Journal de Parodontologie & d'Implantologie Orale n° 1 du 01/02/2015

 

ÉDITORIAL

Claude Bigot  

Rédacteur en chef invité

Si l'image actuelle du biofilm semble aboutie, elle n'en est pas moins que l'instantané d'une invasion biologique faite d'instabilité et d'incertitudes.

Les invasions bactériennes des sillons gingivaux dentaires peuvent être considérées comme une menace pour le parodonte. Nous pouvons aussi les interpréter comme des signes biologiques correspondant au développement de la réponse de l'hôte et aux communications adaptatives intercellulaires...


Si l'image actuelle du biofilm semble aboutie, elle n'en est pas moins que l'instantané d'une invasion biologique faite d'instabilité et d'incertitudes.

Les invasions bactériennes des sillons gingivaux dentaires peuvent être considérées comme une menace pour le parodonte. Nous pouvons aussi les interpréter comme des signes biologiques correspondant au développement de la réponse de l'hôte et aux communications adaptatives intercellulaires dont elles sont porteuses.

L'élimination à tout crin du biofilm est-elle justifiée, sachant que les espèces invasives ne reviennent jamais aux assemblages antérieurs qui préexistaient et que ces invasions sont fortement liées aux conditions écologiques du lieu et du moment ? Traiter la réponse de l'hôte, moduler la composition du biofilm via l'hôte permettrait-il de mieux traiter les maladies parodontales ? Cette approche permettrait une mise en œuvre plurielle des traitements parodontaux qui répondrait à la diversité plurielle des maladies parodontales. Les docteurs Frédéric Duffau, Philippe Doucet et Marjolaine Gosset essayent avec talent d'aborder cette complexité du vivant.

Les implants ostéo-intégrés représentent incontestablement un progrès considérable. Cependant, que savons-nous réellement de l'influence de la taille des implants et de l'évaluation des critères mécaniques ? Quels sont les éléments les plus appropriés dans cette nature mouvante et adaptative pour répondre aux agressions biologiques ? Ces questions sont développées par le docteur Philippe Bidault.

La fiabilité des nouveaux concepts est constamment mise en question par l'épreuve du temps. L'extraction-implantation immédiate ne fait pas exception à la règle. Est-elle une approche acceptable à long terme? Quels sont les facteurs biologiques qui permettent le succès esthétique et mécanique? Lors du processus de cicatrisation, la présence de la corticale vestibulaire est-elle vraiment nécessaire? Les docteurs Thierry Taïeb et Cédric Fievet développent ce sujet à l'aide de cas cliniques et un recul de près de 10 ans.

Le potentiel adaptatif de la balance inflammatoire aseptique, provoqué en orthodontie par la pression mécanique contrôlée d'une dent, peut-il participer à la thérapeutique régénératrice d'une lésion parodontale ? C'est au travers de cas cliniques que le docteur Étienne Labassy essaye de répondre à cette question.

Accepter l'incertitude et essayer de mieux répondre à la voie étroite de la guérison :

je tiens à remercier tous les auteurs d‘avoir répondu à cette réflexion pour la réalisation de ce numéro.

Je remercie également Initiatives Santé qui a permis de mener à bien ce numéro du JPIO. Il me paraît indispensable de souligner que sans l'intérêt de cet éditeur pour notre discipline et l'activité de son rédacteur en chef, la diffusion de nos savoirs dans la langue de Molière serait plus laborieuse.

Bonne lecture et, comme on dit, « bon vent » !