revue de presse
Dr O. Etienne* Dr JC. Schoeffler**
Les études cliniques et les études in vitro permettent de préconiser l’emploi d’armatures en oxyde de zirconium dans les secteurs latéraux. Cependant, des fractures cohésives de la céramique cosmétique sus-jacente, de type chipping, sont relatées dans la littérature. Différentes causes sont avancées pour expliquer ces fractures et notamment une inadéquation entre les coefficients de dilatation thermique de l’armature et de la céramique...
Les études cliniques et les études in vitro permettent de préconiser l’emploi d’armatures en oxyde de zirconium dans les secteurs latéraux. Cependant, des fractures cohésives de la céramique cosmétique sus-jacente, de type chipping, sont relatées dans la littérature. Différentes causes sont avancées pour expliquer ces fractures et notamment une inadéquation entre les coefficients de dilatation thermique de l’armature et de la céramique cosmétique.
Les objectifs sont doubles : tester le scellement de ponts latéraux en zircone à l’aide de ciments conventionnels à base d’oxyphosphate de zinc et évaluer la stabilité de deux céramiques cosmétiques ayant des coefficients de dilatation thermique différents.
99 ponts sont réalisés sur 75 patients et suivis durant 4 ans.
Les critères d’inclusion sont :
– piliers vitaux ou présentant un traitement endodontique satisfaisant,
– remplacement de deux dents au maximum,
présence des dents antagonistes.
Pour l’ensemble de l’étude, 39 restaurations sont incorporées au maxillaire et 60 à la mandibule. Un total de 81 ponts de 3 éléments, 15 ponts de 4 éléments sur 2 piliers et 3 ponts de 4 éléments sur 3 piliers sont réalisés. La plupart des piliers sont reconstitués à l’aide de matériaux composites.
Le congé périphérique varie de 0,8 à 1 mm avec une dépouille de 6° environ. La réduction occlusale est de 1,5 mm. L’empreinte est prise à l’aide d’un polyéther (Impregum, 3M ESPE) et le scellement est réalisé à l’aide d’un ciment oxyphosphate conventionnel (Harward, Richter et Hoffman).
Le système Cercon Smart Ceramics (Degudent) est utilisé pour réaliser l’ensemble des armatures. Les parois présentent une épaisseur minimale de 0,4 mm et les zones de connexion une surface minimale de 9 mm2.
Dans le groupe expérimental (51 ponts) on applique une céramique cosmétique initialement développée pour des armatures en titane. Dans le groupe CERAMS (48 ponts) une céramique cosmétique spécifiquement élaborée pour le CERCON est appliquée.
Sur l’ensemble de l’étude, 7 ponts de 3 éléments ont dû être refaits. Ainsi, tous groupes confondus, le taux de survie selon Kaplan-Meier est de 94 % à 48 mois.
Parmi les 7 ponts ayant nécessité une réintervention, 4 ont présenté des complications techniques (entre autre 1 fracture de l’armature) et 3 ont présenté des complications biologiques (récidive carieuse après descellement, fracture radiculaire et lésion parodontale).
Après 48 mois, le taux de survie du groupe expérimental est de 93,7 % et de 95,2 % pour le groupe CERAMS.
Pour 23 restaurations, une réintervention après scellement fut nécessaire :
– 6 rescellements (surtout à la mandibule),
– 3 traitements de caries secondaires marginales à l’aide de composites,
– 13 polissages après chipping dont 9 pour le groupe expérimental et 4 pour le groupe CERAMS,
– 1 traitement endodontique après nécrose.
L’analyse statistique ne montre aucune différence significative en fonction du type de céramique appliquée et aucune fracture cohésive de la céramique cosmétique n’a conduit au renouvellement de la restauration prothétique.
Cette étude conclue à un taux de survie global de 94 % après 4 ans d’observation. Ceci correspond aux résultats obtenus par d’autres études. La principale cause de réfection des artifices prothétiques étant la récidive carieuse comme pour d’autres études préalablement publiées. Le respect scrupuleux des recommandations du fabricant, c’est-à-dire une épaisseur minimale de 0,4 mm de l’armature et des zones de connexions de 9 mm2 permet d’obtenir des résultats stables dans le temps.
La revue de littérature associée à l’étude montre que le chipping constitue un problème relatif. Pour des temps d’observation entre 31 et 60 mois, des taux de chipping de 8 à 30 % sont rapportés. La présente étude montre qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux types de céramiques cosmétiques présentant des coefficients de dilatation thermique pourtant différents. Dans cette étude, le phénomène apparaît au niveau maxillaire et mandibulaire alors que d’autres études évoquent une prédominance mandibulaire. La conception de l’armature doit respecter au mieux l’anatomie dentaire afin de stabiliser la céramique cosmétique.
En revanche, le descellement avec développement d’une carie secondaire a été la complication qui a conduit le plus souvent au renouvellement de l’artifice prothétique. L’importance de l’espacement entre le moignon et l’artifice, combinée au scellement à l’aide d’un ciment à base d’oxyphosphate de zinc sont mis en avant pour expliquer le taux élevé de descellement.
Il est intéressant de noter une prédominance des descellements au niveau de la mandibule (8 : 1) qui pourrait provenir de la torsion particulière de l’axe mandibulaire. Dans cette étude, le PANAVIA 21 (Kuraray Europe) a été utilisé pour refixer les artifices prothétiques.
Les épaisseurs de préparations étant proches de celles préconisées pour la réalisation céramo métallique, ceci peut expliquer qu’une seule dent ait dû être traitée endodontiquement.
En tenant compte du délai d’observation restreint de 4 ans, il peut être conclu que :
– le taux de survie de ponts réalisés avec des armatures en zircone dans les secteurs latéraux est encourageant,
– les taux de succès des céramiques cosmétiques sur zircone sont inférieurs à ceux réalisés sur des armatures métalliques. Le chipping étant la complication la plus fréquente,
– le chipping n’est pas influencé par les coefficients de dilatations thermiques différents des deux céramiques cosmétiques employées,
– le descellement, essentiellement mandibulaire, des artifices prothétiques scellés à l’aide d’oxyphosphate est la cause la plus fréquente du renouvellement prothétique,
– le risque de nécrose ne semble pas supérieur aux réalisations céramo métalliques.