Prothèse amovible partielle
Florence Truchot-Lenormand* Yvan Bedouin** Xavier Ravalec***
*DCD, ancien interne, AHU-PH
**DCD, AHU-PH
***DCD, MCU-PH
****Pôle odontologie du CHU de RENNES
2, place Pasteur
35000 Rennes
UFR d’odontologie de Rennes
Campus Santé
2, avenue du Pr-Léon-Bernard
35000 Rennes
La qualité d’une prothèse amovible partielle dépend pour beaucoup de « l’excellence » des informations transmises entre le cabinet et le laboratoire de prothèse. Parmi celles-ci figurent en « bonne place » les empreintes, tant initiales qu’anatomo-fonctionnelles, ces dernières donnant les moulages sur lesquels sont élaborés les châssis des prothèses amovibles. Cet article reprend les techniques et matériaux utilisés à cette fin en distinguant leurs indications relatives et en les illustrant au moyen de cas cliniques.
Impression procedure in removable partial dentures : from the impression to the ambulatory analysis
Quality of removable partial prosthodontics (RPD) depends of the excellence of the transmitted informations between the dental office and the laboratory. Both initial and functional impressions “take a good place” amid them, because the framework construction is elaborated of the master cast the last ones give. The aim of this article is to describe the different techniques and materials used during the diverse impression stages, to precise their relative indications and illustrate them through clinical situations.
L’élaboration d’une prothèse amovible partielle comprend des étapes technologiques dont la réalisation doit être déléguée au laboratoire de prothèse. Il est donc nécessaire de transmettre certaines informations au prothésiste [1].
La première de ces informations est la réplique des structures anatomiques du patient. Elle est obtenue en effectuant des empreintes qui sont ensuite traitées pour donner des moulages positifs des arcades et de leur environnement.
La réalisation d’une empreinte en prothèse partielle amovible pose des problèmes spécifiques :
– reproduction d’éléments anatomiques très différents : dents, tissus ostéo-muqueux et structures périphériques ;
– enregistrement des différences de dépressibilité importantes entre ces structures d’appui [2, 3] ;
– transcription du jeu des organes périphériques afin d’exploiter au mieux les zones stabilisatrices.
Quelle que soit la technique d’empreinte utilisée, certaines exigences sont attendues :
• du matériau à empreinte :
– plasticité avant la prise, assurant un moulage précis ;
– élasticité après la prise, permettant un démoulage sans déformation permanente malgré les contre-dépouilles ;
– fidélité, absence de variations volumétriques ;
– simplicité d’emploi ;
• du porte-empreinte :
– rigidité ;
– enveloppement des tissus à enregistrer ;
– maintien du matériau sans risque de décollement.
L’analyse précise et objective d’un patient nécessitant une réhabilitation prothétique repose sur un examen clinique minutieux, un bilan radiologique adapté ainsi que sur la réalisation d’empreintes d’étude [4, 5]. Les moulages qui en sont issus, témoins de l’état initial de la cavité buccale du patient, vont permettre au praticien d’affiner et de compléter les observations relevées lors des phases cliniques initiales et permettre en particulier une double analyse essentielle :
– analyse au paralléliseur ;
– analyse occlusale.
Ces examens initiaux permettent d’établir un diagnostic bien documenté et d’élaborer un plan de traitement qui sera approuvé par le patient. Tout traitement prothétique s’appuie sur un traitement préprothétique multidisciplinaire plus ou moins important qui vise à préparer la cavité buccale à la réhabilitation prothétique.
Les modifications parfois majeures qu’apporte ce traitement aux structures buccales imposent alors la réalisation de nouvelles empreintes qualifiées de primaires. Elles constituent ainsi la première étape de la phase prothétique proprement dite.
L’empreinte primaire est réalisée en un seul temps à l’aide d’un porte-empreinte du commerce et d’un hydrocolloïde irréversible [6].
Le choix du porte-empreinte s’oriente vers un porte-empreinte plein de type Rim-Lock®, ou perforé (ASA® avec jonc périphérique ou Coe® de GC Dental) (fig. 1, 2, 3 et 4).
L’instrument retenu doit assurer une épaisseur uniforme de matériau et n’interférer ni avec les dents, ni avec les surfaces d’appui. Il peut être aménagé au moyen de butées de cire et/ou modifié par adjonction de matériaux thermoplastiques afin de recouvrir au mieux l’arcade à enregistrer. L’application d’un adhésif (Hold Spray®, Fix®) permet de renforcer l’ancrage mécanique du matériau.
