Article
Chirurgien-dentiste qualifié en orthodontie
Ancien assistant hospitalo-universitaire (Paris V)
Pratique privée (Paris)
L'orthodontie chez l'adulte connaît un grand essor favorisé par la mise au point de techniques et de mécaniques adaptées à l'âge des patients. Elle peut traiter des malocclusions primaires ignorées pendant l'enfance ou l'adolescence mais peut aussi traiter des malocclusions consécutives à des migrations dentaires favorisées par une altération du support parodontal.
La littérature scientifique constate un coût parodontal des traitements orthodontiques et certains auteurs contestent l'utilité même de ces traitements en dehors de la réponse à une demande esthétique ; d'autres évoquent une synergie d'action avec la cicatrisation parodontale.
Il nous semble pertinent de montrer que l'effet délétère sur le parodonte d'une orthodontie adaptée n'est ni une certitude ni une fatalité si on respecte certains principes.
L'orthodontie, en améliorant l'esthétique et la fonction, permet d'éviter des solutions prothétiques plus mutilantes. Ce type de traitement ne peut toutefois s'adresser qu'à des patients motivés et ne doit comporter que des mouvements orthodontiques parfaitement contrôlés.
Un bénéfice du traitement orthodontique pour l'architecture parodontale paraît possible.
Adult orthodontics is experiencing a considerable significant growth, aided by the development of age-appropriate mechanics. It can treat primary malocclusions overlooked during childhood or adolescence, but can also cure dental malocclusions which arise as a result of dental migrations enhanced by an alteration of periodontal support.
Literature finds a periodontal cost of the orthodontic treatments. Authors challenge the utility of these treatments outside of the aesthetic request; others advocate a synergistic action with regards to periodontal healing.
It seems relevant to show that the deleterious effect on periodontal of an appropriate orthodontics treatment is neither a certainty nor a necessity if certain principles are respected.
Orthodontics, by improving aesthetics and function, allows prosthetic solutions which are more mutilating to be avoided. This type of treatment, however, can only be attributed to motivated patients and should only consist of perfectly controlled orthodontic movements.
A benefit of orthodontic treatment with regards to periodontal architecture appears to be possible.
L'espérance de vie a presque triplé par rapport à ce qu'elle était au siècle des Lumières. Cette « quantité de vie » s'accompagne d'un désir de « qualité de vie » à savoir, pour les patients, garder leurs dents dans une esthétique de santé et de sourire.
La parodontie et l'orthodontie font partie des thérapeutiques permettant la réalisation de ces souhaits.
Cependant une récente revue systématique de littérature scientifique, étudiant les effets des traitements orthodontiques sur la santé parodontale, ébranle une certitude admise sur leurs effets non délétères lorsque le parodonte est sain ou assaini. Les conclusions de cette revue sont redoutables : « Il y a une absence de preuves fiables des effets bénéfiques des traitements orthodontique sur la santé parodontale avec au mieux de légers effets néfastes : 0,03 mm de récession gingivale, 0,13 mm d'alvéolyse et 0,23 mm de poche supplémentaire par rapport à des groupes non traités » (Bollen et al., 2008).
En revanche, pour d'autres auteurs, l'application des forces orthodontiques adéquates sur un parodonte assaini semble permettre la préservation du volume tissulaire initial et augmenter l'activité mitotique des cellules parodontales (Melsen et al., 2001). Concernant le potentiel ostéogénique du déplacement dentaire, Vardimon et al.montrent que le mouvement d'une dent à travers un défaut osseux stimule l'apposition osseuse, ce qui suggère un effet bénéfique sur les thérapeutiques parodontales (Vardimon et al., 2001).
Face à ce qui paraît être comme un prix tissulaire des traitements orthodontiques, il nous semble pertinent de montrer que l'effet délétère sur le parodonte n'est ni une certitude ni une fatalité si on respecte certains principes. Certains mouvements orthodontiques semblent même faciliter les traitements parodontaux.
