Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique
Parodontologie recherche
Depuis plusieurs années, un lien entre maladies parodontales et obésité est étudié. Du fait des différents mécanismes inflammatoires activés chez les patients obèses (production de cytokines, augmentation de la résistance à l’insuline…), il a été avancé que cette pathologie favorisait l’apparition de pathologies parodontales. A contrario, des études récentes évaluant la réponse locale et systémique du traitement parodontal chez les patients...
Depuis plusieurs années, un lien entre maladies parodontales et obésité est étudié. Du fait des différents mécanismes inflammatoires activés chez les patients obèses (production de cytokines, augmentation de la résistance à l’insuline…), il a été avancé que cette pathologie favorisait l’apparition de pathologies parodontales. A contrario, des études récentes évaluant la réponse locale et systémique du traitement parodontal chez les patients obèses n’ont pas confirmé cette association (Zuza et al., J Periodontol, 2011). L’objectif de cette étude est de comparer la différence de réponses au traitement parodontal entre un groupe de patients obèses et un groupe de patients obèses ayant bénéficié d’une intervention de chirurgie bariatrique (bypass).
Deux groupes de patients ont été formés, le premier ayant bénéficié de l’intervention chirurgicale, le second étant un groupe contrôle (15 patients par groupe). L’ensemble des patients inclus dans l’étude présente une parodontite chronique, 20 dents minimum et un IMC > 30 kg/m2. Un examen parodontal approfondi a été effectué, incluant l’évaluation de l’indice de plaque, de l’indice gingival, du saignement au sondage, de la profondeur de poche et de la perte d’attache. Un traitement parodontal non chirurgical a été effectué (enseignement des techniques d’hygiène, détartrage-surfaçage radiculaire) et la situation parodontale a été réévaluée 4 à 6 semaines post-traitement.
Lors de l’examen initial, les deux groupes constitués sont identiques sur le plan démographique (âge, sexe, ratio homme/femme), seul diffère l’IMC qui est inférieur pour le groupe contrôle. Sur le plan parodontal, la profondeur de poche, la perte d’attache, l’indice gingival et le saignement au sondage sont inférieurs pour le groupe chirurgie. Seul l’indice de plaque est identique entre les deux groupes. Après le traitement parodontal, des améliorations des paramètres cliniques sont observées dans les deux groupes mais elles sont plus importantes dans le groupe chirurgie que dans le groupe contrôle.
Ces résultats démontrent l’influence de l’obésité sur la thérapeutique parodontale à court terme. Cela peut s’expliquer par le fait que, dans le groupe chirurgie, la réduction de poids a contribué à une diminution des adipocytes et donc de la production de cytokines pro-inflammatoires ou de certaines hormones telle la leptine, cette hormone étant impliquée dans plusieurs phénomènes auto-immuns et inflammatoires. Par ailleurs, il est important de prendre en compte, dans l’analyse de ces résultats, un possible rôle du changement de mode de vie pour les patients ayant bénéficié de la chirurgie, ce changement pouvant influencer la réponse au traitement parodontal (Al-Ahmad et al., Clin Oral Invest, 2010).
Cette étude, bien qu’effectuée sur un échantillon de population réduit, démontre l’influence de l’obésité sur les thérapeutiques parodontales. Il est par ailleurs important de considérer ces résultats et de les comparer, par exemple, à ceux de l’étude de Zuza et al. qui ne démontraient pas d’influence de l’obésité sur le traitement parodontal. L’étude de Lakkis et al. présente, comme intérêt majeur, le fait d’avoir sélectionné des patients avec une obésité très importante, pouvant ainsi contribuer à démontrer une variabilité de la réponse aux traitements parodontaux variables en fonction de la sévérité de l’obésité