Le matériau à empreinte de choix est l’alginate. Les règles de préparation édictées par le fabricant doivent être scrupuleusement respectées. Un alginate de classe B est généralement suffisant à l’obtention de moulages d’étude et/ou de moulages primaires servant à l’élaboration de porte-empreintes individuels. Un alginate de classe A, correctement préparé, assure une reproduction de détails de l’ordre de 20 µm et permet, dans certaines situations, de réaliser le moulage sur lequel sera conçue l’armature métallique de la prothèse amovible.
L’insertion du porte-empreinte se fait après enduction des faces occlusales des dents présentes, du zénith de la voute palatine lorsque celle-ci est particulièrement marquée, et des autres zones difficiles d’accès. Le porte-empreinte centré est maintenu sans mouvement jusqu’à la prise complète de l’alginate. Celle-ci acquise, le porte-empreinte est dégagé « d’un coup sec », dans l’axe des dents.
L’examen de l’empreinte ne doit révéler ni bulle, ni déchirure, ni interférence avec le porte-empreinte. Les excès d’alginate sont découpés afin de prévenir toute déformation lors du transport de l’empreinte (fig. 5).
Le traitement de l’empreinte doit se faire rapidement, après décontamination (pulvérisation de glutaraldéhyde 2 % ou d’hypochlorite de sodium 0,5 %), puis conservation pendant 15 min dans une enceinte close (sac plastique) [7, 8]. Ce procédé permet de s’affranchir des déformations dues à la synérèse (évaporation de l’eau) ou à l’imbibition (absorption de l’eau). Il permet de plus l’élimination par rinçage à l’eau de plâtre de l’acide alginique dégagé lors de la prise du matériau, avant l’investissement de l’empreinte. Le plâtre est coulé par vibration, jusqu’à la ligne de réflexion muqueuse enregistrée. Un socle à double base engrenée est réalisé.
Cette double base permet :
– de contrôler les enregistrements successifs en RC ;
– d’étudier le moulage alternativement sur l’articulateur et sur le paralléliseur.
Les objectifs de l’empreinte primaire sont fonction des situations cliniques.
Dans les cas d’édentements de classes III et IV de Kennedy-Applegate de petite étendue (édentements encastrés de une à trois dents), la prothèse partielle amovible repose essentiellement sur les dents. L’exploitation des versants vestibulaires des crêtes est souvent impossible du fait d’un axe d’insertion défavorable, voire sans intérêt esthétique. De plus, le bord des selles peut parfois être à distance de la ligne de réflexion muqueuse. L’empreinte primaire permet alors d’obtenir un moulage de travail à partir duquel l’ensemble de la prothèse peut être élaboré.
Par ailleurs, et ce sujet sera développé par la suite, dans les cas de classes I et II mandibulaires de petite et moyenne étendue, il est possible de réaliser le châssis de la future prothèse partielle amovible sur le moulage issu d’une empreinte primaire précise, puis d’utiliser ce châssis muni de selles porte-empreintes comme support d’empreinte de correction.
À ces exceptions près, le recours à une empreinte secondaire anatomo-fonctionnelle réalisée à l’aide d’un porte-empreinte individuel s’impose.
Dans la très grande majorité des situations cliniques, les appuis et la stabilisation de la prothèse partielle amovible se répartissent sur les dents et les surfaces ostéo-muqueuses. Il est alors essentiel d’enregistrer la différence de dépressibilité entre ces différentes structures afin d’obtenir un moulage de travail qui permette de concevoir une prothèse dont l’appui sera harmonieusement réparti sur les dents et les crêtes. Il est tout aussi indispensable d’enregistrer précisément les limites d’action musculaire, tant vestibulaire que linguale (ou palatine : jonction vélo-palatine), afin d’adapter le profil des selles prothétiques au jeu des organes périphériques.
Pour atteindre ces objectifs, différentes techniques de prise d’empreinte sont proposées, faisant toutes appel à un porte-empreinte individuel et à des matériaux appropriés.
Le PEI est confectionné sur le moulage primaire sur lequel ont été préalablement marquées les zones de réflexion muqueuse, les brides et les freins remarquables. L’objectif de ce tracé est d’arrêter les bords du porte-empreinte individuel à 1 mm de la ligne de réflexion muqueuse, de prévenir ainsi ses surextensions et de raccourcir son temps d’ajustage en bouche. Ce retrait est porté à 2 mm au niveau des freins.
