Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2012

 

Article

Anzoumana KAMAGATÉ*   Dramane KONE**   Michel SIXOU***  


*Département de parodontologie
UFR d’odontostomatologie
Université Cocody
Abidjan, Côte-d’Ivoire
**Département de parodontologie
UFR d’odontostomatologie
Université Cocody
Abidjan, Côte-d’Ivoire
***Département d’épidémiologie des maladies infectieuses
Faculté de chirurgie dentaire
Toulouse

Résumé

L’antibiothérapie est indispensable dans le traitement des parodontites agressives. Cependant, l’usage fréquent des antibiotiques a entraîné l’émergence de bactéries parodontopathogènes résistantes. Dans cette étude, la variation de la sensibilité de 25 souches parodontopathogènes à 5 antibiotiques a été évaluée.

Cinq souches de chacune des bactéries suivantes ont été étudiées : Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia, Fusobacterium nucleatum, Campylobacter rectus et Peptostreptococcus micros. Il s’agit de souches cliniques isolées chez 10 patients atteints de parodontite évolutive (parodontites agressives et parodontites chroniques réfractaires au traitement conventionnel). Les antibiotiques testés sont l’ampicilline (ampicilline), l’amoxicilline, la tétracycline, l’érythromycine et le métronidazole. Pour évaluer la sensibilité des bactéries, l’antibiogramme par la technique de diffusion en gélose a été utilisé.

Les antibiotiques les plus efficaces ont été l’amoxicilline, l’ampicilline et la tétracycline. L’érythromycine a eu une efficacité modérée et le métronidazole s’est montré inefficace. Toutefois, le métronidazole a été légèrement plus efficace sur F. nucleatum par rapport à l’amoxicilline et l’ampicilline. L’espèce bactérienne la moins sensible a été P. micros. La variation de la sensibilité a été statistiquement significative pour les 5 antibiotiques. Toutefois, les antibiotiques les plus efficaces ont montré les plus faibles coefficients de variation suivis par le métronidazole. Et l’érythromycine a présenté le taux de variation le plus élevé.

Les antibiotiques les plus efficaces (amoxicilline, ampicilline et tétracycline) ont montré de faibles variations de la sensibilité, variations qui étaient toutefois statistiquement significatives pour tous les antibiotiques testés. La complexité de la flore bactérienne et la variabilité de la sensibilité des bactéries font que l’association des antibiotiques est recommandée dans le traitement des parodontites agressives.

Summary

Antibiotic therapy is essential in the treatment of aggressive periodontitis. However, the frequent use of antibiotics has led to the emergence of resistant pathogenic periodontal bacteria. In this study, we evaluated the variation in sensitivity of 25 periodontal strains pathogenic to 5 antibiotics.

The bacteria observed were Porphyromonas gingivalis (5 strains), Prevotella intermedia (5 strains), Fusobacterium nucleatum (5 strains), Campylobacter rectus (5 strains), Peptostreptococcus micros (5 strains). These are clinical strains isolated from 10 patients with progressive periodontitis (aggressive periodontitis and chronic periodontitis refractory to conventional therapy). Antibiotics tested were : ampicillin, amoxicillin, tetracycline, erythromycin, metronidazole. Agar disk diffusion technique has been used to determine susceptibility to antibiotics.

The most effective antibiotics were the amoxicillin, ampicillin and tetracycline. The erythromycin was moderately effective and metronidazole was ineffective. However, the metronidazole was more effective on F. nucleatum compared to amoxicillin and ampicillin. P. micros was the least sensitive of bacterial species. The variation in sensitivity was statistically significant for the five antibiotics. However, the most effective antibiotics showed the lowest coefficients of variation followed by the metronidazole. And, erythromycin demonstrated the highest variation.

The most effective antibiotics (amoxicillin, ampicillin and tetracycline) demonstrated lowest variation. However, because of the complexity of the bacterial flora and the variation in sensitivity of bacteria, the combination of antibiotics is recommended in the treatment of aggressive periodontitis.

