Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2013

 

Revue Scientifique Internationale – La sélection

Implantologie

Yves Reingewirtz  

But de l’étude

De nombreuses études ont analysé les apports respectifs de différentes techniques complémentaires au détartrage-surfaçage radiculaire (DSR), traitement étiologique incontournable de la maladie parodontale. L’étude qui nous est proposée ici, réalisée entre ? 1999 et ? 2004 ? et publiée il y a quelques semaines, est certes un hommage à Sigmund Socransky, mais c’est également une impressionnante expérimentation multicentrique analysant...


But de l’étude

De nombreuses études ont analysé les apports respectifs de différentes techniques complémentaires au détartrage-surfaçage radiculaire (DSR), traitement étiologique incontournable de la maladie parodontale. L’étude qui nous est proposée ici, réalisée entre ? 1999 et ? 2004 ? et publiée il y a quelques semaines, est certes un hommage à Sigmund Socransky, mais c’est également une impressionnante expérimentation multicentrique analysant simultanément les apports d’une antibiothérapie locale, systémique, ou d’une technique chirurgicale et ceux d’une approche par DSR simple.

Matériel et méthode

L’étude porte sur 187 sujets atteints de parodontite modérée ou sévère, avec 4 poches supérieures à 5 mm et 8 dents avec une perte d’attache supérieure à 3 mm. Les traitements proposés aux 8 groupes sont DSR, DSR + antibiothérapie systémique (ABS : amoxicilline 500 mg + métronidazole 250 mg matin et soir, pendant 14 jours) ou localisée (ABL) ou chirurgie (LWM : lambeau de Widmann modifié), DSR + ABS + ABL, DSR + ABS + LWM, DSR + ABL + LWM, DSR + ABS + ABL + LWM. Les résultats de cette première étude portent sur l’évolution de la profondeur de poche et du gain d’attache, l’analyse statistique utilise le test Ancova.

Résultats

Le dénominateur commun à chaque approche DSR montre, dès le troisième mois, une réduction de la profondeur de poche ainsi qu’un gain d’attache. Ces résultats sont amplifiés lors de l’association avec les autres techniques et, après avoir atteint un plateau, ils restent stables durant 24 mois. Toutefois, la profondeur de poche est nettement réduite entre 3 et 6 mois lorsque l’approche chirurgicale est associée. Le gain d’attache est potentialisé à 24 mois (0,5 mm) lorsque l’antibiothérapie par voie générale est associée alors que cette dernière, associée à l’approche chirurgicale, permet une réduction de la profondeur de poche. L’analyse des principaux paramètres montre un effet délétère du tabac annulant les effets bénéfiques des thérapeutiques associées au DSR.

Conclusion

Les thérapeutiques associées dans cette étude au détartrage-surfaçage radiculaire montrent globalement une amélioration de la réduction des poches et du gain d’attache par rapport au seul traitement par DSR.

Commentaires

Il a fallu l’expérience des ténors bostoniens et gotebourgeois pour permettre cette étude complexe au niveau de son protocole, comparer 8 approches cliniques différentes dans le cadre de la prise en charge de pathologies parodontales modérées à sévères. Et cette étude fleuve, qui doit se décliner en 5 articles successifs, est riche d’enseignements. Les fondamentaux tout d’abord sont confirmés : l’approche par curetage-surfaçage conduit, dès le troisième mois, à une nette réduction de la profondeur de poche et à un gain d’attache ; en outre, ce résultat se confirme dans le temps avec une stabilisation pendant 24 mois. Et puis les nouveautés : s’il se confirme que l’antibiothérapie locale n’apporte rien de plus à 3 mois par rapport à l’approche DSR, on voit en revanche l’intérêt de l’approche associée à l’antibiothérapie systémique et davantage, encore, à un geste chirurgical qui permet, au bout de 6 mois, un gain d’attache. Rappelons-nous cependant que Berglundh* avait, il y a quelques années déjà, montré l’intérêt d’une antibiothérapie systémique ; mais l’analyse des résultats à 5 ans (l’étude de Goodson porte sur 2 ans) montrait que cet intérêt ne se confirmait plus. C’est donc bien au clinicien de jauger et juger le rapport bénéfice (à espérer, si est associée une chirurgie pour gagner, d’après cette étude, 0,5 mm tant en réduction de poche que de gain d’attache)/effort (temps chirurgical, financier). Derniers points : l’analyse des intervenants principaux qui confirme que le facteur de risque majeur est le tabac, et l’honnêteté intellectuelle de Max Goodson, promoteur des fibres imprégnées de tétracycline et qui publie des résultats allant clairement dans l’invalidation de l’antibiothérapie localisée dans la prise en charge de parodontites (en tout cas en première attention) modérées à sévères.

  • * Berglundh T, Krok L, Lijenberg B, Westfelt E, Serino G, Lindhe J (1998) The use of metronidazole and amoxicillin in the treatment of advanced periodontal isease. A prospective, controlled clinical trial. J Clin Periodontol 1998;25:354-362.