Article
Witold JURCZYŃSKI 1 / Edyta FURTAK 2 / Andrzej ŻEGLEŃ 3 / Katarzyna SUCKIEL 4
1- PhD Senior Lecture CMUJ
Exercice privé
Kraków Center of Perio-Endo Globus 30-510 Kraków ul.Rejtana2
Contact: w.jurczynski@periopraktyk.pl2- DDS
Exercice privé,
Cracovie, Krakow3- DDS
Exercice privé,
Poronin4- DDS
Exercice privé,
Wrocław
RÉSUMÉ
L'objectif de cette étude à cohorte, selon la méthode dite de la bouche divisée, est de comparer la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement (Zuchelli, De Sanctis 2000) avec la technique de tunnélisation (Zuhr, Hurzeler, 2007) ayant pour objectif le recouvrement radiculaire sans greffe de tissus.
Ont été retenus pour cette étude des sujets en bon état de santé général et périodontologique, avec des recessions d'au moins 2 mm (Classe I selon la classification de Miller) sur 3 dents successives sur la mâchoire supérieure et des deux côtés.
La largeur et l'épaisseur gingivales minimales doivent être de 2mm autour de chaque dent. Le postulat de l'étude de cohorte est de comparer les deux méthodes afin de déterminer l'efficacité de chacune de ces procédures, en prenant en compte des paramètres cliniques et économiques.
L'objectif principal est de déterminer le pourcentage de recouvrement radiculaire, la largeur de gencive kératinisée et l'effet esthétique global après traitement.
The purpose of the cohort, split-mouth design study is to compare the coronal advanced flap technique (according to Zuchelli and De Sanctis 2000) with tunnel technique (Zuhr i Hurzeler 2007r) in root coverage without connective tissue graft.
Systemically and periodontally healthy subjects with at least 2 mm recession class I according to Miller on three consecutive teeth in upper jaw, on both sides were enrolled in the study.
Minimal gingival width and thickness must be 2 mm by every tooth. The assumption of the cohort study is to compare both methods by assessing the effectiveness of these procedures takin into account clinical and economical parameters.
The main objective is to assess the percentage of root coverage, the amount of keratinized gingiva and the assessment of after-treatment esthetics.
Le traitement des récessions gingivales est un aspect important de la chirurgie plastique parodontale, et le choix de la bonne technique de recouvrement des récessions est un facteur clé pour obtenir un effet esthétique et recréer des structures parodontales adéquates. La recherche d'un protocole qui réunisse ces attentes a conduit à l'émergence de techniques entièrement nouvelles ainsi qu'à la modification de techniques déjà existantes (Cairo et Pini-Prato, 2010 ; Nieri et al., 2009 ; Zuhr et al., 2007). Le choix de la bonne technique dépend de facteurs qui sont en partie liés aux caractéristiques du défaut (hauteur et largeur de la récession, présence/absence de gencive kératinisée, largeur et hauteur des papilles interdentaires, présence de freins, profondeur du vestibule) et dépend en partie du patient (Nieriez al., 2009 ; Santamaria et al., 2010). Du point de vue du patient, la technique choisie doit garantir le recouvrement total de la surface radiculaire tout en induisant le minimum de problèmes et de traumatismes. En plus d'un recouvrement radiculaire complet, l'effet esthétique global dépend également de l'aspect et de la structure de la gencive, de son épaisseur et de sa couleur.