Key words

Aggressive periodontitis, pathogenic periodontal bacteria, antibiotic susceptibility, inhibition diameter, variation in sensitivity

Introduction

Les parodontites sont des maladies infectieuses d’origine bactérienne, caractérisées par la destruction des tissus de soutien des dents. Les lésions parodontales peuvent être localisées sur quelques dents ou généralisées. La flore bactérienne associée aux parodontites est une flore complexe, dominée par des bacilles à Gram négatif, anaérobies strictes et/ou capnophiles. Les bactéries anaérobies telles que Porphyromonas gingivalis, Prevotella intermedia, Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Fusobacterium nucleatum, Peptostreptococcus micros, Capnocytophaga ochracea, Campylobacter rectus et Tanarella forsythus sont fortement impliquées dans les parodontites.

L’antibiothérapie est indispensable dans le traitement des parodontites agressives, des parodontites associées aux maladies systémiques et des parodontites chroniques réfractaires au traitement conventionnel (curetage-surfaçage radiculaire). Cependant, l’usage fréquent des antibiotiques a conduit à l’émergence de souches bactériennes résistantes (Monnet, 2000 ; Thomas, 2003). Plusieurs travaux ont montré le manque de sensibilité des bactéries parodontopathogènes aux antibiotiques (Feres et al., 2002 ; Kamagaté et al., 2001 ; Lakhssassi et al., 2005 ; Lakhssassi et Sixou, 2005 ; Larsen, 2002 ; Walker 1996 ; Walker et al., 1983). Les parodontistes utilisent de plus en plus une association d’antibiotiques afin d’éradiquer efficacement les bactéries parodontopathogènes (Dubreuil, 1995 ; Gordon et Walker, 1993 ; Guerrero et al., 2005 ; Koné et Kamagaté, 2005 ; Magnusson et al., 1989 ; Rooney et al., 2002 ; Van Winkelhoff et al., 1992 ; Winkel et al., 1998, 1999). Au cours du traitement antibiotique, la nature des bactéries résistantes change et de nouvelles espèces bactériennes résistantes sont sélectionnées ou créées (Feres et al., 2002). La sensibilité des bactéries est extrêmement variable, elle dépend non seulement des espèces bactériennes mais aussi et certainement des antibiotiques.

L’objectif de ce travail est d’étudier la variation de la sensibilité de 25 bactéries parodontopathogènes vis-à-vis de 5 antibiotiques couramment utilisés en parodontie par la technique de diffusion en gélose.

Matériel et méthode

Matériels

Ont été testés les antibiotiques suivants : l’ampicilline (AMP), l’amoxicilline (AMX), la tétracycline (TET), l’érythromycine (ERY) et le métronidazole (MET).

Ils se présentent sous la forme de disques de papier buvard imprégnés des différentes molécules à des concentrations connues (Sanofi® Diagnostics Pasteur, Marnes-la-Coquette). Les disques d’antibiotiques sont dans des cartouches prêtes pour l’antibiogramme par la technique de diffusion en gélose.

L’étude a porté sur les bactéries suivantes : Porphyromonas gingivalis (P. gingivalis), Prevotella intermedia, Fusobacterium nucleatum, Campylobacter rectus et Peptostreptococcus micros. Vingt-cinq souches bactériennes, dont 5 bactéries par espèce bactérienne, ont été testées.

Ces bactéries sont des souches cliniques anaérobies strictes ou micro-aérophiles, isolées chez 10 patients atteints de parodontite évolutive (parodontites agressives et parodontites chroniques réfractaires au traitement conventionnel), au Groupement de recherche en épidémiologie des maladies infectieuses (GREMI) de la faculté de chirurgie dentaire de Toulouse. Aucun des patients n’avait utilisé d’antibiotiques dans les 6 mois précédant l’expérience, ils étaient tous en bonne santé sur le plan général et non fumeurs.

Les prélèvements sont effectués avec des pointes de papier stériles sur des sites présentant des profondeurs de poches supérieures à 6 mm avec une preuve de destruction osseuse sur le plan radiographique. Ils sont faits après élimination des dépôts bactériens et tartriques supra-gingivaux. On utilise le VGMA-III comme milieu de transport. C’est un milieu semi-gélosé qui préserve les bactéries de l’oxygène de l’air. La présence d’éléments bactériostatiques dans sa composition permet de maintenir le rapport de chacune des populations bactériennes dans le prélèvement.

