Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2012

 

ÉDITORIAL

Henry Martinez  

Rédacteur en chef invité

L’implantologie orale a vécu, à partir des années 1980, une évolution permanente depuis l’application clinique du concept d’ostéo-intégration. Au fil de ces trois dernières décennies, la plupart des principes fondamentaux ont été remis en question tout en améliorant la fiabilité chirurgicale et en optimisant le résultat esthétique. Très récemment, de nouveaux protocoles essentiellement assistés par ordinateur permettent de donner un nouveau virage vers la...


L’implantologie orale a vécu, à partir des années 1980, une évolution permanente depuis l’application clinique du concept d’ostéo-intégration. Au fil de ces trois dernières décennies, la plupart des principes fondamentaux ont été remis en question tout en améliorant la fiabilité chirurgicale et en optimisant le résultat esthétique. Très récemment, de nouveaux protocoles essentiellement assistés par ordinateur permettent de donner un nouveau virage vers la simplification, la précision et le gain de temps. Cependant, n’oublions pas que nos patients peuvent bénéficier de cette merveilleuse évolution grâce à l’obtention de l’intégration tissulaire des implants. Cela suppose la présence du tissu osseux, qui est fondamental et dont le volume résiduel doit permettre le parfait positionnement d’un implant dentaire dans les trois plans de l’espace, par rapport aux impératifs prothétiques et esthétiques. L’implantologie actuelle a les moyens de gérer ou d’adapter le contexte tissulaire permettant l’obtention d’un bon résultat prothétique. La prothèse supra-implantaire de rattrapage est le résultat d’un échec chirurgical, malgré l’obtention de l’ostéo-intégration.

Au cours des 30 dernières années, des nombreux protocoles chirurgicaux ont été proposés et testés pour traiter les différents déficits du volume osseux. Il est essentiel de faire une bonne synthèse entre le type de perte osseuse et la connaissance de l’anatomie maxillo-mandibulaire afin de déterminer le protocole chirurgical le plus approprié.

La gestion des tissus mous est également un aspect essentiel pour la réussite d’un cas clinique. Malheureusement, cet élément fondamental est négligé par certaines écoles et, lors de journées scientifiques, nous assistons parfois à des exploits où la reconstruction osseuse est complètement dissociée de la gestion de la muqueuse. L’analyse de l’architecture tissulaire repose sur une évaluation précise des éléments du complexe dento-alvéolo-muqueux. Deux de ces éléments qui déterminent un résultat esthétique sont visuels : la muqueuse et la dent prothétique. Une parfaite harmonie de ces deux éléments dans le contexte dento-facial conduit à un résultat naturel. L’obtention de cette harmonie va dépendre directement de la qualité et du volume des tissus résiduels, du choix thérapeutique et de la gestion chronologique. Le troisième élément qui détermine directement le résultat esthétique est l’os alvéolaire. Cet élément non visible cliniquement est le soutien direct de la muqueuse, il donne la morphologie de la crête alvéolaire.

Je remercie vivement les cliniciens de renommée nationale et internationale pour leur participation à ce numéro consacré aux greffes osseuses. Ils nous présentent leurs réalités cliniques d’une façon objective. Diverses approches thérapeutiques sont exposées dans les différents articles selon la zone anatomique à traiter et l’objectif à accomplir. Les possibilités chirurgicales vont de procédés peu invasifs avec des matériaux de substitution jusqu’à des techniques complexes de reconstruction tissulaire à l’aide de l’os autogène dans les trois plans de l’espace. Des protocoles récents optimisant le confort postopératoire du patient et la gestion des complications sont également présentés.

Ce panel d’auteurs de talent est constitué de parodontistes et de chirurgiens qui consacrent une grande partie de leur activité à l’implantologie et à la reconstruction osseuse. Cette confédération d’idées autour d’un sujet si passionnant permet d’avoir des avis complémentaires sur une problématique clinique. N’oublions pas qu’une difficulté doit être parfaitement cernée, analysée et traitée par les différents domaines. Une diversité complémentaire d’avis intelligents ne peut qu’enrichir le résultat.

J’ai été très honoré de l’invitation faite par les docteurs Henri Koskas et Paul Mattout pour coordonner un numéro spécial du JPIO. Je souhaite rendre hommage à Henri Koskas qui a été d’un grand conseil dans mes premiers pas littéraires en langue française.