Les patients atteints de parodontite modérée à sévère présentent fréquemment des migrations secondaires, ou migrations dentaires pathologiques. En effet, la perte du support osseux ainsi que la présence éventuelle d'édentements non compensés peuvent être à l'origine de l'apparition de diastèmes, de versions et d'égressions. Ces malocclusions entraînent des perturbations fonctionnelles et esthétiques quand elles concernent les secteurs antérieurs. Elles sont l'objet de doléances de la part des patients, inquiets quant à l'avenir de leurs dents (Boyer et al., 2005).
La prise en charge de ces patients nécessite la mise en œuvre d'un plan de traitement parodontal et orthodontique afin de stabiliser la parodontite tout d'abord, puis de corriger les malocclusions et d'améliorer la fonction et l'esthétique ensuite.
Des travaux expérimentaux et cliniques montrent que si le parodonte est réduit mais assaini et que des mesures d'hygiène appropriées et efficaces sont mises en œuvre pendant la phase active du traitement, les tissus parodontaux ne sont pas affectés par l'exercice des forces orthodontiques, quel que soit le mouvement réalisé. En revanche, si le contrôle de l'hygiène n'est pas optimal et si l'inflammation est présente, le traitement orthodontique sera nocif pour le système d'attache parodontale (Vanarsdall, 1991 ; Zacchrisson, 1997).
Le traitement parodontal débute par la thérapeutique initiale, à savoir un débridement mécanique des poches parodontales (détartrage-surfaçage) destiné à supprimer le facteur étiologique bactérien (le biofilm) ainsi que les facteurs de rétention de plaque (tartre et restaurations inadaptées). Ce traitement mécanique non chirurgical permet de réduire la charge bactérienne globale et de diminuer l'inflammation. Des antibiotiques peuvent être prescrits en cas de parodontite agressive ou sévère. Une réévaluation de l'état parodontal est effectuée 6 semaines environ après cette première phase de traitement et permettra de déterminer si la parodontite est stabilisée. Dans certains cas, certains secteurs plus atteints nécessitent un traitement chirurgical (Renvert et al., 2004 ; Wennstromet al., 1993).
Le contrôle de plaque permet de réaliser un traitement orthodontique sans compromettre un parodonte réduit mais sain (Marks, 2009). La conservation d'un état gingival sain implique l'utilisation d'un appareil orthodontique facile à nettoyer, la mise en place d'un programme d'hygiène rigoureux et le suivi régulier du patient.
La chirurgie pré-orthodontique muco-gingivale peut concerner les dents n'ayant pas suffisamment de gencive attachée. La décision d'effectuer un renforcement gingival dépend, entre autres, de la direction du mouvement dentaire envisagé (Gkantidis, 2010).
Les lésions au niveau des furcations nécessitent une attention particulière car elles sont difficiles à maintenir et peuvent s'aggraver pendant l'orthodontie (Proffit, 1992).
Avant le traitement orthodontique, un bilan de fin de traitement parodontal actif est réalisé (Maeda, 2007). Il se fonde sur plusieurs critères :
– les migrations. Si elles persistent, le traitement orthodontique peut éviter les extractions et les remplacements par prothèse. Dans ce cas, il fait partie intégrante de la thérapie parodontale (Martinez-Canut et al., 1997) ;
– le saignement. Le traitement actif ne peut être considéré comme terminé que lorsque la quasi-totalité des lésions ne saignent pas à la stimulation ;
– le délai entre la fin du traitement parodontal chirurgical et le début du traitement orthodontique, qui est très discuté dans la littérature scientifique. Selon certains auteurs, le traitement orthodontique doit être entrepris entre 3 et 6 mois après un acte chirurgical (Mathews et Kokich, 1997). Pour d'autres, un délai de 1 semaine après la chirurgie est suffisant (Melsen et al., 1988).