La classification de référence initiale de Miller n'est plus considérée comme un outil valable lorsque l'on applique de nouvelles techniques de microchirurgie pour le recouvrement radiculaire, bien qu'elle soit toujours reconnue et que certains auteurs fondent encore leurs études sur elle (Rasperini et al., 2011). Le succès d'une technique de microchirurgie pour le recouvrement d'une récession s'évalue par le pourcentage de surface radiculaire recouverte par du tissu mou à la fin de la période de cicatrisation ainsi que par le repositionnement de la gencive marginale au-dessus de la jonction émail-cément. Il peut arriver que seule la surface dentinaire la plus coronaire demeure visible ce qui, en fin de traitement, pourrait être considéré comme un échec sur le plan esthétique (Zucchelli et De Sanctis, 2000). Ce problème vient d'une mauvaise évaluation de la position de la jonction amélo-cémentaire, qui constitue la frontière anatomique entre la couronne de la dent et la surface radiculaire. De ce fait, à la fois d'un point de vue diagnostique et pronostique, il est extrêmement important de situer la position de la jonction émail-cément sur une dent présentant une récession gingivale (Miller, 1985 ; Wennström, 1994 ; Zucchelli et al., 2011). De plus, de récentes études indiquent que non seulement le tissu interproximal mais également bon nombre d'autres facteurs influencent le résultat final du traitement chirurgical des récessions gingivales. Parmi ces facteurs figurent une hauteur de papille réduite, une dent en rotation et l'extrusion d'une dent associée ou non à une usure occlusale. Dans de telles situations cliniques, on ne peut espérer qu'un recouvrement partiel de la surface radiculaire exposée (Pini-Prato, 2011 ; Zucchelli et al., 2011).
Une approche microchirurgicale pour le traitement des récessions gingivales semble aujourd'hui être la seule approche et revêt toute son importance pour garantir un résultat chirurgical prévisible. Le but de la présente étude est de comparer deux techniques de recouvrement des récessions : la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement (Zucchelli et De Sanctis, 2000) et celle du tunnel modifié (Zuhr et al., 2007). L'objectif principal est d'évaluer le degré de recouvrement de la récession et la largeur de gencive kératinisée.
Alors que des progrès considérables ont été accomplis dans le traitement des récessions unitaires, les récessions multiples ont continué à représenter un défi clinique durant ces dernières années. D'après Zucchelli, les récessions unitaires ont une incidence qui se raréfie et le défaut s'étend généralement aux dents voisines (Nieri et al., 2009). Par conséquent, les techniques de traitement chirurgical disponibles pour les patients qui ont une demande esthétique majeure doivent répondre aux objectifs établis suivants :
– la technique doit garantir que toutes les récessions sur les dents voisines seront recouvertes en un seul temps chirurgical ;
– la technique doit être efficace et son résultat prévisible ;
– le tissu gingival situé dans la zone de la récession doit être utilisé pour le recouvrement radiculaire ;
– la gencive marginale kératinisée doit être préservée ou, si possible, augmentée ;
– les incisions verticales de décharge doivent être évitées de façon à ne pas laisser de cicatrices inesthétiques ;
– la technique doit garantir la même couleur et la même épaisseur de la zone traitée que celles des tissus voisins ;
– la technique doit être minimalement invasive et garantir le moins de désagréments postopératoires possible pour le patient.
Les techniques chirurgicales doivent satisfaire toutes les conditions requises pour la microchirurgie parodontale de façon à obtenir le résultat final souhaité (American Academy of Periodontology, 1996 ; Zucchelli et De Sanctis, 2000). Les techniques de lambeau enveloppe déplacé coronairement proposées par Zucchelli et De Sanctis en 2000 et par Zuhr et al. en 2007, répondent à toutes les conditions requises précitées (Zucchelli et De Sanctis, 2000 ; Zuhr et al., 2007).
Sept patients en tout ont participé à l'étude. Ils étaient en bonne santé générale et parodontale, étaient des non-fumeurs et présentaient des récessions gingivales multiples dans les quadrants 1 et 2 du maxillaire. Ils ont été sélectionnés et testés dans deux centres situés à Wrocław et à Cracovie. Il y avait trois opérateurs. Les examens préliminaires n'ont pas révélé d'antécédent médical problématique chez les patients qui ne souffraient pas de perte d'attache clinique sauf au niveau des dents atteintes de récession gingivale.
Pour être inclus dans l'étude, un patient devait présenter au minimum 3 dents adjacentes présentant des récessions de classe I de Miller avec une hauteur de récession supérieure à 2 mm bilatéralement au niveau des maxillaires, une hauteur de gencive kératinisée de 1,5 mm d'épaisseur et l'absence de tout défaut au niveau des tissus durs dans la région des surfaces radiculaires exposées.
