurer la fonction occlusale en protégeant les dents restantes, notamment celles dont le support parodontal est réduit [5].
La distribution et la localisation des éléments du châssis qui prennent appui sur les dents sont très importantes pour s’opposer aux mouvements de déstabilisation inhérents à ce type d’édentement.
Il est donc indispensable de déterminer (fig. 1) :
– l’aire de sustentation (AS) qui est délimitée par une ligne mésiale passant en avant de la plus antérieure des dents prothétiques, par une ligne distale en arrière de la plus postérieure des dents prothétiques et latéralement par les lignes faîtières de crête ;
– l’axe de rotation principale (ARP) qui passe par les appuis dentaires les plus distaux c’est-à-dire sur les dents bordant l’édentement ;
– le bras de levier maximal (BLM) qui est déterminé par la distance séparant l’axe de rotation principal en mésial et les dents prothétiques les plus postérieures en distal ;
– le bras de stabilisation souhaitable (BSS) qui sera le plus long possible en situant les appuis indirects le plus antérieurement possible [1].
La prothèse amovible partielle Métallique (PAPM) de conception moderne doit s’intégrer parfaitement à l’appareil manducateur sans entraîner de traumatismes des structures d’appui dentaires ou fibro-muqueuses.
– L’adaptation intime est obtenue par une technique d’empreinte anatomo-fonctionnelle composée globale pour enregistrer le maximum de la surface d’appui et contrecarrer la dualité tissulaire au moyen de matériaux fiables et adaptés à ce type d’édentement.
– La nécessité d’une conception semi-rigide dans les classes d’édentement postérieur (pas de liaison directe entre l’appui dento-parodontal et ostéo-muqueux pour éviter toute action scoliodontique sur les dents) est actuellement reconnue par l’ensemble des auteurs [6].
– Le châssis prothétique doit s’appuyer sur le plus grand nombre de dents, par l’intermédiaire d’appuis occlusaux directs et indirects pour répartir harmonieusement les charges occlusales sur les dents restantes et les segments édentés en favorisant la participation de la proprioception desmodontale à la protection contre toute surcharge occlusale et aux différents guidages mandibulaires [7, 8].
– Le schéma occluso-prothétique est établi à partir de différents paramètres, à savoir [3, 4] :
- l’arcade antagoniste : en présence de deux prothèses amovibles antagonistes, celle dont l’équilibre est le plus instable dicte le schéma occluso-prothétique à établir ;
- la valeur parodontale des dents restantes : la participation d’une dent à un mouvement excentré de la mandibule est directement liée à sa valeur parodontale ;
- l’étendue de l’édentement : la possibilité de ne faire participer que des dents restantes aux guidages mandibulaires s’amenuise quand l’édentement est étendu. Ce paramètre est à conjuguer avec la répartition des dents restantes.
Dans le cadre des édentements postérieurs de grande étendue, la prothèse composite trouve toute sa place.
– En reconstituant les dents antérieures par de la prothèse fixée, on assure leur contention et leur immobilisation, surtout en cas de parodonte affaibli ; les efforts sont de ce fait mieux répartis et mieux orientés [9, 10].
– La réalisation de fraisages au sein des éléments de prothèse fixée, orientés selon l’axe d’insertion de la future PAPM, favorisent son guidage lors de l’insertion, sa stabilisation et contribuent à la préservation des dents restantes tout en améliorant l’équilibre prothétique général. Par conséquent, les surcontours engendrés par les éléments métalliques à appui dentaire du châssis, préjudiciables à la santé parodontale, sont réduits [11, 12].
– La vaste gamme des éléments de rétention (crochets classiques modifiés, glissières, attachements supra-radiculaires…) permet de minorer, voire d’éliminer, toute visibilité métallique répondant ainsi à une exigence esthétique [13, 14, 15, 16].
– La prothèse composite, grâce à l’aménagement des faces palatines et occlusales des dents restantes, permet une intégration parfaite des connexions et des appuis occlusaux. Dans les cas où un guidage antérieur est impossible à établir, la prothèse composite permet, par une orientation des surfaces occlusales des dents restaurées par couronnes fraisées, d’obtenir un équilibre occlusal favorable à la fois à la pérennité des dents restantes et à l’équilibre de la PAP [17].
La simulation du futur projet prothétique se fait par l’intermédiaire des moulages de diagnostic qui associent les cires de diagnostic et les montages directeurs.