Des recommandations plus précises sur le moment optimal pour commencer le déplacement orthodontique après le traitement parodontal et sur les différents paramètres de ce déplacement (intensité des forces, leur rythme) seraient utiles et demeurent discutées.
Les forces orthodontiques, délivrées par un appareil orthodontique fixe, doivent être légères, les plus constantes possible, contrôlées et précises surtout durant la phase initiale, au moment où les cellules participant au processus de remodelage sont recrutées à partir du système vasculaire (Reitan, 1959) ; il est capital que la dent soit déplacée sans destruction osseuse, avec une lame osseuse d'épaisseur constante : c'est la résorption directe (Reitan, 1960 ; Frost, 1986). Des appareils multi-attaches avec des arcs sectionnels ou continus sont utilisés. Ils permettent des déplacements dentaires dans les trois sens de l'espace. L'utilisation d'un appareillage fixe est indispensable pour éviter des mouvements intermittents qui provoqueraient une perte osseuse supplémentaire (hyalinisations à répétition suivant les activations) (Fontenelle, 1982 ; Baron, 1975).
Pendant ce mouvement dentaire, l'ancrage est la résistance d'un corps au déplacement. Lorsque le parodonte est réduit, l'ancrage dentaire l'est aussi. Classiquement, on évoque les principes d'ancrage différentiel : peu de dents à déplacer contre un grand nombre de dents, des mouvements de translation qui s'opposent à la version, l'ancrage extra-oral.
Les orthodontistes sont depuis longtemps à la recherche de l'ancrage absolu, particulièrement chez les patients adultes, c'est-à-dire ayant terminé leur croissance. D'où l'intérêt porté ces dernières années aux ancrages osseux et,depuis peu, aux ancrages temporaires : les micro-vis. Ces systèmes apportent une solution à de nombreux problèmes d'orthodontie en améliorant les indications et les possibilités de traitements, et présentent des avantages comme la simplification et le raccourcissement de la durée du traitement (arguments clés pour le patient), ce qui explique leur utilisation de plus en plus fréquente.
En raison de leurs faibles dimensions(en diamètre et en longueur), ils peuvent être placés entre les racines dentaires adjacentes. Leur utilisation modifie les paradigmes du déplacement dentaire sur parodonte réduit : extension des limites du déplacement, augmentation possible de la force appliquée sans être limité par un ancrage dentaire réduit, simplification du schéma biomécanique et gain de temps par la dispense des phases initiales de traitement (préparation d'ancrage).
La fermeture des diastèmes antérieurs est souvent difficile à atteindre quand ceux-ci sont dus à un effondrement postérieur et à une augmentation du surplomb. Le traitement nécessite la restauration de la dimension verticale d'occlusion postérieure (correction de l'effondrement postérieur), la version des incisives et la fermeture des espaces (Martinez-Canut et al., 1997).
La fermeture des espaces postérieurs dus à des dents absentes sera obtenue en redressant les dents versées et en réalisant une restauration avec prothèse fixée conventionnelle ou implanto-portée. L'objectif est d'obtenir un environnement facile à entretenir. La correction des axes dentaires est souvent indispensable pour la pose de contentions nécessaires dans de bonnes conditions (Boyer et al., 2005).
L'égression est un déplacement induit par une force verticale agissant dans le sens de l'éruption. L'égression orthodontique lente est obtenue par l'application de forces légères et continues provoquant un mouvement pendant lequel la dent emporte avec elle son système d'attache. Ce mouvement peut être utilisé pour niveler un défaut intra-osseux superficiel et permet d'augmenter la hauteur de la gencive attachée, de corriger une récession vestibulaire ou de prévenir tout effondrement de crête (Ingber, 1974, 1976 ; Salama et Salama, 1993 ; Yilmaz, 2000).