Après l'examen préliminaire, et une fois le patient sélectionné pour participer à l'étude, un rendez-vous de contrôle de l'hygiène a été programmé 1 semaine avant la chirurgie : durant cette consultation, le patient a reçu les instructions d'hygiène buccale et a été soumis à un détartrage ultrasonique avec un nettoyage de la couronne dentaire et de la racine à l'aide d'une brosse à dents et d'une pâte à polir peu abrasive. La méthode de brossage recommandée était celle de la technique du rouleau pour limiter les lésions de la gencive marginale.
Des mesures cliniques ont été effectuées pour chaque dent à traiter 1 semaine avant la chirurgie et les visites de contrôle ont été programmées à 1, 3 et 6 mois après la chirurgie. Ces mesures sont les suivantes :
– hauteur de la récession (hR), mesurée de la jonction émail-cément à la position la plus apicale de la gencive marginale ;
– hauteur de la gencive kératinisée (KT), mesurée de la gencive marginale jusqu'à la ligne muco-gingivale.
À chacune des étapes, les mesures ont été effectuées par le même clinicien qui a également réalisé la chirurgie. Elles ont été prises à l'aide de la même sonde Hu-Friedy PCPUNC156 et arrondies au demi-millimètre le plus proche.
Les patients ont subi une intervention qui incluait le recouvrement des récessions gingivales multiples présentes sur les deux côtés du maxillaire, en utilisant l'une des deux techniques chirurgicales comparées au cours de l'étude. Le site a été choisi au hasard, un clinicien opérant les deux côtés chez un même patient.
Un côté a été opéré selon la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement avec un remodelage chirurgical des papilles conformément au protocole proposé par Zucchelli et De Sanctis (Zucchelli et De Sanctis, 2000). Le second côté a été traité selon la technique du tunnel décrite par Zuhr et al. dans une version modifiée qui n'utilise pas de greffe de tissu conjonctif (Zuhr et al., 2007). Les interventions ont été réalisées par différents cliniciens dans deux centres de recherche situés à Wrocław et à Cracovie. L'objectif principal de l'utilisation des techniques de microchirurgie est de créer un lambeau sans incisions de décharge. Une approche différente est utilisée pour la zone des papilles interdentaires. Zucchelli et De Sanctis soulèvent les papilles, créant ainsi de nouvelles papilles modelées chirurgicalement, en donnant une forme d'enveloppe au lambeau (Zucchelli et De Sanctis, 2000), raison pour laquelle la technique est qualifiée de technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement. Dans la technique par tunnélisation, les papilles ne sont pas séparées de l'os mais simplement soulevées après avoir été libérées à leur base, ce qui, après avoir élevé le lambeau, donne la possibilité de former un tunnel qui est ensuite déplacé coronairement.
Le lambeau est dessiné en forme d'enveloppe sans incisions de décharge et en créant chirurgicalement de nouvelles papilles (Zucchelli et De Sanctis, 2000). Son étendue est déterminée selon le nombre de dents atteintes de récession, le type de dent atteinte et la hauteur de la récession. L'objectif principal lors de la planification du lambeau est d'élargir l'incision verticale d'une dent dans les deux directions : en mésial et en distal. Après l'avoir placé dans sa position finale avec les papilles créées chirurgicalement, le lambeau prévu est non seulement déplacé coronairement mais aussi latéralement, créant ainsi un mouvement de rotation du lambeau par rapport à son axe de rotation, qui est habituellement l'axe de la canine au niveau de laquelle l'arcade dentaire présente une courbure naturelle. Cette technique chirurgicale nécessite la présence d'au moins 3 dents adjacentes présentant des récessions et l'axe de rotation du lambeau doit être établi sur la dent centrale.
