Recherche clinique
Ortho-Paro
Le but de cette étude est de comparer les modifications osseuses avant et après le déplacement d'une première prémolaire mandibulaire dans le site correspondant à l'agénésie d'une deuxième prémolaire. Les auteurs ont mesuré les variations osseuses transversales et verticales, à la fois dans le site de la deuxième prémolaire remodelé par la translation de la première prémolaire et dans la zone laissée vide par cette...
Le but de cette étude est de comparer les modifications osseuses avant et après le déplacement d'une première prémolaire mandibulaire dans le site correspondant à l'agénésie d'une deuxième prémolaire. Les auteurs ont mesuré les variations osseuses transversales et verticales, à la fois dans le site de la deuxième prémolaire remodelé par la translation de la première prémolaire et dans la zone laissée vide par cette dernière.
Cinquante-cinq patients ont été inclus dans cette étude représentant en tout 71 agénésies de deuxièmes prémolaires. Les variations dimensionnelles ont été mesurées par comparaison avec le modèle en plâtre et la radiographie panoramique initiale (T1) à différents stades: T2 (fin de traitement), T3A (2 ans de contention), T3B (5 ans de contention).
Pendant la période T1-T2, la largeur de la crête a augmenté de 28.,5 % et la hauteur de 1,1 mm.
Pendant la période de contention (T2-T3A, T2-T3B), la largeur de la crête s'est un peu réduite (4,2 %) alors que la hauteur a très peu diminué (0,07 mm). Lorsque l'on compare les deux sous-groupes 1 (os sans implant) et 2 (os implanté durant la contention), on remarque que la perte osseuse entre T2 et T3 est de 5,2 % pour le groupe 1 et de 3,3 % pour le groupe 2.
On peut noter une augmentation considérable de l'os tant en largeur qu'en hauteur dans le site édenté de la deuxième prémolaire.
Dans le courant de la période de contention, entre 2 et 5 ans après la fin du traitement, le gain osseux est stable.
Pendant la contention, la perte osseuse transversale est moins importante dans les sites qui ont déjà été implantés que dans les autres.
Cette étude fait partie de celles, nombreuses, dans lesquelles on propose des déplacements dentaires orthodontiques dans le but de créer de l'os. Elles peuvent intéresser les sites édentés dans le cadre d'agénésie dentaire, maxillaire ou mandibulaire, mais parfois aussi les sites d'extraction suivie d'une fonte osseuse traumatique. Le mouvement dentaire crée de l'os en général grâce au cycle d'apposition-résorption osseuse lorsqu'une contrainte est appliquée sur la dent. On peut réaliser un mouvement de gression radiculaire (une translation pure) mais aussi une égression, voire une ingression dentaire. En théorie, tout est faisable ; en pratique, ces mouvements peuvent être iatrogènes pour les racines ou ressembler plutôt à des versions radiculaires. Gagner de l'os sur une racine fracturée en deçà de la limite osseuse est justifié, permet de conserver cette dernière et repousse la pose d'implant à venir. Pour ce qui est du reste, les techniques actuelles de greffe et les compactions osseuses par ostéotome permettent d'implanter dans quasiment toutes les situations sans être obligé de proposer des mouvements orthodontiques inutiles et iatrogènes. On a toujours un risque de résorption radiculaire ou de fenestration osseuse, surtout en présence de distance bicorticale réduite. La question que l'on peut se poser alors, si un traitement orthodontique doit être entrepris est la suivante : au lieu d'échanger une zone édentée avec une autre, pourquoi ne pas fermer l'espace de l'agénésie en avançant tout simplement la molaire à la place de la deuxième prémolaire ? Certains auteurs répondront qu'une classe III thérapeutique (2 prémolaires maxillaires, 1 prémolaire mandibulaire) n'est pas stable, d'autres y seront plutôt favorables en réalisant une légère coronoplastie de la face occlusale de la molaire mandibulaire. Soyons pragmatiques, cette étude est certes intéressante sur le plan théorique et nous rassure sur la stabilité osseuse mais elle n'apporte pas grand-chose en clinique dans la grande majorité des situations. Cependant, dans quelques rares situations chez l'adulte où la greffe osseuse n'est pas envisageable, cette solution reste une solution moins invasive mais pas fiable à 100 %.