Dans une étude réalisée sur des singes présentant des poches de plus de 4 mm, Melsen a montré que l'égression entraînait une apposition osseuse de 0,9 à 1,9 mm. De plus cet auteur confirme qu'il est possible de déplacer la dent avec son parodonte dans la mesure où les forces utilisées sont légères (Melsen, 2001).
L'extrusion est une éruption forcée d'une dent en dehors de son alvéole. Les forces utilisées sont dites lourdes (300 g et plus) (Ogihara et Marks, 2006).
L'ingression est indiquée lorsque le patient présente un allongement des couronnes cliniques. C'est un mouvement, non physiologique, obtenu par l'application d'une force verticale de sens corono-apical et qui tend à réimplanter la dent dans son alvéole. Un tel mouvement implique un déplacement coronaire de l'os.
Pour certains auteurs (Ericsson et al., 1978), ce mouvement crée ou aggrave une poche existante et entraîne une perte d'attache en permettant le passage des bactéries d'une position supra-osseuse à infra-osseuse.
Cependant, les différentes études animales de Melsen ont permis de mettre en évidence la formation d'un nouveau cément et de nouvelles fibres de collagène ligamentaire après ingression dans un environnement parodontal assaini, ainsi qu'un gain d'attache allant de 0,5 à 1,5 mm (Melsen, 1986, 1988).
Nemcovsky et al., après avoir démontré le fort potentiel des cellules desmodontales dans l'apposition osseuse, cherchent à déterminer l'influence du mouvement orthodontique sur la cicatrisation parodontale chez le rat (Nemcovsky et al., 2007). Ils constatent que lorsque l'on déplace une dent à travers un défaut créé chirurgicalement, sans inflammation, la longueur de l'épithélium de jonction résiduel est significativement plus courte que lorsque la dent n'est pas déplacée. Ce résultat a été confirmé par d'autres auteurs : le mouvement orthodontique aurait la faculté d'inhiber partiellement la progression apicale de l'épithélium de jonction (Melsen et Agerbaek, 1991). Concernant le potentiel ostéogénique du déplacement dentaire, les équipes de Vardimon et Nemcovsky montrent que le mouvement d'une dent à travers un défaut osseux est un facteur stimulant l'apposition osseuse, ce qui suggère un effet bénéfique dans les thérapeutiques parodontales (Vardimon et al., 2001 ; Nemcovsky et al., 2007).
Si le contrôle de l'inflammation paraît bien maîtrisé, les facteurs influençant la réparation-régénération le sont moins (Chen et al., 2010).
De nombreuses études ont examiné l'impact de l'orthodontie dans le traitement des lésions intra-osseuses par les procédures régénératives. Certaines d'entre elles soulignent un effet d'optimisation par l'orthodontie des résultats acquis par la chirurgie. Les techniques de régénération tissulaire guidée (RTG) permettent, selon certains auteurs, une préparation au traitement orthodontique par la création de nouvelles fibres de collagène desmodontales et surpracrestales sur la surface en tension, permettant ainsi la transmission du stimulus des forces orthodontiques à l'os alvéolaire (Wikesjö et Selvig, 1999).
Une étude sur l'animal a montré que toutes les poches induites en début d'expérimentations n'étaient plus détectables après l'étape orthodontique précédée par une chirurgie régénératrice : un comblement des lésions par du tissu cémentaire, ligamentaire et osseux a été observé (Diedrich, 1996 ; Diedrich et al., 2003). Ce gain est le résultat de la conjugaison de l'effet régénératif de la procédure chirurgicale et de l'effet d'optimisation du déplacement dentaire provoqué.
Une étude sur des animaux (des chiens) a permis de voir que des lésions interradiculaires de classe III ont pu être réduites, voire éliminées, grâce à un traitement combiné chirurgie parodontale/ingression orthodontique (Da Silva et al., 2006).