Dès que les prélèvements arrivent au laboratoire, une série de dilutions dans du bouillon Wilkins-Chalgren® (WC®), à partir des flacons de 2 ml de milieu de transport, est réalisée. Les prélèvements sont ensuite ensemencés sur des milieux de culture sélectifs et non sélectifs enrichis (0,5 % de sang de mouton stérile, 0,000 2 % de menadione et 0,4 % d’hémine) et placés dans des conditions d’anaérobiose à 37°C pendant 5 jours.

Les tests d’identification des souches cliniques sont fondés sur les critères du Bergey’s manuel (Holt, 1994) : morphologie des colonies, fluorescence à l’exposition aux rayons UV, coloration de Gram, méthode au KOH (hydroxyde de potassium), mobilité (microscope à fond noir), tests biochimiques et enzymatiques, galerie d’identification biochimique API 20A, galerie d’identification enzymatique Rapid 32, métabolisme respiratoire (aéro-anaérobie, anaérobie stricte…). La sensibilité aux antibiotiques a été évaluée à partir de cultures pures et 25 espèces bactériennes dont 2 ou 3 espèces par site et par patients, ont été sélectionnées.

Méthode

La méthode de diffusion en gélose a été utilisée. L’antibiogramme par la technique de diffusion en gélose consiste à déposer à la surface d’une gélose WC® ou d’une gélose WC® enrichie au sang des disques de papier buvard imprégnés des différents antibiotiques, à des concentrations connues. Les cartouches de disques de papier buvard imprégnés sont montées sur un distributeur automatique qui dépose les disques en respectant une distance de 24 mm entre chacun d’eux. L’antibiotique diffuse de manière uniforme au sein de la gélose si bien que sa concentration est inversement proportionnelle à la distance du disque. Les boîtes de Petri doivent être parfaitement sèches et les géloses ont une épaisseur de 4 mm. Avant de déposer les disques, on ensemence uniformément la surface de la gélose avec le micro-organisme à étudier. L’inoculum doit être dense. Cette densité est ajustée par comparaison avec un étalon opacité (0,5 sur l’échelle de Mac Farland). La suspension bactérienne contient environ 108 bactéries par millilitre.

Après une incubation de 24 à 72 heures en anaérobiose à 37°C, une zone circulaire d’inhibition correspondant à une absence de culture apparaît autour des disques. À la limite des zones d’inhibition, il existe dans la gélose des concentrations d’antibiotique égales aux concentrations minimales inhibitrices (CMI). La méthode de diffusion ne permet pas de chiffrer directement ces valeurs. Toutefois, il existe une relation simple entre les diamètres des zones d’inhibition et les log2 des CMI mesurées par les techniques de dilution. Ces relations, appelées droites de régression ou courbe de concordance, ont été établies par le laboratoire spécialisé (Sanofi® Diagnostics Pasteur). Les mesures des diamètres d’inhibition et leur report sur les courbes de concordance donnent les valeurs des CMI en mg/ml. Les résultats sont exprimés en souche sensible, intermédiaire ou résistante.

L’antibiogramme par la technique de diffusion en milieu gélosé est une méthode de choix en bactériologie clinique, en raison de sa simplicité, de sa rapidité et de sa facilité de réalisation (Kamagaté et al., 2001 ; Sixou, 2003). C’est une technique qui est utilisée en routine au GREMI et un contrôle de qualité est régulièrement réalisé. Tous les mois, le laboratoire vérifie la validité de la technique en testant plusieurs souches de référence afin de vérifier que les diamètres des zones d’inhibition obtenues vis-à-vis des divers antibiotiques sont conformes aux valeurs publiées par le comité de l’antibiogramme de la Société française de microbiologie.

Analyse statistique

Les données recueillies ont été transférées dans Microsoft Office 2007, application Excel. Les moyennes des diamètres d’inhibition des 25 espèces bactériennes en fonction des 5 antibiotiques ont été calculées. Le coefficient de variation de la sensibilité pour chaque antibiotique a également été déterminé. Le test de Student a été utilisé pour les comparaisons statistiques. L’écart type a été déterminé ainsi que la valeur de p qui a été considéré statistiquement significative s’il était inférieur à 0,05.