Le lambeau est réalisé par une incision horizontale et sans aucune incision verticale de décharge. L'incision horizontale implique une série d'incisions para-marginales obliques qui traversent les papilles, formant ainsi des papilles chirurgicales. Après le déplacement coronaire du lambeau enveloppe selon l'axe de rotation établi, le sommet de la papille créée chirurgicalement se retrouve placé dans le site où se trouvait jusque-là le sommet de la papille anatomique. Les papilles créées chirurgicalement et reposant en distal de l'axe de la dent subissent une rotation en direction distale, alors que celles reposant en mésial effectuent une rotation en direction mésiale. Les incisions horizontales sont mesurées avec précision, en fonction de la hauteur de la récession sur chaque dent. La technique doit toujours débuter à partir de la dent servant d'axe de rotation au lambeau, qui est généralement la canine. Le lambeau prévu est d'épaisseur variable dans sa partie apico-coronaire, soit une épaisseur partielle, puis totale, puis à nouveau partielle. La surface radiculaire exposée doit être traitée à l'aide d'une minicurette afin d'éliminer toute contamination de la couche de cément superficielle. Avant de suturer, le lambeau doit être vérifié pour s'assurer de sa mobilité totale et sans tension. Il doit reposer passivement à 1 mm coronairement de la jonction émail-cément et les papilles créées chirurgicalement doivent être situées sur le site des papilles anatomiques désépithélialisées. Le lambeau est stabilisé à l'aide de sutures suspendues du côté palatin.
Dans la technique chirurgicale proposée par Zuhr et al., la préparation de l'ensemble du lambeau se fait entièrement à travers le sulcus gingival et sans incisions de décharge (Zuhr et al., 2007). La mobilité complète du lambeau d'épaisseur partielle est obtenue en élargissant la préparation au-delà de la ligne muco-gingivale et en soulevant les papilles. La stabilisation coronaire du lambeau est assurée par les doubles sutures suspendues croisées inventées par l'auteur. La surface radiculaire exposée doit être nettoyée juste avant la chirurgie. Avec cet objectif en tête, les auteurs recommandent d'utiliser une cupule en caoutchouc et de la ponce.
Avant de commencer à travailler sur le lambeau, les espaces interdentaires doivent également être préparés pour les futures sutures suspendues. La création du lambeau d'épaisseur partielle et la préparation du tunnel commencent par une incision intrasulculaire réalisée à l'aide d'une microlame autour du col de la dent atteinte de récession et étendue d'une dent en mésial et en distal. L'élévation des papilles doit se faire le plus tôt possible afin de faciliter la préparation du futur tunnel, ce qui doit s'effectuer à l'aide de bistouris à tunnéliser bien aiguisés. L'utilisation d'instruments de tunnélisation limite le risque de perforation du lambeau. Le tunnel doit recouvrir une dent de plus que la dernière dent atteinte de récession. Il faut utiliser un instrument de tunnélisation pour vérifier que le lambeau est totalement libéré – l'instrument doit passer librement à travers le tunnel ainsi préparé. Les papilles doivent être complètement mobiles sur une même étendue. Le lambeau est stabilisé avec une double suture suspendue croisée, ce qui permet de maintenir le lambeau enveloppe dans sa position la plus coronaire et de comprimer le tissu contre la surface radiculaire.
Le protocole postopératoire implique que le patient soit sous couverture médicamenteuse et reçoive les instructions d'hygiène ainsi que les soins postopératoires nécessaires pour favoriser une bonne cicatrisation. Le patient doit être prévenu que l'utilisation d'une brosse à dents manuelle ou électrique est strictement interdite durant 2 semaines. Les sutures seront déposées au bout de 7 jours. Lors de cette même visite, la plaque dentaire supra-gingivale doit être éliminée avec une brossette tournant à très faible vitesse et un gel de chlorhexidine. Deux semaines plus tard, le patient revient au cabinet dentaire pour une séance d'hygiène professionnelle. Au début de la troisième semaine, il commence à se nettoyer les dents avec une brosse à dents ultra-souple 3 fois par jour, en utilisant la méthode du rouleau, et ce durant les 4 semaines suivantes. En même temps, il peut commencer à nettoyer les espaces interdentaires de façon efficace. Six semaines plus tard, il subit un nettoyage professionnel et se voit rappeler les moyens d'hygiène conventionnels.
