Les cahiers de prothèse n° 149 du 01/03/2010

 

Prothèse amovible complète (ou totale)

Emmanuel Nicolas*   Jean-Luc Veyrune**   Claire Lassauzay***  


*DCD, Docteur de l’Université d’Auvergne, MCU-PH
**DCD, Docteur de l’Université d’Auvergne, PU-PH
***DCD, Docteur de l’Université d’Auvergne, MCU-PH
****Sous-section de prothèse, DIDO
UFR d’odontologie
11, bd Charles-de-Gaulle
63000 Clermont-Ferrand

Résumé

La réalisation de nouvelles prothèses a parfois un impact négatif sur la qualité de la vie orale des patients totalement édentés. Une étude récente a montré que lors de la réalisation d’une nouvelle prothèse complète bimaxillaire, l’utilisation d’un agent adhésif prothétique (AP) améliore l’indice de qualité de la vie orale (GOHAI) et son intégration. À cet effet, 14 sujets totalement édentés appareillés présentant un indice faible de qualité de vie orale ont été évalués préalablement et après 3 mois d’utilisation d’un AP sur des critères subjectifs (GOHAI) et objectifs (paramètres cinétiques vidéos lors d’une séquence de mastication d’échantillons de fromage et de pomme). Les résultats montrent une amélioration significative de la qualité de la vie orale. Les paramètres cinétiques de la mastication sont modifiés. Ainsi, lors de la réalisation d’une prothèse amovible complète, un GOHAI faible pourrait être un critère de prescription d’un adhésif prothétique afin d’augmenter la qualité de la vie orale des sujets et ainsi optimiser l’intégration de la prothèse.

Summary

Evolution of the oral health-related quality of life for complete denture wearers using prosthetic adhesive

Aims: the setting of new complete dentures, although carried out according to good clinical practices, can have a negative impact on oral health-related quality of life. Hence, the use of an adhesive agent can provide an interesting alternative to implants. The objective of this study was to show that in complete denture, the use of a denture adhesive (DA) can, in some cases, improve the oral health-related quality of life (GOHAI).

Methods: a total of 14 patients wearing a complete denture and who initially showed a low quality of oral life were evaluated after 3 and 6 months by studying the GOHAI score and kinetic parameters (video recording of a sequence during which apple and cheese samples were chewed).

Results: overall, the results show a significant improvement of the quality of the oral life and its components. The kinetics of chewing are modified.

Conclusion: in complete denture, a low GOHAI could be a systematic criterion of use of DA to optimize the integration of the prosthesis.

Key words

adhesive, complete denture, oral quality of life

L’édentement et la réhabilitation prothétique conventionnelle ont un impact négatif sur la qualité de la vie orale [1]. Le succès, ou l’échec, de la réhabilitation orale dépend de nombreux facteurs qui ne reposent pas uniquement sur les connaissances et l’expérience du praticien, mais également sur des conditions orales défavorables [2]. L’aspect psychologique est également important et le rapport patient/praticien est primordial. Quelquefois, en dépit des meilleurs efforts du praticien et de la pleine coopération du patient, l’intégration des prothèses échoue. Dans cette situation, le praticien a l’alternative de proposer des implants dentaires [3]. Les implants améliorent la stabilité de la prothèse et la rétention, en améliorant par conséquent le confort oral et la qualité de vie orale du patient [4, 5]. Cependant, la solution implantaire peut être impossible pour des raisons médicales ou, le plus souvent, pour des raisons financières. Une autre alternative pour ces patients qui ne peuvent s’accoutumer à leur prothèse serait d’utiliser un adhésif prothétique (AP). Dans des conditions normales et une hygiène orale convenable, l’utilisation des AP ne présente pas d’effets indésirables [6-11] et aucun effet secondaire sévère imputable aux AP n’a été répertorié dans la littérature [6]. Cependant, les adhésifs ne sont pas systématiquement prescrits ou conseillés aux patients qui pourraient en bénéficier [12, 13]. Même si les études ont démontré que les AP sont utiles [9, 12, 14-18], les renseignements sur ces produits sont plus souvent fournis par la publicité que par les praticiens. Cela peut s’expliquer par l’hésitation de certains d’entre eux pour qui prescrire un AP serait un aveu de leur incompétence [10].