Après dépose d’isolant sur le moulage, le PEI est réalisé à l’aide de résines chémopolymérisables spécifiques (Formatray® de Kerr, Pekatray® de Heraeus Kulzer, Majortray®, Ivolen® de Ivoclar, etc.) ou photopolymérisables (UV Major®, etc.). D’épaisseur régulière (2 mm), il est espacé au niveau des dents (2 à 4 mm) en raison des contre-dépouilles et adapté au contact des régions gingivo-osseuses ou très légèrement espacé selon l’état de la fibro-muqueuse (ferme et adhérente ou mobile et très compressible) et le matériau à empreinte prévu (fig. 6 et 7).
Dans le cas spécifique de surfaces d’appui muqueuses localement très dépressibles (zones de Schröder, trigone rétromolaire…), le porte-empreinte peut être spécifiquement perforé en regard de ces zones. Un ruban adhésif placé initialement lors de l’insertion en bouche est ensuite enlevé lors de la prise du matériau pour assurer une décompression locale.
Le PEI recouvre toute la partie statique de la surface d’appui sans entraver le jeu des insertions périphériques ; ses volets linguaux dépassent la ligne oblique interne. Dans les secteurs dentés, ses bords sont limités au grand contour gingival. Il possède un élément de préhension : de préférence un bourrelet qui interfère moins avec la lèvre qu’un manche et reproduit sensiblement le volume coronaire des dents absentes (fig. 8).
L’essai en bouche du PEI permet, grâce aux tests dynamiques de Herbst et à des tests phonétiques, de relever et corriger ses surextensions en libérant le jeu des insertions musculaires par meulage [9]. Enfin, un « marginage » avec une pâte thermoplastique (pâte de Kerr®) ou du matériau silicone de viscosité moyenne (exemple : Permadyne Orange®) permet une finition précise, en hauteur et en épaisseur, de ses bords dans les secteurs édentés (fig. 9, 10 et 11).
Pour répondre aux objectifs définis plus haut, plusieurs techniques d’empreinte sont classiquement proposées.
On distingue ainsi :
– les empreintes globales qui réalisent un enregistrement en un seul temps de la totalité de l’arcade, dents et surfaces ostéo-muqueuses, avec un seul matériau ou un matériau en double viscosité ;
– les empreintes composées consistant à enregistrer les appuis dentaires et les appuis muqueux au cours de temps cliniques successifs ;
– les empreintes dissociées ou sectorielles, spécifiquement indiquées dans les édentements mandibulaires terminaux uni- ou bilatéraux de petite et moyenne étendue ;
– les empreintes ambulatoires qui assurent, grâce à des selles porte-empreintes solidarisées au châssis, un enregistrement des surfaces d’appui muqueuses en fonction sur une période minimale de 48 h, et qui sont réservées aux situations cliniques où la dualité de comportement tissulaire est particulièrement marquée.
Le matériau à empreinte utilisé peut être [10, 11] :
– un alginate de classe A dont la haute précision suffit à l’enregistrement des petits édentements de classes III et IV de Kennedy. La fragilité relative du matériau nécessite toutefois, outre l’emploi d’un adhésif spécifique, un espacement régulier du PEI de l’ordre de 4 à 6 mm, tant au niveau des sites dentés que des zones d’appui ostéo-muqueuses. Le porte-empreinte doit en outre être perforé pour prévenir la distorsion du matériau (fig. 12). L’alginate peut également être utilisé en double viscosité. L’alginate de faible viscosité est injecté dans les zones de réflexion muqueuse et les zones dépressibles alors que l’alginate de haute viscosité est disposé dans le corps du porte-empreinte (système Accudent® de Ivoclar-Vivadent). Cette technique, initialement développée pour la prothèse amovible complète, prouve son efficacité en prothèse amovible partielle [12] ;
– un polysulfure de type Permlastic® (Kerr Hawe), utilisé en double viscosité (moyenne et basse). Ce matériau précis, à prise lente (10 min), assure une bonne reproduction des détails. Cependant, sa faible stabilité dimensionnelle exige un traitement rapide de l’empreinte. Sa manipulation est assez délicate, son odeur et son goût désagréables, ce dont il faut prévenir le patient. Il est en outre hydrophobe ;
– un polyéther de type Permadyne® (3M Espe) à la prise plus rapide (6 min), utilisé également en double viscosité, ou Impregum® de 3M Espe, en simple viscosité. Ce matériau hydrophile peut de plus être parfumé ;
– un polyvinyle siloxane tel le Flexitime® Monophase (Heraeus Kulzer) ou Affinis® Monobody (Coltène Whaledent-Roeko) hydrocompatible et thixotrope, préparé automatiquement (mélangeur Dynamix® de Heraeus Kulzer) ou en automélange, assurant un temps de travail (2 min 30 s) et un temps de prise en bouche (2 min 30 s) compatible avec l’enregistrement de la dynamique musculaire (fig. 13) ;
– un vinylsiloxanether (Identium® de Kettenbach) de viscosité moyenne qui associe d’excellentes hydrophilie (angle de contact inférieur à 10° au bout d’une seconde) et mémoire élastique à un temps de mise en œuvre assez long et à une absence de goût ;
– une silicone polymérisante par condensation comme le Xantopren Function® ou le Xantopren Mucosa® de Heraeus Kulzer ;
– une pâte oxyde de zinc-eugénol (Impression Paste® de SS White) en association avec un matériau thermoplastique de type pâte de Kerr® dans certaines situations cliniques particulières qui seront traitées ultérieurement.
