Revue Scientifique Internationale – Recherche clinique
Parodontologie clinique
Les protéines dérivées de la matrice amélaire (enamel matrix derivative, EMD) sont couramment utilisées dans les traitements parodontaux. Le but de cette revue systématique est de savoir si l’utilisation de l’EMD pendant le traitement parodontal est plus efficace que le traitement du groupe contrôle ou un autre traitement régénératif.
La recherche bibliographique a été réalisée sur Medline jusqu’en mai 2010...
Les protéines dérivées de la matrice amélaire (enamel matrix derivative, EMD) sont couramment utilisées dans les traitements parodontaux. Le but de cette revue systématique est de savoir si l’utilisation de l’EMD pendant le traitement parodontal est plus efficace que le traitement du groupe contrôle ou un autre traitement régénératif.
La recherche bibliographique a été réalisée sur Medline jusqu’en mai 2010 pour l’utilisation d’EMD dans le traitement parodontal. L’utilisation d’EMD dans les traitements des lésions infra-osseuses, les furcations et les récessions a été évaluée. Seules les études cliniques randomisées avec un suivi d’au moins 1 an ont été incluses. La première variable analysée est le changement dans le niveau de l’attache clinique (CAL) pour les lésions infra-osseuses, le changement dans l’atteinte horizontale de la furcation pour les furcations et le recouvrement radiculaire complet pour les récessions.
Seules 27 études (20 pour les lésions infra-osseuses, 1 pour les furcations et 6 pour les récessions) ont été incluses pour la revue systématique. Une méta-analyse a été réalisée pour les lésions infra-osseuses et les récessions. Le traitement des lésions infra-osseuses avec EMD a montré un gain significatif de CAL de 1,30 mm par rapport à un assainissement parodontal chirurgical classique, avec EDTA ou placebo, mais n’a pas établi de différence significative par rapport aux traitements avec les membranes résorbables. L’utilisation d’EMD avec un lambeau déplacé coronairement (LDC) par rapport à un LDC seul montre significativement plus de recouvrement radiculaire complet (OR : 3,5) mais, par rapport à une technique de greffe conjonctive enfouie, les résultats ne montrent pas de différence significative. L’utilisation d’EMD dans des furcations (2,6 ± 1,8 mm) révèle une amélioration significative du défaut horizontal par rapport à l’utilisation des membranes résorbables (1,9 ± 1,4 mm). Cela apparaît dans la seule étude sélectionnée pour les furcations.
Dans le traitement des lésions infra-osseuses, l’utilisation d’EMD donne de meilleurs résultats que les traitements contrôles mais est aussi efficace que les membranes résorbables. L’utilisation d’EMD avec un LDC pour le traitement des récessions révèle un meilleur recouvrement que les LDC seuls mais est aussi efficace qu’une greffe de conjonctif enfoui. L’utilisation d’EMD dans les furcations montre une amélioration des défauts par rapport à l’utilisation des membranes résorbables. Vu la grande hétérogénéité des études et le moindre bénéfice de l’EMD dans les études à faible risque de biais dans chacune des trois indications, il est donc suggéré d’interpréter les effets de l’EMD avec prudence.
Concernant la régénération parodontale, de nombreuses études sont disponibles. Cette revue et les méta-analyses réalisées permettent de faire le point sur ce sujet et plus spécifiquement sur la régénération induite. Cette revue systématique montre une importante hétérogénéité des études, comportant pour certaines d’entre elles des biais majeurs (différentes techniques chirurgicales, expérience de l’opérateur, caractéristiques du patient et des lésions, soins postopératoires très différents). Sur 27 études, seules 8 sont décrites comme étant à faible risque de biais. Concernant les techniques de régénération, il est judicieux de bien poser les indications (combien de murs osseux ? Quelle classe de furcation ? Quelle classe de récessions ?) et de suivre les recommandations d’utilisation des produits décrites par les laboratoires. De plus, il est souhaitable, avant chaque intervention, de bien définir le rapport bénéfice/risque, de prendre en compte tous les facteurs de risque et le coût de l’intervention par rapport au gain espéré. Le patient est toujours au centre du traitement et la décision du choix de traitement doit se faire avec son agrément !