Re et al., dans des études menées sur l'ingression d'incisives maxillaires présentant une alvéolyse angulaire, montrent que ce type de mouvement sur un parodonte assaini permet l'élimination de poches initialement profondes, un gain d'attache clinique, le rétablissement d'une longueur de couronne clinique harmonieuse, ainsi que la réduction des récessions parodontales et de la distance entre les jonctions amélo-cémentaires et le niveau de l'os marginal (Re et al., 2002a, 2002b). Le traitement commence à 10 jours postopératoires avec un comblement complet des lésions intra-osseuses observé au bout de 1 an. Cardaropoli et Re confirment des résultats stables au bout de 12 ans (Cardaropoli et Re, 2005).
Les conclusions de ces rapports de cas doivent être étayées et confirmées par d'autres études, sur un plus grand nombre de sujets et pendant une plus longue période.
Il semble donc que l'ingression puisse apporter un réel bénéfice au niveau parodontal, avec l'obtention d'un gain d'attache certain si l'inflammation gingivale est contrôlée (Fontenelle, 1982 ; Melsen et al., 1989).
Ces études cliniques, animales et humaines permettent de mieux comprendre comment le mouvement orthodontique influence la cicatrisation d'une lésion intra-osseuse ou interradiculaire en fonction du défaut et du type de mouvement (Ghezzi et al., 2008).
Toutefois, il n'existe pas de consensus indiquant l'intérêt, l'efficacité, la reproductibilité et la place des techniques de régénération par rapport à un mouvement orthodontique.
Une question intéressante se pose alors : un mouvement orthodontique peut-il limiter les indications de certaines thérapeutiques parodontales par les mécanismes cellulaires et moléculaires qu'il favorise ?
Un traitement orthodontique préalable à la chirurgie parodontale peut permettre de faciliter les possibilités de régénération en diminuant la taille de la lésion, en augmentant la proximité des cellules progénitrices et en améliorant l'accès à la lésion (Reichert et al., 2009). D'ailleurs, Da Silva et al. montrent que la restauration complète du parodonte par régénération reste encore une illusion et que les différentes techniques ne peuvent restaurer qu'une partie du volume parodontal détruit (Da Silva et al., 2006). Par ailleurs, ces techniques semblent retarder le traitement orthodontique.
On peut conclure que si la réparation-régénération peut être optimisée par certaines techniques, il ne semble pas que ce soit le cas avant un traitement orthodontique. Il est préférable alors de différer l'éventuelle régénération à la fin du traitement orthodontique.
Lorsque les objectifs fixés au début du traitement orthodontique ont été atteints, on effectue une réévaluation de l'état parodontal et un bilan occlusal ; la valeur des dents restantes doit être évaluée pour choisir le type de contention. Elle est indispensable chez un patient présentant un parodonte réduit et permet de pérenniser les résultats obtenus, d'éviter les récidives de migration secondaire, de stabiliser les mobilités dentaires et d'assurer un confort masticatoire et fonctionnel.
La question de la durée dans le temps est au cœur d'un débat.
Cependant, la récidive doit être plus étudiée selon sa cause que ses effets. C'est de la recherche sur cet élément que viendra aussi le progrès. Les contentions systématiques postorthodontiques sont une confirmation de nos insuffisances sur les déterminants anatomiques et diagnostiques d'une stabilité pérenne.
Différentes situations cliniques illustrent notre propos.
Une patiente de 60 ans se plaint de mobilités dentaires et de l'ouverture d'un diastème interincisif maxillaire (fig. 1). L'examen clinique et radiologique conclut à une parodontie chronique avec :
– une alvéolyse horizontale, intéressant en moyenne un tiers de la hauteur radiculaire, plus sévère dans le secteur antérieur et latéral maxillaire gauche ;
– une alvéolyse verticale localisée niveau 11–21 (fig. 2).
Cette parodontite est associée à :
– de la plaque et du tartre (indice de plaque : 70 %) ;
– une inflammation gingivale (indice de saignement : 60 %) ;
– un diastème secondaire entre 11 et 21.