Sept patients ont été sélectionnés pour participer à l'étude (6 femmes et 1 homme) et, en tout, 43 dents ont été traitées à l'aide des techniques microchirurgicales. La technique de Zuhr et al. (méthode H) a été utilisée pour traiter 21 dents (Zuhr et al., 2007) et celle de Zucchelli et De Sanctis (méthode Z) l'a été pour 22 dents (Zucchelli et De Sanctis, 2000). Les paramètres suivants ont été mesurés : la hauteur de la récession et celle de la gencive kératinisée. Les mesures ont été effectuées avant la chirurgie, puis 1, 3 et 6 mois après.
Les hauteurs de récession et de gencive kératinisée moyennes avant la chirurgie puis 1, 3 et 6 mois plus tard ont été analysées à l'aide de statistiques élémentaires. Les variables ont été comparées quantitativement à l'aide du test t de Student ou de son équivalent non paramétrique (le test de Mann-Whitney) si elles ne correspondaient pas aux hypothèses d'une variance de distribution et d'hétérogénicité des groupes comparés. Les données précitées ont été présentées sous forme de moyenne et d'écart type pour les variables qui correspondaient aux hypothèses, et à la médiane (Q1-Q3) pour celles qui n'y correspondaient pas.
L'analyse paramétrique de variance a été réalisée pour les mesures reproductibles, alors que le test de Friedman a été appliqué pour les cas où les hypothèses de mesures répétées n'étaient pas remplies. Étant donné le nombre limité de patients, le test non paramétrique de Friedman a fourni la base pour l'analyse statistique des deux techniques : la méthode H et la méthode Z (p < 0,001 pour le test de sphéricité). Une analyse rétrospective post hoc a été effectuée quand les résultats étaient significatifs selon le test ANOVA.
Les tests rétrospectifs post hoc indiquent des différences statistiquement significatives entre les valeurs initiales et celles enregistrées au bout de :
– 1 mois (0-1 mois) ;
– 3 mois (0-3 mois) ;
– 6 mois (0-6 mois).
Pour toutes les comparaisons, p est < 0,001 ; cependant, les résultats pour les différents mois ne présentent pas de différences statistiquement significatives.
Une analyse statistique a été effectuée à l'aide du test non paramétrique de Friedman (p = 0,005). De ce fait, il y a une différence de valeurs pour la hauteur de la gencive kératinisée entre les différents mois.
Une analyse rétrospective post hoc a été effectuée pour les cas où les résultats étaient notés comme significatifs selon le test ANOVA.
Les tests rétrospectifs post hoc révèlent des différences statistiquement significatives entre les valeurs initiales et celle enregistrées au bout de :
– 1 mois ;
– 3 mois ;
– 6 mois.
Cependant, il est important de noter que l'étude a été menée sur une population restreinte. Pour obtenir plus de résultats statistiquement significatifs, il faudrait élargir le groupe étudié.
Une analyse statistique a été effectuée à l'aide du test non paramétrique de Friedman (p = 0,295). De ce fait, il y a une différence de valeurs de la hauteur de gencive kératinisée entre les différents mois.
La hauteur moyenne préopératoire de la récession était de 2,7 mm pour la technique H. Un mois après la chirurgie, la hauteur de la récession était de 0,6 mm et, 3 et 6 mois plus tard, elle était de 0,8 mm (tableau 1 et fig. 1). Le recouvrement moyen de la récession au bout de 1 mois était de 2,1 mm ; au bout de 3 mois, cette valeur était tombée à 1,9 mm pour rester inchangée jusqu'au 6e mois (tableau 2).
Selon la technique H, le recouvrement moyen de la récession exprimé en pourcentage était de 79,5 % 1 mois après la chirurgie ; 3 mois plus tard, il était de 76 % et 6 mois plus tard de 76,9 % (tableau 3).
