Les cahiers de prothèse n° 149 du 01/03/2010

 

synthèses

Éric Robbiani  

Pourquoi ?

Les porteurs de prothèse amovible complète (PAC) décrivent un certain nombre de problèmes quotidiens comme l’instabilité de la PAC mandibulaire, la diminution de l’efficacité masticatoire, la perte de confiance en soi et des liens sociaux difficiles. Bien que l’impact positif des traitements implantaires sur les patients ait été démontré dans les années récentes, il existe une controverse sur la meilleure stratégie prothétique pour les patients...


Pourquoi ?

Les porteurs de prothèse amovible complète (PAC) décrivent un certain nombre de problèmes quotidiens comme l’instabilité de la PAC mandibulaire, la diminution de l’efficacité masticatoire, la perte de confiance en soi et des liens sociaux difficiles. Bien que l’impact positif des traitements implantaires sur les patients ait été démontré dans les années récentes, il existe une controverse sur la meilleure stratégie prothétique pour les patients édentés. Cette étude a pour objectif d’évaluer l’efficacité, perçue par les patients, des PAC mandibulaires stabilisées par des implants (PSI). Cette étude est une revue de synthèse et une méta-analyse des articles retenus. Les critères évalués sont la satisfaction générale, la qualité de vie et la perception de la santé générale entre le port d’une PAC ou d’une PSI.

Comment ?

La recherche informatique a été réalisée sur Medline à partir de 1966, Embase à partir de 1980 et sur les bases de données Cochrane. Ont été utilisés, pour cette étude, tous les essais cliniques randomisés (ECR) qui concernaient des patients de plus de 18 ans avec une PAC maxillaire et une PAC ou une PSI mandibulaire. Pour ces patients, il devait y avoir eu une évaluation de la qualité de vie en général et en rapport avec la santé buccale sur une période minimale de 2 mois. Toute la stratégie de recherche informatique est parfaitement détaillée. Une recherche manuelle a été menée dans les index des principales revues professionnelles sur 5 ans.

L’évaluation de la qualité méthodologique des articles a été réalisée en suivant les recommandations du Cochrane handbook for systematic reviews of interventions (2008). Les données issues des études ont été utilisées pour une analyse statistique.

Et alors ?

Deux des auteurs ont passé en revue les titres et les résumés et, sur les 2 262 articles issus de la recherche initiale, n’ont conservé que 37 articles. L’analyse critique de ces articles a permis de sélectionner 10 articles (correspondant à 7 essais cliniques randomisés) pour la revue de synthèse. L’influence du type de prothèse sur la satisfaction du patient a été analysée dans une méta-analyse de 6 études (588 patients, 266 PAC, 322 PSI). La satisfaction du patient était significativement meilleure avec la PSI qu’avec la PAC, avec néanmoins une hétérogénéité statistique. La qualité de vie en rapport avec la santé orale (mesurée avec l’index OHIP) a aussi davantage augmenté dans le groupe PSI. Il y avait un manque de preuve pour mesurer l’influence de la PSI sur la santé générale.

À RETENIR :

L’adjonction d’implants pour stabiliser une prothèse amovible complète (PAC) a fait l’objet de consensus pour inciter à leur utilisation. Cette étude est la première qui fait une revue de la littérature et ne retient que des essais cliniques randomisés pour réaliser la méta-analyse et tenter de tirer des conclusions applicables en pratique courante. Elle tente d’évaluer l’efficacité de la prothèse sur implants du point de vue du patient (satisfaction, qualité de vie). La méthodologie de l’étude est extrêmement rigoureuse et parfaitement décrite. Les critères d’inclusion et d’exclusion des articles sont connus, les données extraites des 10 articles retenus (sur 2 262) sont analysées de manière statistique. La méta-analyse de 6 études (588 patients, 266 PAC, 322 PSI) permet de conclure que les patients sont davantage satisfaits de leur prothèse supra-implantaire (PSI) que de leur PAC, mais l’importance de cet effet bénéfique n’est pas connue. La qualité de vie liée à la santé orale est aussi améliorée. Il manque néanmoins encore des preuves notamment sur l’analyse coût/efficacité des deux approches thérapeutiques.

La méthodologie de cette étude est parfaitement décrite et suit les recommandations de la conférence sur la qualité des rapports de méta-analyses de 1999 (Moher et al.).

Deux constats peuvent être tirés de cette méta-analyse :

– la PSI peut être un traitement plus efficace que la PAC si l’on s’appuie sur les indices de satisfaction des patients ou sur la qualité de vie liée à la santé orale. Néanmoins, l’importance de cet effet n’est pas quantifiée ;

– nous manquons de preuves concernant l’effet de la PSI sur la santé générale ressentie.