Le plan de traitement prothétique

Le plan de traitement prothétique est une ligne directrice que le praticien se fixe pour atteindre son but : proposer au patient la meilleure solution thérapeutique adaptée à son cas. C'est une suite élaborée d'opérations, un ordonnancement logique d'étapes pour arriver à un produit fini qui doit répondre aux objectifs fixés au départ. Comme dans une construction architecturale, cela correspond au cahier des charges, où chaque étape est le maillon d'une chaîne qui doit être cohérente et homogène.

À l'issue d'une observation clinique détaillée et exhaustive, le praticien doit faire preuve de réflexion et de bon sens pour réunir et évaluer les éléments qui ont une influence sur la conception et le déroulement de ce plan. Ces données sont traditionnellement classées en trois catégories :

1. les éléments à caractères médicaux (physique, physiologique, biologique) d'ordre général, régional et local. Ils déterminent les contre-indications médicales ;

2. les aspects affectifs et psychologiques du patient qui mettent en lumière ses desiderata, en fonction de ses doléances et de ses espérances, ainsi que son aptitude à comprendre l'importance et la difficulté du traitement et à en assumer toutes les contraintes ;

3. les données socio-économiques (la place du patient dans la société, sa disponibilité de temps et ses possibilités pécuniaires) qui sont analysées pour éviter d'échafauder des projets irréalistes qui ne pourront être menés à leur terme de façon satisfaisante.

Ce plan de traitement est donc réalisé en étroite concertation avec le patient en tenant compte de toutes ces données. Toutes les informations nécessaires à sa parfaite compréhension sont ensuite explicitées pour obtenir son « consentement éclairé ». Le devis écrit relate les différentes étapes et les modifications possibles en fonction de certains résultats intermédiaires, il est signé par le patient après un délai de réflexion.

Le plan de traitement idéal est une adéquation intelligente entre les données acquises de la science, les compétences du ou des praticiens et les dispositions médicales, psychologiques et socio-économiques du patient.

Le traitement prothétique d'un cas complexe est souvent multidisciplinaire. Il associe un maximum de compétences pour garantir au patient le meilleur résultat possible. Le praticien prothésiste en est le maître d'œuvre. Il anime la concertation entre les spécialistes et planifie l'ordre des différentes interventions : parodontie, orthodontie, chirurgie implantaire, etc. Les Cahiers de prothèse ont pour vocation de publier :

- des articles traitant de pathologies rares pour que les lecteurs puissent le cas échéant en faire le diagnostic et éventuellement avoir recours à un praticien ou à un centre spécialisé ;

- les résultats de recherches scientifiques et médicales ;

- ou tout simplement des articles permettant de faire le point sur des données validées par la pratique ou par la preuve.

Ce numéro spécial consacré au plan de traitement prothétique ne peut pas être exhaustif tant l'abord multidisciplinaire est important et complexe, mais il remplit sa mission en traitant des aspects thérapeutiques rares d'une part et en apportant des éléments de réflexion pour chaque étape de la réalisation prothétique traditionnelle d'autre part.

Hervé Foray et Vincent Jardel présentent le plan de traitement prothétique adapté à des enfants atteints de la maladie de Christ-Siemens-Touraine, qui touche une naissance sur 100 000. Les différentes prothèses transitoires ne doivent pas contrarier la croissance, mais rétablir l'esthétique et la fonction. Ces traitements sont toujours difficiles.

Didier Maurice et al. exposent la prise en charge des défauts maxillofaciaux par l'odontologiste et le rôle de ce dernier dans l'équipe thérapeutique. Après le traitement, la maintenance hors du système hospitalier dans un contexte libéral est parfaitement possible.

Paul Mariani et Grégory Stephan proposent un protocole thérapeutique pour l'utilisation d'implants comme éléments de rétention dans les cas d'édentements totaux uni ou bimaxillaires. Les données récentes montrent que la mise en charge immédiate des implants permet de répondre rapidement aux attentes du patient sans hypothéquer l'ostéointégration. Stéphane Barthélémi et Alexis Moreau définissent et situent le traitement d'ODF à intégrer au stade préprothétique. Le redressement des dents piliers de bridge en est l'exemple le plus fréquent, mais l'amélioration de la situation corono-radiculaire en pratiquant des extrusions forcées ou l'aménagement des sites implantaires sont tout aussi indispensables.

La réflexion de François Descamps et al. démontre que l'analyse occlusale et la conception du projet prothétique sur articulateur sont une nécessité incontournable. Il faut comprendre et analyser plutôt que se fier systématiquement à son instinct.

L'évaluation de la dimension verticale d'occlusion (DVO) reste énigmatique, tant de propos contradictoires ont été écrits à son sujet. Jean-Daniel Orthlieb et al. avancent de façon rationnelle et méthodique les arguments qu'il faut retenir lorsque l'on doit augmenter ou diminuer la DVO en prothèse fixée.

Enfin, Gérard Derrien et Vincent Jardel montrent le rôle de la prothèse amovible partielle à châssis métallique pour le rétablissement de la fonction occlusale dans les cas cliniques difficiles lorsqu'ils ne peuvent pas être traités par de la prothèse fixée.

Tous ces articles sont étayés par la présentation de cas cliniques pertinents, illustrés par une iconographie de qualité. Il convient de remercier sincèrement tous les auteurs qui ont contribué à la réalisation conforme à notre attente de ce numéro spécial consacré au plan de traitement prothétique.