Prothèse amovible complète (ou totale)
Caroline Bertrand * Véronique Dupuis ** Olivier Hüe ***
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Assistante en prothèse
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Maître de conférences
UFR d'odontologie de Bordeaux-II
16 à 20, Cours de la Marne -
33082 Bordeaux Cedex
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Maître de conférences,
praticien hospitalier
UFR d'odontologie de Paris-VII - Unité de prothèse -
Service d'odontologie de l'hôtel-Dieu
5, rue Garancière - 75008 Paris
Une démarche clinique simple peut apporter une petite amélioration dans la pratique quotidienne au profit du patient et du praticien.
Cet article présente une technique d'empreinte à l'alginate rebasée, décrite par Hüe et Escure et applicable dans le cas où les dents sont peu mobiles et en présence de segments édentés étendus. Cette empreinte est réalisée en deux temps : d'abord, une empreinte des secteurs édentés est prise avec un alginate de consistance normale puis, dans un deuxième temps, un rebasage des secteurs dentés et édentés est obtenu avec le même alginate, mais de consistance plus fluide. Le problème posé réside dans la possibilité d'être confronté à une séparation entre les alginates de viscosités différentes lors de la désinsertion de l'empreinte primaire. Nous avons souhaité tester leur capacité d'adhésion sur cinq alginates différents, utilisés couramment dans notre exercice quotidien, après un séchage simple et après un séchage suivi de la mise en place d'un adhésif. Nous présentons les résultats de cette expérimentation qui montre le bénéfice tiré par l'utilisation concomitante d'un séchage préalable et d'un adhésif.
This paper introduces an impression technique with a hydrocolloid, which will help to avoid any risk of movable teeth's untimely extraction which can be feared when the primary impression is removed. Described by Hüe and Escure, it is suitable in the case of removable teeth and wide toothless areas. This impression is carried out in two stages. At first, an impression of the edentulous areas is done with an hydrocolloid of normal consistence. Next, after the elimination of the material which are spread out over in the dentulous areas as well as the elimination of the edentulous sides 2 mm under the mucuous reflection line, a rebasement of the dentulous and edentulous areas is obtained with the same hydrocolloid of a more fluid consistence. The problem lies in the possibility that a separation between the hydrocolloids of different viscosity during the primary impression's removal can occur. We wished to test their adherence's capacity after a simple drying and after a drying followed by an adhesive's setting, on five different marked hydrocolloids, currently used in our daily practice. We set out the results of this experimentation which shows the advantage of using both a preliminary drying and an adhesive together.
L'élaboration d'une prothèse complète transitoire ou immédiate ne peut se faire qu'à partir d'un modèle de travail satisfaisant. La prise d'empreinte constitue donc une des étapes essentielles dans la conduite du traitement. En effet, les empreintes doivent enregistrer au mieux la forme, les reliefs et la dépressibilité des tissus muqueux, le volume et la position des zones de réflexion muqueuses, l'emplacement et l'orientation exacts des freins dans le but d'obtenir, malgré la présence de dents restantes, un joint périphérique stable, garant de la bonne rétention de la future prothèse. La prise d'empreinte peut se révéler problématique lorsque subsistent, en bouche, quelques dents mobiles que l'on ne veut extraire sous aucun prétexte avant la phase chirurgicale.
Hüe et Escure ont proposé, dans un article publié dans la Revue d'odonto-stomatologie en 1995 [1], de multiples techniques d'empreintes primaires et secondaires pour pallier cet inconvénient.
Parmi ces techniques, l'une d'elles a retenu particulièrement notre attention. Il s'agit de l'empreinte primaire à l'alginate rebasée. Elle est indiquée en présence de dents mobiles et de secteurs édentés étendus.
1. Choisir et adapter un porte-empreinte perforé ;
2. garnir le porte-empreinte d'un alginate de consistance dense, le placer en bouche et mobiliser les organes paraprothétiques en regard des zones édentées ;
3. retirer le porte-empreinte après gélification ;
4. à l'aide d'un bistouri, découper les bords de l'empreinte à 2 mm au-dessous de la ligne de réflexion muqueuse, décharger les freins et éliminer l'alginate qui a fusé dans le secteur denté. Pratiquer une ou deux saignées au niveau de la voûte palatine (fig. 1) ;
5. l'empreinte est ensuite garnie d'un alginate de consistance fluide, puis replacée en bouche jusqu'à gélification (fig. 2).
Les auteurs soulignent que, en fonction des marques d'alginate, l'adhérence des produits de viscosités différentes est plus ou moins parfaite. Ils conseillent d'essayer soit un séchage préalable de l'empreinte, soit la mise en place d'un adhésif avant d'effectuer le rebasage avec le matériau plus fluide. Aussi, nous avons entrepris de tester quelques alginates à partir d'un cas de Classe I de Kennedy où subsiste seulement le groupe incisivo-canin, mobile, très vestibulé et avec des espaces interdentaires marqués.
Nous avons testé cinq alginates et réalisé deux types d'empreintes sur ce cas clinique :
- une avec séchage préalable ;
- une autre avec séchage, puis mise en place d'un adhésif.
Les résultats sont donnés dans le tableau I. Nous avons quantifié la validité de notre empreinte rebasée comme suit :
• bonne adhérence : quand les deux matériaux ne se désolidarisent pas et que les bords sont parfaitement nets présentant une parfaite continuité ;
• adhérence médiocre : les deux matériaux sont susceptibles de se décoller l'un de l'autre sans solution de continuité ;
• pas d'adhérence : lors du retrait de l'empreinte, on observe un arrachement complet des deux parties de l'empreinte.
Cette expérience montre le bénéfice tiré par la mise en place d'un adhésif. Il apparaît donc souhaitable, pour optimiser le résultat de l'empreinte, de sécher, puis d'enduire l'alginate de consistance dense d'un adhésif avant tout rebasage. La coulée de l'empreinte doit être effectuée dans les plus brefs délais.