Les cahiers de prothèse n° 150 du 01/06/2010

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

La mise en charge immédiate ou précoce des implants sur une mandibule complètement édentée est une procédure qui a démontré sa fiabilité. La réalisation de la prothèse d’usage s’avère plus ou moins délicate et rapide selon les protocoles choisis. Le but de cette étude est d’évaluer si le concept de soudure intra-orale est une technique fiable pour la restauration, le jour même de la chirurgie, de mandibules complètement édentées par une prothèse...


Pourquoi ?

La mise en charge immédiate ou précoce des implants sur une mandibule complètement édentée est une procédure qui a démontré sa fiabilité. La réalisation de la prothèse d’usage s’avère plus ou moins délicate et rapide selon les protocoles choisis. Le but de cette étude est d’évaluer si le concept de soudure intra-orale est une technique fiable pour la restauration, le jour même de la chirurgie, de mandibules complètement édentées par une prothèse d’usage « définitive ».

Comment ?

Une série de 20 patients consécutifs entre juillet 2006 et avril 2007 constitue l’échantillon de l’étude. Les critères d’inclusion et d’exclusion sont parfaitement décrits. Sur les modèles d’études réalisés, une prothèse amovible en résine a été réalisée avec 12 dents VITA Physiodens®. Cette prothèse a été évidée pour recevoir la future armature. Tous les patients ont reçu 4 implants Ankylos® (Dentsply-Friadent) de 3,5 ou 4,5 mm de diamètre placés dans la zone antérieure de la mandibule entre les 2 foramens mentonniers. Ces implants mesuraient 11 ou 14 mm de longueur et ont été placés après élévation d’un lambeau muco-périosté. Les piliers définitifs (Balance Base, Dentsply-Friadent) ont été vissés à 20 Ncm sur les implants. Des embases prothétiques en titane ont alors été vissées sur les piliers. Une barre de 2 mm de diamètre en titane commercialement pur (Grade 2) (Bio-Micron SAS Limbiate, Milan, Italie) a été soudée en bouche sur l’embase la plus distale à gauche. La barre a ensuite été façonnée, puis soudée de proche en proche sur toutes les embases en bouche. La passivité de l’armature a été vérifiée en bouche par le test de Sheffield. L’ensemble ainsi relié a été dévissé, des renforts éventuels ont été ajoutés et le tout a été sablé et recouvert d’un opaque (OVS 2 Opaquer) pour éviter les reflets métalliques à travers la résine acrylique. Le lambeau a été suturé et l’armature sablée a été repositionnée en bouche. La prothèse évidée a été placée en bouche et solidarisée à l’armature avec une faible quantité de résine acrylique. L’occlusion a été vérifiée et l’ensemble prothèse et armature a été dévissé et terminé hors de la cavité buccale avec une résine thermopolymérisable. La prothèse définitive a été revissée en bouche le jour même avec un couple de 20 Ncm.

Les paramètres analysés étaient les suivants : survie de l’implant, modification du niveau osseux marginal sur des clichés rétro-alvéolaires standardisés, niveau gingival et complications biologiques et techniques. Ces paramètres ont été vérifiés lors de la pose des implants et de la prothèse, et ensuite 6 mois, 1 an et 2 ans après la chirurgie.

Et alors ?

Un total de 68 implants de 3,5 mm de diamètre et 12 implants de 4,5 mm de diamètre ont été posés : 28 chez des hommes et 52 chez des femmes. Aucun implant n’a été perdu (100 % de survie). Aucune complication biologique ou technique sérieuse n’a été notée (une fracture de cosmétique 21 mois après la chirurgie réparée le jour même). Lors du contrôle à 2 ans, le gain osseux moyen était de 0,21 mm (± 0,25) et la profondeur mesurée au sondage était de 1,38 mm (± 0,41).

À RETENIR :

La restauration d’une arcade mandibulaire totalement édentée à l’aide d’implants est une option prothétique largement décrite dans la littérature que ce soit en prothèse fixée ou en prothèse amovible stabilisée. La fiabilité des résultats obtenus est incontestable. Les moyens en temps de traitement ou en coût financier sont différents selon les options choisies. Ainsi, la réalisation, a priori, d’une prothèse définitive fixée avec armature titane usinée par CFAO représente un coût important. Une technique plus simple, rapide et moins onéreuse, permet d’atteinte le même objectif, à savoir délivrer au patient le jour de la pose des implants une prothèse d’usage parfaitement adaptée. Cet article décrit de façon prospective les résultats obtenus chez 20 patients consécutifs traités avec des implants Ankylos®. Une barre titane soudée directement en bouche sur des piliers titane sert d’armature à la prothèse résine qui est mise en bouche le jour même. Après 2 ans de suivi, tous les implants sont en bouche et on observe des gains osseux autour des implants en moyenne de 0,21 mm.

D’autres études seraient utiles pour confirmer l’intérêt de cette option de traitement simplifié.

Protocole bien détaillé, la faible taille de l’échantillon diminue le poids des conclusions.

Le fait que la restauration soit mise en place le jour de la chirurgie et jamais retirée par la suite réduit les risques de récession gingivale et de perte osseuse. La technique de soudure intra-orale ne semble pas avoir d’effets néfastes sur la survie des implants et la résorption osseuse. Des études avec d’autres implants ou un échantillon plus large seraient utiles pour valider cette technique.