Les cahiers de prothèse n° 120 du 01/12/2002

 

Synthèses

Éric Robbiani  

À RETENIR :

L'utilisation d'une prothèse supra-implantaire pour restaurer une arcade mandibulaire totalement édentée est une option thérapeutique très répandue.

La documentation scientifique sur ce sujet est cependant assez récente. Cet article réalise une revue de littérature afin de pouvoir établir des recommandations de traitement. Les effets sur la préservation de l'os mandibulaire, sur l'arcade antagoniste, sur le nombre d'implants...


À RETENIR :

L'utilisation d'une prothèse supra-implantaire pour restaurer une arcade mandibulaire totalement édentée est une option thérapeutique très répandue.

La documentation scientifique sur ce sujet est cependant assez récente. Cet article réalise une revue de littérature afin de pouvoir établir des recommandations de traitement. Les effets sur la préservation de l'os mandibulaire, sur l'arcade antagoniste, sur le nombre d'implants nécessaires, les moyens d'ancrages préconisés, les besoins d'entretien, la mise en charge immédiate et la satisfaction du patient sont autant de thèmes abordés. Les insuffisances de la méthodologie de sélections des articles limitent cependant la force des recommandations qui sont pourtant utiles.

Pourquoi?

Bien que très utilisée, la prothèse supra-implantaire (PSI) n'a fait l'objet d'études longitudinales que depuis 1987. Les taux de succès de 98 % à 52 mois décrits par van Steenberghe et al. en 1987 étaient encourageants. Cependant, il existe peu d'études à 5 ans. Cet article recherche dans la littérature sur les PSI les éléments clés de la planification du traitement : les effets sur la conservation de l'os, sur l'arcade antagoniste, le nombre d'implants nécessaires, la conception des ancrages, la mise en charge immédiate, le suivi et la satisfaction du patient…

Comment?

Une recherche Medline a été réalisée de 1987 à 2001. Elle a été complétée par une recherche manuelle d'articles pertinents sur les PSI en langue anglaise.

Les mots clés et critères de sélection ne sont pas précisés. Les critères d'analyse qui permettent de retenir ou d'exclure un article sélectionné sont inconnus. Cela retire malheureusement beaucoup de force aux conclusions.

Et alors?

Sur la base de la littérature disponible, les concepts de traitement suivants peuvent être préconisés :

1. une PSI semble maintenir le volume osseux dans la région antérieure mandibulaire ;

2. chez les patients jeunes ou édentés depuis moins de 10 ans à la mandibule, une prothèse fixe sur implants semble mieux préserver l'os en postérieur qu'une PSI ;

3. les effets des PSI mandibulaires sur l'arcade maxillaire sont controversés. Des résorptions de la zone antérieure maxillaire sont décrites ; des réfections de base sont souvent nécessaires ;

4. la rétention, la stabilité et la capacité masticatrice augmentent légèrement avec une prothèse complète implanto-portée comparée à une prothèse muco-supportée ;

5. plusieurs implants peuvent être recommandés pour une PSI dans les cas d'anatomie particulière, de forces occlusales importantes, en cas de nécessité de rétention plus forte ou d'implants courts (moins de 8 mm) ;

6. en cas de PSI mandibulaire, l'utilisation de 2 attachements-boules est la solution la plus économique, la plus simple et la plus tolérante sur la forme de l'arcade. Cependant, la rétention semble plus faible qu'avec une barre ;

7. le besoin d'entretien d'une PSI mandibulaire sur 2 implants est plus important la première année que les suivantes ;

8. il ne semble pas y avoir de différence statistiquement significative sur les besoins d'entretien pour les PSI mandibulaires sur 2 ou 3 implants ou plus ;

9. la satisfaction des patients est meilleure avec une PSI mandibulaire qu'avec une prothèse amovible classique ;

10. les patients sont aussi satisfaits à la mandibule d'une prothèse implanto-portée (fixe) que d'une PSI (amovible). La stabilité et la facilité d'entretien sont antagonistes ;

11. le système d'ancrage ou le nombre d'implants ne modifient pas la satisfaction du patient dans le cas d'une mandibule avec une résorption modérée réhabilitée par PSI.

L'ensemble de ces recommandations devraient être validées et graduées en fonction du niveau scientifique des articles qui les ont initiées.

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