Les wax-up permettent à la fois de matérialiser le schéma occlusal en redéfinissant les courbes occlusales à la dimension verticale correcte et de guider le praticien dans le choix du type d’intervention pour chaque dent (élongation coronaire, dépulpation, traitement orthodontique, etc.).
Dans le cas de diastèmes, ils permettent d’évaluer à quel degré ceux-ci peuvent être réduits et d’obtenir plus aisément le consentement éclairé du patient. Cela est valable également dans le cas de chevauchement dentaire sévère où une extraction stratégique peut être envisagée.
À partir des wax-up, des prothèses fixées provisoires sont élaborées. Elles assurent une protection des dents résiduelles et rétablissent l’esthétique. Elles jouent un rôle important dans les étapes de stabilisation occlusale et parodontale. Elles constituent en plus un excellent test pour valider les résultats esthétique et fonctionnel des prothèses définitives [18].
Le montage des dents artificielles au niveau des zones édentées permet d’évaluer l’espace prothétique disponible en intra-arcade et en inter-arcade [volume prothétique utilisable (VPU) et hauteur occluso-prothétique utilisable (HOPU)], de dicter les modifications nécessaires à apporter aux structures d’appui et enfin d’optimiser l’utilisation et le choix des futurs moyens de rétention [18, 19].
Il permet par ailleurs de procurer au prothésiste de laboratoire des outils de communication et de transfert de données (clés en silicone et montage directeur polymérisé MDP) et au praticien des outils thérapeutiques individualisés (prothèse amovible partielle provisoire de calage).
La séquence opératoire permettant la gestion esthétique et biomécanique des édentements terminaux étendus au maxillaire par prothèse composite est détaillée à travers un cas clinique.
Une patiente âgée de 39 ans, en bon état de santé général est venue consulter pour bénéficier d’une restauration prothétique maxillaire étendue, afin de retrouver un sourire esthétique.
La patiente présentait un édentement terminal bilatéral très étendu avec persistance uniquement de : 11-21-22-23. Ces quatre dents restantes portaient des dents provisoires inesthétiques et pathogènes ; 11-22-23 étaient reconstituées par des inlay-cores métalliques (fig. 2, et ).
Les surfaces d’appui muqueuses étaient fermes et adhérentes aux tissus osseux sous-jacents. Les tubérosités étaient peu volumineuses, le palais large, mais peu profond ; les crêtes étaient de faible valeur pour la stabilisation. La forme de l’arcade en U était favorable à la sustentation par l’exploitation d’un appui maximum des surfaces d’appui (cf. fig. 2).
La gencive marginale présentait un aspect inflammatoire en rapport avec les prothèses provisoires pathogènes.
Absence de 37, 48 et 47.
38 et 36 présentaient des obturations coronaires volumineuses et cliniquement défectueuses.
35 portait une prothèse provisoire alors que 46 était recouverte par une couronne coulée de conception ancienne (fig. 3).
Le plan d’occlusion de l’arcade mandibulaire correct en orientation et en situation pourra être conservé. L’examen du rapport inter-arcade mettait en évidence une crête maxillaire s’inscrivant à l’intérieur de l’arcade mandibulaire et un espace prothétique disponible suffisant (fig. 4 et ).
Édentement maxillaire de type classe I de Kennedy Applegate (K.A).
Guidage dysfonctionnel en propulsion et afonctionnel en diduction droite, perte de calage et de centrage mandibulaires.
La restauration prothétique aura pour objectifs de créer un guidage antérieur fonctionnel et protecteur, un calage postérieur centré et stable situé à une DVO physiologique, une occlusion répondant aux principes de classe I d’Angle en respectant le surplomb, le recouvrement et les rapports occlusaux corrects.
La fonction masticatrice sera rétablie par compensation de l’édentement maxillaire à une dimension verticale correcte, sans omettre de restaurer l’esthétique en utilisant des systèmes d’attachements.
Après discussion avec la patiente des différentes solutions thérapeutiques envisageables, la solution implantaire a été écartée compte tenu des possibilités financières limitées de la patiente ainsi que des difficultés rencontrées lors de telles réalisations prothétiques mixtes. Aucune investigation complémentaire de la radiographie panoramique n’a été faite.