Pour la technique Z, la hauteur moyenne préopératoire de la récession était de 2,5 mm. Un mois après la chirurgie, elle était de 0,4 mm, 3 mois après elle était de 0,3 mm et 6 mois après de 0,5 mm. Le recouvrement moyen de la récession au bout de 1 et 3 mois s'est maintenu à 2,1 mm.
Selon la technique Z, le recouvrement moyen de la récession exprimé en pourcentage était de 88,4 % 1 mois après la chirurgie ; de 89,5 % 3 mois après et de 82,3 % 6 mois après (tableau 3).
Il est important de noter qu'en raison de l'échantillon restreint de la population, les tests non paramétriques ont été effectués et que les résultats obtenus n'étaient pas statistiquement significatifs.
Néanmoins, une analyse comparative des deux techniques suggère que 6 mois après la chirurgie, on observe un pourcentage plus élevé de recouvrement radiculaire avec la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement (82,3 %) que lorsque l'on utilise la technique du tunnel (76,9 %). Les différences de recouvrement de la récession, en fonction de la technique utilisée et du temps, figurent dans le tableau 1 et, présentées ainsi, elles montrent des résultats très similaires.
Le recouvrement total de la récession (100 %) a été obtenu pour 12/22 dents (54 %) au bout de 6 mois lorsque la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement a été utilisée, comparé à 52 % pour 11/21 dents avec la technique du tunnel. Ces résultats sont comparables (tableau 4).
La hauteur moyenne préopératoire de gencive kératinisée était de 2,6 mm pour la technique H. Un mois après la chirurgie, la hauteur de gencive kératinisée était de 2,9 mm ; durant les mois qui ont suivi, elle s'est réduite à 0,1 mm (tableau 1, fig. 2). Les différences observées dans le changement de hauteur de la gencive kératinisée sont minimes et peuvent être imputées à des erreurs de mesures (tableau 2).
Pour la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement proposée par Zucchelli et De Sanctis, la hauteur moyenne initiale de gencive kératinisée était de 2,4 mm (Zucchelli et De Sanctis, 2000). Cette valeur a augmenté de 0,2 mm 1 mois après la chirurgie ; au bout de 3 mois, elle avait augmenté de 0,2 mm supplémentaire et elle est restée à ce niveau jusqu'à la fin des 6 mois de l'étude (tableau 2).
En comparant l'augmentation de la gencive kératinisée obtenue avec la technique H, on peut observer des différences statistiquement significatives pour la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement entre les valeurs initiales et celles enregistrées au bout de 3 mois, de même qu'entre ces valeurs et celles obtenues 6 mois après la chirurgie (p = 0,01). Cependant, pour examiner ces différences avec plus de précision, il faudrait une étude portant sur un échantillon de population plus large. Cela attire l'attention sur le fait que, avec la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement, l'augmentation de hauteur de la gencive kératinisée s'est poursuivie pendant 3 mois puis est restée stable. Dans le cas de la technique du tunnel, cette augmentation était terminée au bout de 1 mois, après quoi la hauteur de gencive kératinisée a diminué (tableau 2).
Le recouvrement des récessions multiples pose un véritable défi en matière de traitement. Il peut être obtenu avec toute une variété de techniques microchirurgicales. Les méthodes suivantes sont le plus souvent décrites dans la littérature médicale : les techniques de tunnélisation, le lambeau enveloppe déplacé coronairement et les techniques bilaminaires (une association des techniques précitées utilisant une greffe de tissu conjonctif). Il est important de noter que le type de la technique chirurgicale sélectionnée dépend de la situation chirurgicale particulière. La clé du succès esthétique et fonctionnel en termes d'esthétique du « rose » et du « blanc » réside dans le bon diagnostic pour chaque patient.
De nombreux rapports scientifiques indiquent que les techniques prédictibles utilisées pour le recouvrement de récessions de classes I et II sont des techniques bilaminaires. L'utilisation d'une greffe de tissu conjonctif permet d'obtenir les résultats suivants :
– des effets esthétiques stables ;
– une chance accrue d'obtenir 100 % de recouvrement radiculaire ;
– une gencive kératinisée plus haute et plus épaisse ;
– une réduction plus importante de la récession (Zucchelli et al., 2006).