Les études citées précédemment ont évalué l’apport fonctionnel de l’utilisation de l’AP par des paramètres objectifs (la rétention, la stabilité, la mastication), mais aucune étude clinique ne s’est intéressée à l’évolution de la qualité de la vie orale. L’OHIP, l’OIDP et le GOHAI [19] sont des questionnaires spécifiques qui explorent la qualité de la vie orale. Dans l’étude que présente cet article, la qualité de la vie orale a été évaluée en utilisant le GOHAI (index d’évaluation générale de la santé orale) [20]. La version française de ce questionnaire a été validée [5] et déjà utilisée chez des sujets édentés [1]. L’objectif de cette étude [1] était de montrer que lorsque le patient ne parvenait pas à intégrer ses prothèses, en dépit de leur réalisation conforme aux bonnes pratiques, l’utilisation d’un agent adhésif prothétique pouvait améliorer la qualité de la vie orale du patient.

Méthodes

Cette étude a évalué l’impact de l’utilisation d’adhésifs prothétiques sur la qualité de la vie orale (approche subjective) et sur les paramètres masticatoires (approche objective) chez les patients totalement édentés appareillés présentant un score initial au GOHAI bas. Ces sujets présentant un faible GOHAI ont été invités à utiliser l’AP tous les jours au niveau des 2 prothèses selon le protocole proposé par Grasso [1, 7] sur une période de 6 mois (fig. 1 et 2).

Population

Les sujets de l’étude ont été choisis parmi les patients totalement édentés traités pour une réhabilitation prothétique complète amovible dans le service d’odontologie du CHU de Clermont-Ferrand sur une période de 3 ans (2004-2007). Deux experts ont suivi toutes les étapes de réalisation des nouvelles prothèses. Après une période d’adaptation de 3 mois, la qualité de la vie orale des sujets a été évaluée à l’aide du GOHAI. Les patients capables de répondre au questionnaire GOHAI [20] et présentant un score bas (< 50) ont été inclus dans l’étude. Ont été exclus les sujets :

– porteurs d’implants ou d’overdentures sur dents naturelles ;

– vivant en institution (impact sur la qualité de la vie en général) [15] ;

– incapables de parler ou lire couramment le français ;

– souffrant de dépression sévère ou de désordres psychiatriques (effet négatif sur l’intégration des prothèses) [21, 22].

Au final, 14 patients (7 hommes et 7 femmes), âgés en moyenne de 65 ± 7 ans, ont été retenus. Ils ont été informés des objectifs, des risques et des bénéfices de l’étude et ont signé un consentement éclairé.

Protocole d’étude

L’adhésif prothétique utilisé pour l’étude est commercialisé sous le nom de Polident® (GlaxoSmithKline). Les éléments constituants donnés par l’industriel sont : polyacide (méthyle vinyle éther/maléique), sels de sodium-magnésium-zinc, petrolatum, gomme de cellulose, paraffine liquide, silice, arôme, CI 45430.

Déroulement de l’étude

Les enregistrements (questionnaire GOHAI et paramètres de mastication) ont été réalisés à 3 périodes (T0, T1, T2) :

– T0 = au début de l’étude, avant l’utilisation de l’AP ;

– T1 = T0 + 3 mois d’utilisation de l’AP ;

– T2 : par la suite, il a été proposé aux sujets : soit de cesser l’utilisation de l’AP (groupe 1 : 4 sujets) soit de continuer son utilisation (groupe 2 : 10 sujets) = T0 + 6 mois.

Évaluation de la qualité de la vie orale

Le GOHAI est un questionnaire d’évaluation de la qualité de la vie orale. Il est composé de 12 items explorant 3 champs :

– le champ fonctionnel (le fait de manger, de parler, d’avaler) ;

– le champ psychosocial (les inquiétudes, l’isolement, la gêne relationnelle, l’apparence) ;

– le champ de la douleur ou de l’inconfort (les médicaments, la sensibilité, la gêne en mastiquant certains aliments).