Cette patiente présente par ailleurs un diabète moyennement équilibré.
Les objectifs du traitement sont :
– la réduction de l'inflammation ;
– la maîtrise du contrôle de plaque ;
– après réévaluation, un traitement orthodontique de 6 mois pour fermeture du diastème interincisif et une contention coulée-collée.
Le plan de traitement est le suivant :
– thérapeutique étiologique : maîtrise de l'inflammation par détartrage et surfaçage radiculaire ;
– réévaluation au bout de 6 semaines.
La thérapeutique orthodontique comprend :
– un appareillage maxillaire limité au secteur antérieur pour ne pas solliciter les secteurs postérieurs à l'ancrage insuffisant (fig. 3) ;
– le nivellement, l'alignement et la fermeture du diastème, une maintenance parodontale étant assurée avant chaque activation.
Avant même la dépose des mécaniques orthodontiques, la fonction occlusale est ajustée et une contention est assurée par la mise en place d'une attelle coulée-collée (fig. 4).
Ce type de contention s'intègre dans le plan de traitement global afin de restaurer la fonction et l'esthétique de façon pérenne. Son objectif est de stabiliser les résultats obtenus après le traitement parodontal et orthodontique en prévenant les récidives de migration, d'apporter un confort de mastication et de ne pas nuire au niveau esthétique.
Les résultats sont une fermeture du diastème et une diminution de l'angle de jonction de la dent 21 et du rebord osseux. La diminution de cet angle est plus compatible avec une meilleure réparation et, éventuellement, une régénération. Dans cette situation, si la chirurgie est envisagée, elle sera pratiquée après l'orthodontie puisque la lésion initialement large (supérieure à 37°) s'est transformée en une lésion étroite plus favorable à des techniques de régénération (inférieure à 25°) (Steffenson et Weber, 1989) (fig. 5).
Une patiente de 38 ans (fig. 6 à 8) consulte pour une récidive orthodontique, des problèmes parodontaux (fig. 9) et une demande esthétique très importante (grande difficulté à accepter un sourire disgracieux). L'examen clinique, radiologique et microbiologique conclut à la présence d'une parodontite agressive généralisée (fig. 10 à 12) : présence d'Aggregatibacter actinomycetemcomitans très importante avec Porphyromonas gingivaliset Bacteroides forsythus (fig. 13).
Au niveau orthodontique, il s'agit d'une classe II squelettique hyperdivergente, d'une biproalvéolie (11) et de parafonctions (déglutition primaire et accrochage de la lèvre).
Le traitement est étiologique accompagné d'une antibiothérapie ciblée.
Un second prélèvement microbien (fig. 14) confirme la guérison clinique : présence de Prevotella intermedia (germe commensal sans association avec des éléments du groupe rouge ou orange de la classification de Sokransky), absence du saignement et raffermissement des structures gingivales avec une diminution de la profondeur des poches parodontales malgré une application imparfaitedu traitement par la patiente.
Un traitement orthodontique associe un ancrage – utilisant 1 microvis interincisive maxillaire et 2 latérales (fig. 15) – et l'extraction de 2 prémolaires pour un recul du groupe incisivo-canin accompagné d'un mouvement d'ingression des incisives. Des fibrotomies circonférentielles ont été réalisées avant chaque activation pour dissocier le parodonte superficiel du parodonte profond lors du mouvement d'ingression, technique déjà utilisée pendant le mouvement d'égression (Ingber, 1976 ; Salama et Salama, 1993).
Une coordination intra-arcade et interarcades est réalisée.
Le résultat endobuccal est satisfait (fig. 16) : réduction importante de la proalvéolie (fig. 17), ingression incisive et amélioration nette des récessions. L'ingression des incisives a été effectuée sans dommages radiculaires (fig. 18).
L'examen exobuccal montre, en fin de traitement, une amélioration considérable du sourire et du profil (fig. 19 et 20).