Cependant, il est important de garder à l'esprit que cela s'accompagne des inconvénients suivants :
– un inconfort accru pour le patient (site donneur) ;
– un temps opératoire allongé ;
– des difficultés pour obtenir une greffe importante et d'épaisseur uniforme ;
– un risque accru de déhiscence du lambeau et d'une exposition désagréable et inesthétique de la greffe ;
– un risque opératoire plus élevé (Zucchelli et al., 2006).
D'après Zucchelli et al., la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement garantit une meilleure couleur de la gencive que la technique bilaminaire, améliore le ressenti postopératoire du patient et réduit également la douleur (Zucchelli et al., 2006).
Les techniques de tunnélisation (la technique du tunnel modifié mise au point par Zuhr et al., 2007) permettent d'obtenir un bon résultat esthétique. De nombreux tests cliniques le confirment, montrant que la prédictibilité et la stabilité des résultats dépendent des facteurs suivants :
– pas d'incisions verticales de décharge ;
– pas de préparation des papilles chirurgicale
– déplacement coronaire du lambeau au moyen d'une préparation complète du lambeau muqueux et de l'utilisation de sutures suspendues (Cortellini et Tonetti, 2001 ; Zucchelli et al., 2010).
Il est important de noter que dans toutes les techniques de microchirurgie, l'obtention de résultats postopératoires stables dépend de l'hygiène buccale et des soins postopératoires.
Le but de cette étude était de comparer deux méthodes pour le recouvrement de récessions multiples au maxillaire : la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement mise au point par Zucchelli et De Sanctis ainsi que la technique du tunnel modifiée décrite par Zuhr et al. qui ne nécessitent pas de greffe de tissu conjonctif (Zucchelli et De Sanctis 2000 ; Zuhr et al., 2007). Pour les deux techniques, l'échantillon de population incluait des patients présentant des récessions gingivales de classe I de Miller avec une gencive kératinisée de hauteur et d'épaisseur adéquates. Les patients avaient une bonne hygiène et ont suivi les instructions postopératoires. Il est important de noter que l'étude décrite ici est fondée sur un petit groupe (7 patients) et une période d'observation courte (1, 3 et 6 mois). Les analyses préliminaires mènent aux conclusions suivantes :
– la méthode du lambeau enveloppe déplacé coronairement conduit à une augmentation insignifiante de la hauteur de gencive kératinisée (+ 0,4 mm au bout de 6 mois) par rapport à la technique du tunnel modifiée (+ 0,1 mm au bout de 6 mois) ;
– il est important de souligner qu'avec le lambeau enveloppe déplacé coronairement, l'augmentation de hauteur de gencive kératinisée se poursuit pendant 3 mois, puis demeure stable. Avec la technique du tunnel modifié, cette augmentation est terminée au bout de 1 mois, après quoi, cette hauteur diminue. Cependant ces différences, de l'ordre de 0,1 à 0,2 mm, ne sont pas statistiquement significatives ;
– le recouvrement moyen des récessions (exprimé en pourcentage) obtenu avec la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement est de 82,3 % 6 mois après la chirurgie, et de 76,9 % avec la technique du tunnel. La hauteur moyenne de récession observée dans l'étude au bout de 6 mois était de 0,5 mm pour la technique du lambeau enveloppe déplacé coronairement et de 0,8 mm pour la technique du tunnel modifiée.
L'analyse comparative présentée dans cet article est une étude pilote et, en raison du faible nombre de patients inclus, il est impossible à ce stade d'en confirmer les conclusions. Étant donné le petit nombre d'études disponibles comparant les deux approches pour traiter des récessions multiples sans avoir recours à une greffe de tissu conjonctif, il serait intéressant de se pencher sur ce problème afin de le résoudre. Le résultat à long terme (de 1 à 5 ans après chirurgie) doit encore être évalué.