Pour cette étude, la méthode cumulative (GOHAI-addition), qui se compose de la somme obtenue pour chacune des 12 questions du GOHAI a été choisie. Chaque question est côtée de 1 à 5. Le score maximal est 60 (20 pour le champ fonctionnel ; 25 pour le champ psychosocial ; 15 pour la douleur ou l’inconfort). Selon Atchison et Dolan [20], un score de 57-60 est considéré comme élevé et correspond à une bonne qualité de la vie orale. Un score de 51 à 56 est considéré comme moyen et un score de 50 ou moins est considéré comme un score bas et reflète une mauvaise qualité de la vie orale.

Évaluation des paramètres masticatoires

À T0, T1 et T2, les paramètres de la mastication ont été enregistrés en utilisant une méthode vidéo validée pour les porteurs de prothèse complète [23]. Les enregistrements ont été réalisés lors de séquences de mastication d’échantillons de pommes et de fromage cuit, identiques de taille et de forme (disques de diamètre de 2 cm et de 1 cm d’épaisseur). Lors de chaque séance d’enregistrement, les sujets ont mastiqué dans un ordre aléatoire 2 échantillons de chaque type de nourriture. Les séquences vidéos ont été analysées en utilisant Windows Media Player® [23]. Les paramètres de mastication mesurés pour chaque échantillon étaient :

– la durée de la séquence de mastication : vMT ;

– le nombre de cycles masticatoires par séquence : vMC ;

– la fréquence masticatoire : vFQ (vMC/vMT) (fig. 3 et 4).

Recueil et analyse des données

L’analyse statistique a été exécutée en utilisant le logiciel SPSS11.5®. Les paramètres de mastication obtenus lors des enregistrements vidéos ont été analysés via un modèle linéaire général en mesures répétées – variable étudiée : les paramètres de mastication à T0, T1, T2 ; variable discriminante : type d’aliment, groupe de l’étude (1 ou 2).

Les données du questionnaire GOHAI à T0, T1 et T2 ont été analysées en appliquant la mesure répétée sur les paramètres du GOHAI ; variable explicative : groupe de l’étude (1 ou 2).

Résultats

GOHAI

Une amélioration significative du score du GOHAI total (F = 12, p < 0,001) entre T0, T1 et T2 a été observée (fig. 5). De même, a été mise en évidence une amélioration significative des scores obtenus pour chaque champ du GOHAI :

– fonctionnel (F = 7, p = 0,01) (fig. 6) ;

– douleur ou inconfort (F = 8, p < 0,01) (fig. 7) ;

– psychosocial (F = 7, p = 0,01) (fig. 8).

Aucune différence entre les groupes de l’étude n’a été montrée.

Paramètres de mastication

Les données obtenues pendant la mastication des échantillons de fromage et de pomme sont présentées dans le tableau I.

Nombre de cycles masticatoires

L’analyse statistique n’a pas montré de différences entre T0, T1 et T2 pour les échantillons de fromage. Le groupe 1 a montré une légère diminution du nombre de cycles lors de l’utilisation de l’AP. Une différence entre les différentes périodes a été mise en évidence lors de la mastication de pomme, les sujets réalisant moins de cycles de mastication à T2. L’analyse statistique a montré des différences entre les groupes pour le nombre de cycles de mastication, quel que soit l’aliment (F = 3, p < 0,05 pour le fromage ; F = 6, p < 0,01 pour la pomme). Les sujets du groupe 1 ont réalisé plus de cycles par séquence masticatoire que les sujets du groupe 2 à T0, T1 et T2 (F = 10, p < 0,01).

Durée des séquences masticatoires

Aucune différence statistique n’a été mise en évidence quant à la durée des séquences au cours de l’étude. Une légère diminution de la durée des cycles pour le groupe 1 et une augmentation marquée pour le groupe 2 à T1 ont été notées. L’analyse statistique a montré des différences significatives entre les groupes (F = 30, p < 0,05) pour le fromage. Les sujets du groupe 1 ont présenté des durées de mastication pour les échantillons de fromage plus importantes que les sujets du groupe 2 pour les 3 périodes de l’étude (F = 12, p < 0,01).

