bibliographie
Dans leur dernier ouvrage, Marc Bert et Patrick Missika nous font bénéficier de la richesse de leurs expériences universitaires, cliniques et d’experts judiciaires concernant la thérapeutique implantaire.
En effet, sous forme de chapitres bien distincts mais chronologiques, ils font un point quasi exhaustif sur les conditions actuelles de réussite d’un traitement implanto-porté. En partant de l’analyse du cas présenté par le patient, ils explorent chaque étape en...
Dans leur dernier ouvrage, Marc Bert et Patrick Missika nous font bénéficier de la richesse de leurs expériences universitaires, cliniques et d’experts judiciaires concernant la thérapeutique implantaire.
En effet, sous forme de chapitres bien distincts mais chronologiques, ils font un point quasi exhaustif sur les conditions actuelles de réussite d’un traitement implanto-porté. En partant de l’analyse du cas présenté par le patient, ils explorent chaque étape en abordant tout aussi bien les aspects théoriques que cliniques.
S’appuyant sur une iconographie particulièrement riche, sous forme de clichés radiographiques, photographiques ou de schémas, ils nous livrent quelques rappels sur les matériaux utilisés, mais aussi sur les caractéristiques neuromusculaires ou les concepts occlusaux.
L’intérêt réside également dans le fait que les auteurs n’hésitent pas à présenter certains échecs en les expliquant et surtout en décrivant les solutions de rechange qui ont été choisies. Ce point permettra à un praticien confronté à un échec de l’analyser, le corriger ou plus simplement de trouver dans ces pages une solution à son problème.
Il est évident que ce livre sera une aide précieuse pour tout chirurgien-dentiste souhaitant améliorer ses connaissances dans cette technique faisant partie intégrante de l’arsenal thérapeutique moderne. En revanche, nous pouvons regretter que certains aspects aient été plus « survolés » que d’autres. Par exemple, la technique de comblement de sinus qui n’est qu’abordée : ni description, ni photos.
Et c’est vraisemblablement là que se situe la limite de cet ouvrage. En effet, et les auteurs le précisent bien, cette technique de greffe osseuse au maxillaire ne s’adresse à des chirurgiens formés et compétents. Malheureusement, il faut aussi ajouter que ce livre ne s’adressera qu’à des praticiens ayant déjà pratiqué quelques chirurgies implantaires simples et encadrées. En aucun cas, le praticien débutant ne pourra s’appuyer sur les informations contenues dans ce livre pour oser sa première chirurgie.
D’ailleurs, il suffit de reprendre dans le détail la présentation des Drs Bert et Missika qui rappelle qu’il n’y a pas si longtemps, la pose de fixtures restait l’apanage des seuls praticiens autorisés à la pratiquer après un stage très formalisé en Suède. Or, c’est avec la démocratisation de cette technique associée à la pression commerciale des fabricants que de plus en plus d’implants sont posés après de courtes présentations spécifiques à la marque les commercialisant.
Et apparaît là la vraie question posée par cet ouvrage. Les auteurs, en s’appuyant sur leurs expériences d’experts, dénoncent l’absence d’obligations légales des compagnies concernant la fourniture dans le temps des pièces de leurs systèmes, ce qui, dans de nombreux cas, laisse le patient sans solution de traitement. Or, nous pouvons nous demander si la législation n’évoluerait pas nécessairement si l’implantologie était reconnue et prise en charge (même partiellement) par toutes les assurances publiques et privées comme une véritable alternative médicale et que les implants commercialisés étaient soumis à plus de contrôles. Car comment justifier la remarque de la page 32 où il est rappelé que la « ?technique de comblement de sinus peut faire l’objet d’un avenant spécifique de certaines compagnies d’assurances » ?
En effet, pourquoi une technique médicale permettant de soigner des patients selon les données acquises de la science (Code de déontologie) reste-t-elle considérée devant une juridiction légale (Code de la Sécurité sociale ou Nouveau Code civil) comme une banale affaire commerciale ? Elle devrait pouvoir être utilisée pour tous les patients édentés qui en ont besoin avec une sécurité garantie par la compétence du ou des praticiens et la qualité des dispositifs médicaux utilisés. D’autant que la jurisprudence fait apparaître de plus en plus de condamnations de praticiens dentaires pour perte de chance, ces derniers ne pouvant pas apporter la preuve d’avoir proposé une restauration implantaire à leurs patients.