La solution qui semble offrir le meilleur rapport coût/bénéfice demeure la réhabilitation de l’arcade maxillaire par une prothèse composite. Elle consiste en l’élaboration d’un bridge étendu de 11 à 23 avec 12 en extension et la réalisation d’une PAP à châssis métallique, intégrée à ces éléments de prothèse fixée pour compenser l’édentement postérieur. Cette solution permet de dissimuler les éléments rétentifs sur les dents antérieures et d’assurer la liaison entre la prothèse fixée et la PAPM au moyen de deux attachements ASC 52 disposés en distal de 12 et 23 dans le schéma occlusal suivant :
– intercuspidation maximale (ICM) en occlusion de relation centrée (RC) ;
– en diduction droite, une fonction de groupe (sur les futures dents artificielles de la PAPM) avec des contacts équilibrants non travaillants ;
– la diduction gauche sera assurée par la canine avec désocclusion non travaillante ;
– en propulsion, un guide antérieur fonctionnel avec désocclusion postérieure pour assurer la stabilité de la PAPM ;
– restauration à la dimension verticale actuelle établie par de nouvelles prothèses fixées transitoires.
Le tracé prospectif du châssis métallique (fig. 5) doit contribuer à un équilibre biomécanique optimal de la prothèse lors de la mastication d’aliments durs et collants [20].
Une plaque palatine large assurera une sustentation et une stabilisation maximales en exploitant la surface d’appui ostéo-muqueuse aux conditions anatomiques assez favorables.
La barre cingulaire, particulièrement indiquée dans les cas d’édentements terminaux, assurera à la fois la répartition des contraintes occlusales entre structures dento-parodontales et ostéo-muqueuses et la stabilisation antéro-postérieure de la prothèse.
Le mouvement de rotation distale engendré par la dualité tissulaire est neutralisé par la mise en œuvre d’empreintes anatomo-fonctionnelles correctes et par le choix judicieux des attachements. [21].
La 12 sera en extension pour :
– déplacer distalement l’axe de rotation ;
– améliorer l’esthétique par un déplacement de la fausse gencive en distal et le respect de la symétrie entre les dents prothétiques ;
– ménager la place de l’attachement dans l’épaisseur du métal. Ainsi on profite de tout le volume de 12 pour intégrer la masse de l’attachement.
Les attachements choisis sont des ASC52 : ce sont des attachements extra-coronaires comportant un système de résilience exploité uniquement dans ce type de conception pour absorber les contraintes. Ils seront positionnés en distal de 12 et 23.
Les attachements assurent la liaison entre PAPM et prothèse fixée et la rétention par friction, mais ne modifient en rien la conception du châssis d’une classe I de K.A (dont les principes ont été définis plus haut) [22, 23, 24].
La situation mésiale des potences sur les dents bordant l’édentement minimise l’action nocive sur ces dents de tout mouvement d’enfoncement de la selle en orientant la force à l’intérieur de l’aire de sustentation dentaire.
Les fraisages réalisés permettent de ménager l’emplacement de la barre cingulaire, de respecter les rapports d’occlusion antérieurs et d’assurer un confort phonétique [25, 10].
Il faut préciser que ce choix thérapeutique est justifié par :
– la bonne valeur intrinsèque et extrinsèque des dents résiduelles ;
– la bonne valeur des tissus de recouvrement (fibro-muqueuse adhérente aux plans profonds sous-jacents) ;
– le faible volume de la dent en extension ;
– les conditions anatomiques favorables (palais et crêtes peu résorbées) ;
– sur le plan biomécanique, malgré l’opposition du maxillaire à une arcade dentée qui transmettrait des charges occlusales assez importantes, la 12 en extension ne sera sollicitée dans aucun mouvement excentrique (ni en propulsion, ni en latéralité) et établira un contact léger avec les dents antagonistes en occlusion d’intercuspidie maximale (OIM).
Il a consisté en la dépose des prothèses fixées provisoires existantes et en la mise en place de nouvelles prothèses en résine pour guider la cicatrisation gingivale.
La patiente présentait une gingivite sévère au maxillaire, d’où l’intérêt d’un contrôle de plaque dentaire et d’un détartrage.
Issue du montage directeur maxillaire, elle doit permettre de corriger et de tester la fonctionnalité de la proposition thérapeutique durant une phase de temporisation d’une durée de 3 à 4 mois pendant laquelle cette prothèse va maintenir la DVO, assurer le calage postérieur, permettre le confort masticatoire, soulager les ATM et rétablir l’esthétique (fig. 6).
La restauration prothétique d’usage de l’arcade maxillaire a été entreprise ensuite après validation des paramètres fonctionnels et esthétiques par les prothèses provisoires.