Fréquence masticatoire

Aucune différence de fréquence masticatoire entre les groupes ou entre les périodes n’a été mise en évidence quel que soit l’aliment.

Discussion

L’objectif de cette étude était d’évaluer l’impact de l’utilisation d’AP sur la qualité de la vie orale de porteurs de prothèses complètes et sur les paramètres masticatoires. Les résultats ont montré une amélioration significative de la qualité de la vie orale et de légères modifications dans les paramètres de mastication des sujets.

GOHAI

Avant l’étude, les sujets présentaient un score de GOHAI faible [20]. Une amélioration significative de la qualité de la vie orale a été observée à 3 mois (T1) et à 6 mois (T2), même si quelques sujets ont cessé d’utiliser l’adhésif à T1. À la fin de l’étude, la qualité de la vie orale des sujets de l’étude peut être considérée comme moyenne (51 ≤ GOHAI ≤ 56). Le GOHAI a augmenté fortement entre T0 et T1, à T2 l’amélioration est moindre, surtout pour les sujets du groupe 1 (ayant choisi de cesser d’utiliser l’AP à T1). L’utilisation de l’adhésif pendant les 3 premiers mois semble ainsi favoriser l’intégration neuromusculaire et psychologique de la prothèse complète. Pendant cette période, l’AP a stabilisé la prothèse, permettant des cycles de mastication plus réguliers, une mastication plus efficace et plus confortable. Il a facilité l’acceptation de la prothèse et amélioré la fonction. L’analyse rétrospective a montré que les sujets du groupe 2 présentaient un score de GOHAI moyen inférieur (39,3 ± 6,3) aux sujets du groupe 1 qui ont cessé l’utilisation de l’AP après 3 mois (44,3 ± 2,6). Pendant la deuxième période (T1-T2), l’utilisation de l’AP par le groupe 2 n’a pas modifié la qualité de la vie orale évaluée par le GOHAI. Les scores du GOHAI ont augmenté légèrement entre T1 et T2, et ce résultat montre les limites de la capacité d’adaptation des sujets à leurs prothèses, malgré l’utilisation de l’AP. De manière similaire, les paramètres masticatoires n’ont pas évolué significativement avec l’utilisation de l’AP, comme si ces sujets étaient au maximum de leur niveau de fonction avec leurs prothèses et ne pouvaient améliorer leurs performances masticatoires. Pour le groupe 1 (AP utilisé sur les 3 premiers mois), les scores du GOHAI n’ont pas évolué entre T1 et T2, suggérant que leurs limites d’adaptabilité à la prothèse ont été atteintes à T1 et qu’ils n’ont pas senti le besoin de continuer à utiliser l’AP. Les sujets du groupe 1 ont utilisé l’adhésif comme un outil pour s’adapter à leurs prothèses et quand les sujets se sont sentis mieux, ils ont considéré incommode de continuer (contraignant, difficile à nettoyer). Les scores de GOHAI de ces sujets n’ont pas diminué entre T1 et T2, démontrant ainsi qu’ils ont conservé les avantages acquis lors de l’utilisation de l’adhésif, même après 3 mois. Parallèlement, l’utilisation de l’AP a aussi amélioré les paramètres masticatoires, puisque les sujets ont exécuté moins de cycles de mastication et ont présenté des séquences de mastication plus courtes. De même, cette amélioration des paramètres perdure à T2.

Ces résultats ont permis de montrer que l’utilisation d’un adhésif prothétique peut contribuer à l’adaptation des sujets à leurs prothèses conventionnelles et améliorer leur qualité de vie orale bien que cette amélioration demeure limitée. Ces limites pourraient être repoussées par la mise en œuvre de procédures implantaires qui améliorent la rétention et la stabilité de la prothèse [24].

Le champ psychosocial exploré par le questionnaire GOHAI est rattaché aux concepts de confort et de bien-être. Au début de l’étude, le score obtenu pour le champ psychosocial pouvait être considéré comme acceptable (le score moyen est de 18/25), mais à T1 une nette amélioration (23/25) a été mise en évidence, ce score étant maintenu à T2. Ces résultats ont confirmé ceux obtenus par de précédentes études [9, 14, 17, 18, 25, 26], montrant que l’utilisation d’un agent adhésif augmente la confiance des personnes en leur prothèse.

