Éditorial
La jurisprudence nous contraint aujourd'hui à l'obligation de moyens dans la conduite de nos traitements cliniques. Les données acquises de la science doivent être appliquées sans faillir. Bien sûr, il existe un décalage incontournable plus ou moins long entre la prise de connaissance d'une nouveauté, son apprentissage et son application clinique. Aussi, n'est-il pas aussi important de maîtriser que de connaître ?
L'obligation de résultat, qui prévalait hier encore,...
La jurisprudence nous contraint aujourd'hui à l'obligation de moyens dans la conduite de nos traitements cliniques. Les données acquises de la science doivent être appliquées sans faillir. Bien sûr, il existe un décalage incontournable plus ou moins long entre la prise de connaissance d'une nouveauté, son apprentissage et son application clinique. Aussi, n'est-il pas aussi important de maîtriser que de connaître ?
L'obligation de résultat, qui prévalait hier encore, n'était-elle pas plus valorisante ? Ne nous est-il jamais arrivé d'enfreindre les lois académiques et de réussir un traitement ? Le résultat se résume souvent, au bout du compte, à la seule satisfaction du patient. Chacun d'entre nous se doit de connaître ses propres limites, ce qui consiste à ne pas se retrouver dans une situation difficile et à forcer son talent pour en sortir. Aujourd'hui, personne ne peut prétendre être au faîte de toutes les disciplines. La compétence de chacun est de fixer, de reconnaître et d'admettre son incompétence dans certains domaines. Et puis, l'apparition des labels, des normes qui concernent les produits et matériaux cliniquement propres (et demain, les techniques elles-mêmes) va peu à peu enfermer notre pratique dans des contraintes, des prisons (obligations de moyens), qui vont rogner, petit à petit, notre esprit d'invention clinique et de création.
Et en plus, il y a les querelles d'école ! Une barre contra-muqueuse de type Ackermann ou des attachements à boutons-pressions ? Empreinte primaire au plâtre ou aux alginates ?
Non, tout compte fait, l'obligation de résultat nous laisse, à nous et nous seuls, le choix des moyens, l'initiative dans le strict respect du patient qui attend des soins attentifs et suivis. Ce doit être notre seule responsabilité, le prix de la liberté.