Cette restauration a commencé d’abord par la réalisation de la prothèse fixée qui doit obéir aux règles d’équilibre de la PAP grâce à la morphologie adaptée à recevoir les futurs éléments de la PAP [26, 27].
Les préparations coronaires périphériques sont parallélisées. Une empreinte anatomo-fonctionnelle entraîne la maquette d’occlusion qui a fixé au préalable les rapports d’occlusion définis par les nouvelles prothèses provisoires fixées à la dimension verticale correcte, testée et validée par la prothèse amovible de calage. Cette empreinte est réalisée aux silicones par addition (type Président® Coltène) en un temps et deux viscosités. La moyenne viscosité est appliquée dans l’intrados du PEI, et la faible viscosité est injectée au niveau des préparations dentaires (fig. 7 et ).
Après traitement de l’empreinte, la maquette d’occlusion n’est retirée du moulage qu’après transfert de celui-ci sur l’articulateur.
L’armature métallique du bridge de 12 à 23 est conçue, en se référant au tracé prospectif du châssis de PAPM, avec un fraisage palatin au niveau de toutes les dents restantes pour ménager la place à la barre cingulaire sans surcontour.
Grâce à une table incisive personnalisée, la morphologie palatine testée et enregistrée par les prothèses provisoires fixées a été reproduite sur la restauration définitive pour assurer une intégration occlusale optimale par le respect des paramètres fonctionnels, à savoir le guidage des déplacements mandibulaires selon des trajectoires compatibles avec l’enveloppe de fonction [28, 29].
Des clés en silicone lourd type OPTOSIL® permettent la retranscription des données esthétiques déterminées par les prothèses provisoires sur la restauration définitive.
Deux cannelures en mésial des dents bordant l’édentement ont également été aménagées dans l’épaisseur de l’armature pour loger les connexions secondaires reliant l’appui dento-parodontal aux selles prothétiques.
Les parties fixes et calcinables des attachements ont été mises en place au niveau des dents concernées au stade de la maquette en cire du bridge pour permettre la coulée monolithique de l’armature métallique et minimiser le risque de corrosion endo-buccale [21].
Cette mise en place a été facilitée par l’utilisation du paralléliseur pour obtenir un parallélisme parfait entre les deux attachements, selon l’axe d’insertion de la future prothèse amovible partielle métallique.
L’armature du bridge a été essayée en bouche pour (fig. 8 et ) :
– contrôler son adaptation intime aux limites cervicales ;
– vérifier le dégagement des embrasures ;
– contrôler l’occlusion et le rapport des attachements avec la gencive.
De la même façon que pour l’armature du bridge, le montage de la céramique a été guidé par les clés de silicone réalisées à partir des prothèses provisoires et la clé incisive personnalisée. Le choix de la teinte a été fait à l’aide du teintier correspondant aux dents du commerce pour avoir une harmonie de teinte entre la prothèse fixée et la future PAPM.
Une fois l’essai esthétique et fonctionnel validé, le bridge a été laissé à l’état de biscuit en attendant l’élaboration du châssis de la PAPM.
Pour cette étape, certains auteurs décrivent l’usage d’un montage directeur polymérisé en résine Formatray®, réplique du montage sur cire, qui est alors utilisé comme une maquette d’occlusion. Il peut également être transformé au laboratoire de prothèse, par ajout de résine dans la zone dentée, et être exploité en tant que porte-empreinte pour l’empreinte terminale [30, 31].
Pour ce cas clinique, il a été fait appel à la technique classique car la patiente ne pouvait pas investir dans le montage directeur polymérisé. Une nouvelle empreinte à l’alginate a été effectuée, permettant la réalisation d’un porte-empreinte individuel espacé au niveau du bridge et ajusté aux structures ostéo-muqueuses.
Puisqu’il s’agit d’un bridge antérieur présentant fraisages et support d’attachements distaux, il convenait d’entraîner ces éléments de la prothèse fixée (PF) dans l’empreinte secondaire destinée à l’élaboration du châssis, et ce après avoir garni l’intrados du bridge par un film de silicone (Xantopren® bleu) pour simuler l’épaisseur du futur ciment de scellement définitif.
L’empreinte anatomo-fonctionnelle préconisée a été une empreinte composée globale sous pression digitale, se déroulant en deux temps [22, 23].