Ce traitement aurait été inenvisageable sans l'ancrage des microvis vu la fragilité du support parodontal et l'étendue des mouvements réalisés.
Classiquement, le mouvement d'ingression est réalisé par des forces faibles (10 g par dent, d'après Melsen, 1989) qui ne permettent pas un traitement des récessions du fait du déplacement de la dent avec le parodonte. Or, la demande principale des patients est précisément le traitement de ces récessions et la formation de papilles. L'utilisation des forces plus importantes au moyen des microvis (ancrage absolu) ainsi que les fibrotomies ont permis de déplacer la dent sans le parodonte.
Le résultat gingival sera perfectible par une maintenance et un suivi rigoureux.
Une patiente de 55 ans se présente pour des problèmes parodontaux de mobilités dentaires, saignements et migrations pathologiques en particulier de la 21 (fig. 21). Il s'agit d'une parodontie chronique sévère avec alvéolyse verticale en distal de 21 (fig. 22). Une prise en charge parodontale est réalisée : motivation, détartrage-surfaçage et réévaluation qui montre une stabilisation de la maladie parodontale (traitement réalisé par le Dr Cédric Fievet) (fig. 23).
La patiente, ne disposant que de 3 mois avant un départ définitif de la région, nous a incités à faire un traitement orthodontique rapide : pose de l'appareil orthodontique et d'une micro-vis entre11 et 21 et activation du mouvement d'ingression tous les 15 jours (fig. 24 et 25). Au bout de 3 mois, la dépose des verrous est réalisée, une contention provisoire est posée : le résultat est satisfaisant pour la patiente mais aurait été meilleur si on avait disposé d'un peu plus de temps (persistance d'une légère récession en distal de 21) (fig. 26). L'examen radiologique ne montre aucune résorption radiculaire (fig. 27 et 28) ; il contredit les principes de l'ingression lente avec force faible (10 g par dent, d'après Melsen, 1989) alors que pour ce cas, des forces de 50–80 g ont été utilisées. Cela a été possible par l'ancrage « absolu » de la microvis, évitant un ancrage dentaire plus faible et donc moins stable.
Les molaires sont les dents qui ont le taux de perte le plus important chez les sujets atteints de maladie parodontale non traitée.
Le traitement des atteintes de furcation, ou atteintes interradiculaires, représente souvent un problème en parodontie, principalement associé à leur anatomie complexe et irrégulière.
Le cas présenté est une situation d'une 36 très mobile, en égression et présentant une atteinte de furcation de classe III ; la vitalité de la dent est conservée (fig. 29).
Un traitement initial antibactérien est réalisé suivi d'un traitement orthodontique effectué avec un mouvement d'ingression s'ancrant sur une microvis (fig. 30).
Les résultats cliniques et radiologiques sont spectaculaires, la mobilité devient physiologique et l'on passe d'une atteinte de furcation de classe III à une atteinte de classe I dont le pronostic est plus favorable et plus compatible avec de possibles traitements régénérateurs (Da Silva et al., 2006) (fig. 31).
L'application d'une force orthodontique adéquate sur un parodonte sain ou assaini permet au moins la préservation du volume tissulaire initial, stimule l'apposition osseuse, ce qui suggère un effet bénéfique, et facilite ainsi les thérapeutiques parodontales.
Avec l'essor et les succès de l'implantologie et la « vague titane », il nous a semblé pertinent de mettre l'accent sur l'efficacité du traitement ortho-parodontal.
Une bonne coordination de toutes les étapes du traitement global ainsi qu'une relation biunivoque des différents participants permet de « faire ce que le patient nous demande de faire » : conserver ses dents, même avec un volume parodontal réduit.
Pour mieux étendre cette « synergie fertile », nous devons dépasser différentes controverses et évoluer vers de « nouveaux paradigmes » (Melsen, 2001).
L'auteur déclare n'avoir aucun conflit d'intérêts concernant cet article.