Quel que soit le matériau retenu, un adhésif spécifique doit être déposé sur les bords et l’intrados du PEI afin d’éviter le décollement du matériau du porte-empreinte lors du retrait de l’empreinte.
• Technique
Elle se réalise en un temps avec 2 viscosités : moyenne et basse. Le PEI, préalablement essayé et adapté, est encollé avec l’adhésif spécifique. L’hydrophilie du matériau permet de s’affranchir du séchage de la cavité buccale. Les mucosités épaisses sont cependant éliminées. Les anfractuosités (embrasures ouvertes, intermédiaires de bridge, glissières d’attachement…) sont comblées avec un ciment provisoire, de la cire basse fusion, ou encore un élastomère d’une famille différente des polyéthers (Xantopren®, par exemple) (fig. 14).
Les lèvres sont vaselinées. Les deux viscosités sont préparées simultanément par l’assistante et le praticien. Après obtention de deux mélanges homogènes, la moyenne viscosité est disposée par l’assistante à la fois dans les gouttières du PEI et sur les bords en regard des secteurs édentés afin d’éviter tout risque de laminage à ce niveau.
La basse viscosité préparée par le praticien est injectée sur les dents préalablement séchées.
Le PEI est mis en bouche et la manipulation de la musculature (associée à la mobilisation de la langue à la mandibule) est entreprise.
Après polymérisation complète du matériau (6 min), la désinsertion est faite d’un geste vif. L’empreinte est soigneusement examinée de manière à objectiver une définition précise des surfaces d’appui, tant dentaires qu’ostéo-muqueuses et des bords bien soutenus par le porte-empreinte (fig. 15 et 16).
Elle est ensuite rincée, séchée et décontaminée (Sterigum® de Zhermack) (pulvérisation de glutaraldéhyde 2 % et conservation dans une enceinte pendant 15 min), avant d’être coffrée, puis moulée, au plus tôt 30 minutes après sa désinsertion avec un plâtre dur (Micodice® ou Fuji Rock®) de préférence malaxé sous vide.
Le moulage obtenu permet de réaliser toutes les parties prothétiques : châssis, selles et montage des dents prothétiques.
• Indications
Elle est indiquée dans les cas suivants :
– édentements encastrés de moyenne et de grande étendue ;
– édentements postérieurs uni- ou bilatéraux en extension, particulièrement maxillaires ;
– en prothèse composite, lorsque les éléments de prothèse fixée sont entraînés dans l’empreinte secondaire, puis sur le moulage destiné à la réalisation de la PAP.
Elles visent à enregistrer avec précision le comportement visco-élastique du revêtement fibro-muqueux.
• Principe
Les surfaces d’appui dentaires et muqueuses sont enregistrées en deux temps successifs avec des matériaux de viscosité différente.
• Matériaux
À l’exception de l’alginate, tous les matériaux préalablement cités peuvent être utilisés.
• Technique
Dans un premier temps, après réglage des bords du PEI selon les modalités décrites dans la figure 10 (fig. 17), une empreinte de stabilisation permet d’enregistrer la surface d’appui fibro-muqueuse et les limites périphériques des selles prothétiques. Elle se fait au moyen d’une pâte oxyde de zinc-eugénol (Impression Paste®) ou d’un élastomère de moyenne viscosité (Permadyne Orange® ; Flexitime® Monophase ou Dynamix Monophase) (fig. 17 et 18). Le caractère non élastique de la pâte oxyde de zinc-eugénol peut cependant contre-indiquer son usage s’il existe des contre-dépouilles importantes.