Au début de l’étude, le score pour la douleur et l’inconfort était relativement bas (11/15). Avec l’utilisation de l’adhésif, le score s’est amélioré de façon significative à 3 et 6 mois (13/15). Trois hypothèses peuvent être avancées pour expliquer ce résultat. La première hypothèse est que l’AP stabilise la prothèse sur les tissus de soutien et diminue les mouvements [9]. Consécutivement, le risque de blessure ou de douleur est diminué. La deuxième hypothèse repose sur l’effet « amortissant » de l’adhésif, qui protège les tissus et réduit le nombre de particules recueillies sous l’intrados de la prothèse [15, 27]. Enfin, d’autres études ont attribué l’augmentation de la qualité de rétention de la prothèse et de la durée des séquences de la mastication [27] à une amélioration du « confort » de mastication [6].

Cette étude a exploré le champ fonctionnel du GOHAI et relève une amélioration progressive et significative des scores. Les scores à T0 étaient bas (11/20), mais ont augmenté pour atteindre un niveau considéré comme satisfaisant (17/20) à la fin de l’étude. Il a été précédemment décrit que l’utilisation de l’adhésif permettait de diminuer les mouvements prothétiques extrêmes [6, 17, 28] pendant la mastication et la parole [8] en augmentant la rétention de la prothèse [25, 29, 30] et le conditionnement tissulaire [13]. De même, des études ont montré que l’utilisation d’un AP augmentait la capacité d’incision [9, 18, 26], la force d’occlusion [13] et permettait l’application de forces masticatoires plus importantes [15, 27]. Globalement, l’utilisation de l’AP permet l’amélioration de la fonction masticatoire [9, 11, 30, 31] et les autres fonctions orales [32]. Les meilleurs résultats apparaissent surtout quand les conditions cliniques ne sont pas favorables à la réhabilitation prothétique, en particulier lorsque la qualité des tissus est faible [33] lors d’hyposialie ou quand le patient présente une faible capacité d’adaptation. Ceci est particulièrement vrai lorsque la capacité d’apprentissage et la coordination neuromusculaire sont faibles [34].

Paramètres de mastication

Les porteurs de prothèses complètes réalisent davantage de cycles de mastication que les sujets dentés pour le même échantillon d’aliments [35, 36]. Bien que les études précédentes aient montré l’influence de l’AP sur les paramètres masticatoires [9, 11, 30, 31], nos résultats n’ont montré aucune amélioration significative. Cela pourrait être expliqué par les critères d’inclusion, qui ont autorisé à inclure des patients présentant une bonne santé générale. En dépit de prothèses bien ajustées, réalisées sous la surveillance de praticiens expérimentés, certains patients traités dans le service (les sujets de l’étude) ont exprimé une faible qualité de la vie orale. Ces sujets peuvent être considérés comme la proportion des patients, sans pathologie générale, incapables de s’adapter et de vivre confortablement avec leurs prothèses conventionnelles. Des études complémentaires seraient utiles pour percevoir quels paramètres sont prédictifs de cette limitation d’adaptabilité à la prothèse.

Même dans la situation où une amélioration des paramètres masticatoires est démontrée, l’impact sur l’efficacité de la mastication doit être évalué. L’analyse de la granulométrie du bol alimentaire avant la déglutition est la seule procédure qui permettrait de confirmer l’amélioration de l’efficacité masticatoire [37].

Conclusion

Cette étude confirme que l’utilisation d’un adhésif prothétique sur une période de 3 mois semble améliorer l’adaptation à la prothèse dentaire chez les sujets présentant une qualité de vie orale basse. L’utilisation de l’adhésif permet une amélioration de tous les champs explorés par le questionnaire GOHAI, que ce soit au niveau fonctionnel, de la douleur ou de l’inconfort ou au niveau psychosocial. Ceci est vrai tout le long de la période d’adaptation et pour les périodes plus prolongées. En outre, l’étude confirme l’intérêt clinique du GOHAI dans l’évaluation de la réhabilitation prothétique, particulièrement du point de vue des facteurs fonctionnels [5].

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