Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2012

 

Revue Scientifique Internationale – La sélection

Implantologie

YR  

But de l’étude

Le risque cardio-vasculaire est traditionnellement associé au développement de plaques d’athérome et en relation avec des manifestations inflammatoires. À ce jour, seule la CRP (C-reactive protein) et des pathologies multivasculaires représentent des facteurs prédictifs de lésions coronaires complexes multiples (LCCM). Les auteurs de cette étude s’interrogent sur une éventuelle implication de la maladie parodontale dans les...


But de l’étude

Le risque cardio-vasculaire est traditionnellement associé au développement de plaques d’athérome et en relation avec des manifestations inflammatoires. À ce jour, seule la CRP (C-reactive protein) et des pathologies multivasculaires représentent des facteurs prédictifs de lésions coronaires complexes multiples (LCCM). Les auteurs de cette étude s’interrogent sur une éventuelle implication de la maladie parodontale dans les LCCM.

Méthode

L’étude concerne 150 sujets ayant présenté un infarctus du myocarde un mois auparavant et chez lesquels a pu être réalisée une angiographie coronarienne. Les lésions observées sur les bandes sont dites complexes (groupe MCL) lorsque la sténose est supérieure à 50 % et lorsque sont associés deux des critères suivants : occlusion chronique, mauvaise circulation, présence d’un thrombus, d’irrégularités ou d’ulcérations ; dans le cas contraire, les patients présentent des lésions coronaires simples (groupe SCL). L’évaluation des supports osseux maxillaires est réalisée grâce à des clichés OTP numérisés ; une perte osseuse supérieure à 50 % est admise lorsque l’alvéolyse dépasse la moitié de la hauteur des racines.

Résultats

Les deux groupes (SCL, 118 patients, 79 % ; MCL, 32 patients, 21 %) montrent des facteurs de risque cardio-vasculaire semblables. Le groupe MCL, à plus forte prédominance masculine, présente des pathologies multivasculaires plus fréquentes, révèle une prise plus fréquente de β-bloquants avant l’infarctus et un taux élevé de CRP (> 10 mg/l). Une perte osseuse supérieure à 50 % est davantage associée au groupe MCL (p = 0,063) et l’analyse par multivariance montre une association entre les lésions complexes multiples et le sexe, les pathologies multivasculaires et la CRP. Le tabac représentant un facteur de risque majeur des MCL et des parodontites, seuls les sujets non tabagiques ont fait l’objet d’une étude spécifique afin de valider l’hypothèse qu’une perte osseuse maxillaire de 50 % serait un facteur prédictible de MCL. L’analyse multivariance a confirmé cette hypothèse (OR = 3,52, p = 0,045).

Conclusion

Une perte osseuse maxillaire supérieure à 50 % est associée à des lésions coronaires complexes multiples. Ce résultat peut permettre d’améliorer la prévention de ce type de pathologies.

Commentaires

L’étude qui nous est présentée par l’équipe de Christine Romagna est un maillon supplémentaire dans la longue chaîne des preuves accumulées ces dernières années afin d’établir le lien entre pathologies parodontales et cardio-vasculaires. On devrait donc s’attendre à une extension de la coopération diagnostique entre chirurgiens dentistes (à même d’apprécier une alvéolyse de 50 %) et cardiologues, soucieux de ranger les malades ayant présenté un infarctus du myocarde en patients présentant des lésions coronaires simples ou multiples. À cette démarche diagnostique commune devrait tout aussi logiquement suivre une démarche thérapeutique commune, initiant tout traitement de pathologies cardio-vasculaires par une prise en charge parodontale.