Après application d’un adhésif spécifique, le matériau spatulé est inséré dans le PEI. Après retrait des cotons salivaires, le porte-empreinte est inséré en bouche et appliqué sous pression digitale modérée. Le modelage dynamique du matériau est alors entrepris en demandant au patient de mobiliser sa musculature périphérique, au risque d’accentuer cet enregistrement par traction des lèvres et des joues chez le patient timoré.
Après désinsertion, des corrections peuvent être effectuées au niveau des zones de sur et sous-extension (fig. 18).
Dans un second temps, une empreinte globale enregistre simultanément l’ensemble des appuis dentaires et fibro-muqueux. Les zones de retrait marquées (embrasures, pontiques…) sont comblées pour prévenir tout risque de déchirure de l’empreinte.
Le matériau ayant fusé au niveau des dents lors de la première étape est éliminé et le porte-empreinte est soigneusement séché.
Un adhésif spécifique est appliqué. Deux viscosités d’un même matériau sont alors spatulées, puis disposées : au niveau des dents pour le matériau de moyenne viscosité, au niveau des crêtes pour le matériau de basse viscosité. Le porte-empreinte est de nouveau inséré en bouche et maintenu sous pression digitale pendant que les tests dynamiques sont reproduits par le patient.
Après polymérisation, retrait et examen de l’empreinte, on procède à son coffrage et à son traitement selon les mêmes modalités que celles décrites précédemment (fig. 19, 20 et 21).
• Indications
Elles sont indiquées pour les édentements de classes I, II, IV de Kennedy de grande étendue ;
• Principe
Elles consistent à enregistrer les appuis dentaires et les appuis muqueux au cours de deux étapes cliniques différentes et sont exclusivement réservées à l’enregistrement des classes I et II mandibulaires de petite et moyenne étendue.
• Technique
Le châssis est tout d’abord élaboré sur un moulage issu soit d’une empreinte primaire, soit d’une empreinte globale jugée insuffisante. Il est essayé et validé en bouche, puis repositionné sur le moulage sur lequel auront été préalablement disposées de légères décharges au niveau des crêtes (feuille de cire Occlusal Indicator® par exemple). De petites selles porte-empreintes en résine chémopolymérisable (Formatray®, Pekatray®) sont confectionnées et réglées en bouche de manière à ne gêner en rien la dynamique musculaire (fig. 22 et 23).
Chaque selle est munie d’un bourrelet en Stents® ou en résine. Ce bourrelet a pour rôle de préfigurer le futur secteur denté et de contrôler en particulier l’amplitude des mouvements de la langue lors des tests utilisés pour le réglage des bords des selles, puis pendant la prise d’empreinte.
Les bords des selles porte-empreintes sont contrôlés, éventuellement corrigés à l’aide de pâte de Kerr® ou d’élastomère de moyenne viscosité (fig. 24).
Le flux salivaire est contrôlé et les selles porte-empreintes garnies du matériau de surfaçage. Le châssis est inséré et maintenu par une ferme pression digitale exercée sur les seuls éléments de stabilisation (taquets, barres corono-cingulaires). La musculature périphérique, tant vestibulaire que linguale, est alors sollicitée jusqu’à la prise du matériau.
Pour la prise d’empreinte, trois types de matériaux présentent un intérêt du point de vue du temps de travail :
– les pâtes à base d’oxyde de zinc-eugénol ;
– les vinyl polysiloxanes (monophase) ;
– les polysulfures (tableau I).
En l’absence de zone en contre-dépouille (niches rétromolaires) par rapport à l’axe d’insertion du châssis, le choix d’une pâte ZnO-eugénol présente de nombreux avantages : hydrophilie, rapidité du temps de prise (4 min), stabilité dans le temps, absence d’adhésif (fig. 25).
En présence de contre-dépouille, les autres familles de matériaux (silicones monophases en cartouches auto- mélangeuses, polysulfures de basse et de moyenne viscosité…) seront utilisées.
Cette empreinte dissociée peut être conduite de trois façons différentes pour obtenir :
– soit un moulage hybride dont la partie dentée est celle du moulage primaire ;
– soit un nouveau moulage global.