Après un marginage :
– des bords du PEI en regard des secteurs édentés ainsi qu’au niveau postérieur (fig. 9), une empreinte de stabilisation au niveau de la surface d’appui ostéo-muqueuse a été réalisée dans un premier temps au thiocol de moyenne viscosité type (Permlastic®) regular (fig. 9) ;
– dans un deuxième temps, une empreinte globale entraînant les éléments fixés a été réalisée, en appliquant le thiocol de moyenne viscosité au niveau du PEI, en regard du bridge et le matériau fluide (Permlastic®) light sur l’empreinte de stabilisation et, par injection, sur les fraisages du bridge (fig. 9) [20].
Après préparation de l’intrados des éléments de prothèse fixée, coffrage des bords de l’empreinte et mise en articulateur du moulage de travail avec la maquette d’occlusion initiale restabilisée sur le nouveau maître moulage, le châssis métallique a été réalisé au laboratoire en respectant le tracé prospectif communiqué par le praticien.
Après essayage du châssis nu et solidarisation en bouche des contre-parties des attachements ASC52 par de la résine Duralay en distal de 12 et de 23 (fig. 10 et ), l’enregistrement du rapport maxillo-mandibulaire en relation centrée à la dimension verticale correcte a été effectué. Pour cela, les selles du châssis maxillaire ont été habillées par de la cire rose jusqu’aux limites déterminées par l’empreinte secondaire et surmontées de bourrelets d’occlusion en cire dure (Moyco® X hard).
Un pré-enregistrement à la dimension verticale établie par le bridge antérieur a d’abord été effectué, suivi de la détermination du rapport maxillo-mandibulaire en occlusion de relation centrée, au moyen d’un articulé de Tench. Ce dernier a consisté en l’aménagement sur le bourrelet d’occlusion d’une hauteur de 2 mm dévolue à un matériau d’enregistrement (cire ALUWAX®) déposé en bandelette sur le bourrelet puis réchauffé à la flamme au moyen de la torche de Hanau.
Le montage des dents prothétiques a été guidé prioritairement par des exigences fonctionnelles et dans une moindre mesure, esthétiques (fig. 11 et ).
Il devait :
– rétablir des contacts occlusaux nombreux, simultanés et bien répartis avec les dents de l’arcade antagoniste ;
– assurer l’équilibre de la prothèse lors des mouvements excentrés de la mandibule, à vide et au cours de la mastication ;
– être en harmonie du point de vue esthétique avec les dents antérieures reconstituées (teinte, dimensions et agencement).
Les règles du montage fonctionnel sont celles de la prothèse complète :
– montage des dents sur la ligne faîtière des crêtes ;
– harmonisation des courbes occlusales avec le schéma occluso-prothétique retenu initialement [32].
Le montage a été validé cliniquement, et la prise en charge des mouvements de propulsion et de diduction gauche par les éléments de la prothèse fixée, vérifiée en bouche conformément au schéma occluso-prothétique choisi. La polymérisation a ensuite été réalisée avec rigueur pour contrôler au mieux les modifications occlusales qui pourraient se produire par rétraction de la résine.
Le bridge a été, en premier lieu, mis en bouche, pour vérifier son aspect définitif après maquillage et glaçage. Secondairement, la PAP a été mise en place et la qualité de son adaptation appréciée. L’occlusion et l’esthétique ont à nouveau été validées. Le concept occluso-prothétique matérialisé devait concilier stabilité occlusale et équilibre prothétique, tout en en assurant une prise en charge atraumatique de l’OIM et des déplacements mandibulaires en propulsion et en diduction, sans déstabiliser la PAPM (fig. 12 et ).
Le scellement définitif des prothèses fixées au verre ionomère a été entrepris, en assurant l’adaptation de la PAPM aux fraisages palatins du bridge.
Les conseils d’hygiène et d’entretien de la prothèse ont été dispensés en insistant sur la nécessité d’un contrôle régulier tous les six mois pour assurer la pérennité de la restauration prothétique.
Le caractère souvent complexe du traitement des édentements terminaux étendus au maxilllaire exige la gestion de multiples paramètres esthétiques, fonctionnels, occlusaux et bio-mécaniques.
Malgré l’essor de l’implantologie, la prothèse composite constitue encore une alternative séduisante pour contourner efficacement les problèmes précités ; cependant la garantie de son succès nécessite une approche multidisciplinaire systématique, une méthodologie codifiée et rigoureuse basée sur le respect de la santé tissulaire, la temporisation et la validation des résultats esthétiques et fonctionnels par les prothèses provisoires fixées et amovibles, le bon choix du tracé du châssis métallique, des fraisages et des attachements.