• Le moulage hybride
L’empreinte de correction des secteurs édentés est désinsérée après la prise du matériau. Le moulage primaire est découpé ; seul le secteur denté est conservé. Celui-ci est repositionné parfaitement, puis solidarisé à la cire collante sur le châssis métallique. L’ensemble est coffré et l’empreinte des selles est moulée.
Après la prise du plâtre, le moulage obtenu est taillé et équilibré.
Alors qu’un plâtre dur de type IV a été utilisé pour la réalisation du châssis, ce procédé permet d’utiliser un plâtre plus spécifique pour la réalisation des selles en résine prévenant ainsi tout risque de fracture de ces selles lors du démouflage (fig. 26 et 27).
• Le moulage global
Deux techniques :
1. La surempreinte : l’empreinte de correction ayant été réalisée, le châssis est laissé en bouche. Une surempreinte de l’arcade est alors réalisée à l’alginate avec un porte-empreinte du commerce. Au retrait, le châssis est emporté dans l’empreinte ; celle-ci est préparée en veillant à éliminer toute trace d’alginate qui pourrait recouvrir l’enregistrement des limites des selles, puis investie de manière à obtenir un nouveau moulage de travail (fig. 28).
2. Une nouvelle empreinte des dents antérieures présentes est prise dans la même séance que l’empreinte de correction du secteur édenté.
Pour cela, un fil métallique de 15/10 mm de diamètre est solidarisé aux selles porte-empreintes du châssis du côté vestibulaire, distant de 3 à 4 mm des dents antérieures. Ce fil est entaillé et enduit d’adhésif à silicone afin d’assurer la rétention du matériau.
L’empreinte de correction n’est pas désinsérée.
L’ensemble des dents restantes est enregistré par une silicone en un temps en double viscosité. Cette opération se fait sans appui sur les bourrelets afin de ne pas risquer de déstabiliser par enfoncement le châssis sur ces surfaces d’appui. Après la prise du matériau, l’ensemble est désinséré et traité afin d’obtenir un nouveau moulage global sur lequel seront élaborés les selles et le montage des dents [15] (fig. 29 et 30).
Dans certaines conditions anatomiques difficiles (crêtes flottantes, crêtes en lame de couteau, résorptions extrêmes…), il est parfois très difficile d’obtenir une empreinte anatomo-fonctionnelle de qualité, que celle-ci soit réalisée en un ou deux temps cliniques. Le temps de travail ainsi que le délai de polymérisation finale ne permettent pas d’apprécier les « subtilités fonctionnelles » du patient (fig. 31).
Le praticien réalise alors la prothèse amovible en suivant une technique conventionnelle, puis rebase les selles prothétiques avec un matériau à prise différée qui garde ses propriétés plastiques sur plusieurs jours (Viscogel® de Dentsply, Fitt® de Kerr, Hydrocast® de Sultan Healthcare, GC Tissue Conditioner® de GC, etc.) (fig. 32). La fonction de la prothèse est de nouveau testée et le matériau renouvelé tous les 4 à 7 jours si nécessaire. Le confort du patient obtenu, un ultime « glaçage » de l’empreinte est réalisé avec un élastomère de basse viscosité (Permadyne Bleue®). Une surempreinte permet d’obtenir un moulage de travail sur lequel sera réalisé le rebasage final de la prothèse (fig. 33).
Cette technique se différencie de la réfection des bases prothétiques, opération de maintenance des prothèses amovibles lors de laquelle seuls le châssis métallique et la situation du montage des dents prothétiques sont conservés [16].
L’analyse de la situation clinique, en particulier la connaissance de la physiologie des structures anatomiques et des tissus concernés par l’empreinte, est une étape capitale qui permet de choisir la technique d’empreinte la plus adaptée au cas traité et d’assurer l’intégration de la future prothèse partielle amovible. La connaissance technologique des matériaux est également nécessaire.
Si techniquement l’acte n’est pas compliqué, il nécessite néanmoins une mise en œuvre rigoureuse.
La problématique liée au type d’édentement étant appréhendée lors de la prise d’empreinte, il convient de choisir parmi les protocoles proposés ce qui est « nécessaire et suffisant ». Suffisant, car il faut améliorer le confort du patient en réduisant, quand cela est possible, la durée du traitement. Nécessaire, car la rigueur et la précision permettent un enregistrement précis des surfaces d’appui qui contribue à la bonne intégration et à la pérennité des prothèses.