Résultats

L’activité antibactérienne des 5 antibiotiques vis-à-vis des bactéries étudiées est reportée dans le tableau 1. Une analyse globale des diamètres d’inhibition montre que les antibiotiques les plus efficaces sont représentés, dans l’ordre, par l’amoxicilline et l’ampicilline puis par la tétracycline. L’érythromycine a une action intermédiaire et le métronidazole s’est montré inefficace. Les bêta-lactamines se sont montrées efficaces sur l’ensemble des espèces bactériennes avec 84 % de souches sensibles, 8 % de souches intermédiaires et 8 % de souches résistantes. Pour la tétracycline, on constate 76 % de souches sensibles, 8 % de souches intermédiaires et 16 % de souches résistantes. Pour l’érythromycine, il y a 56 % de souches sensibles, 20 % de souches intermédiaires et 24 % de souches résistantes. Enfin, pour le métronidazole, il s’agit de 28 % de souches sensibles, 24 % de souches intermédiaires et 48 % de souches résistantes. L’espèce bactérienne la plus sensible a été C. rectus, avec une moyenne des moyennes des diamètres d’inhibition de 25,44 mm, et les moins sensibles ont été P. micros, avec une moyenne des moyennes des diamètres d’inhibition de 16,88 mm, et F. nucleatum avec 17,44 mm (tableau 2).

Le calcul des moyennes des diamètres d’inhibition a permis de réaliser les histogrammes des moyennes (fig. 1 et 2). L’écart type et le coefficient de variation de la sensibilité de chaque antibiotique sont indiqués dans le tableau 2. Le test de Student donne des valeurs de p < 0,05, donc la variation de la sensibilité des différentes espèces bactériennes est statistiquement significative pour les 5 antibiotiques testés.

Discussion

La majorité des espèces bactériennes testées ont été sensibles à l’ampicilline et à l’amoxicilline, ce qui est en accord avec divers travaux (Feres et al., 2002 ; Kinder et al., 1986 ; Lakhssassi et al., 2005 ; Lakhssassi et Sixou, 2005). Ces travaux ont montré que la grande majorité des espèces bactériennes isolées dans la flore sous-gingivale des patients atteints de parodontite agressive était sensible à l’amoxicilline. L’idée selon laquelle Prevotella intermedia est une espèce résistante à l’amoxicilline vient du fait que cette bactérie est productrice de bêta-lactamase (Dubreuil et al., 1995 ; Van Winkelhoff et al., 1997). Dans cette étude, seule la souche n° 2 de P. intermedia et les souches n° 4 et 5 de F. nucleatum se sont montrées résistantes aux bêta-lactamines (ampicilline, amoxicilline). Ces 3 souches amoxicilline résistantes se sont montrées sensibles à la tétracycline qui, cependant, a un taux de souches résistantes plus élevé que l’amoxicilline.

Quarante-huit pour cent des espèces bactériennes se sont montrées résistantes au métronidazole. Ce résultat est en accord avec le travail de Feres et al. qui a montré que 50 % des isolats étaient résistants au métronidazole avant le traitement (Feres et al., 2002). Walker et al. ont étudié l’action inhibitrice de divers antibiotiques sur des bactéries isolées chez des patients atteints de parodontite modérée ou sévère (Walker et al., 1983). Ils ont comparé le nombre de bactéries comptées sur les milieux de culture contenant les antibiotiques et celui de bactéries comptées sur les milieux de culture sans antibiotique. Le résultat a montré que 30 % des bactéries étaient résistantes au métronidazole. Le faible pourcentage de bactéries résistantes était dû au fait que la concentration de métronidazole était légèrement plus élevée dans le milieu de culture, environ 8 mg/ml, alors que dans l’étude de Feres et al., elle était de 2 mg/ml (Feres et al., 2002). Toutefois, dans cette étude, le métronidazole a été légèrement plus efficace sur F. nucleatum par rapport à l’amoxicilline et à l’ampicilline, avec une moyenne des diamètres d’inhibition de 17,6 mm pour le métronidazole contre 17,4 mm pour l’ampicilline et 17 mm pour l’amoxicilline. Seule la tétracycline a été plus efficace sur l’espèce F. nucleatum avec une moyenne des diamètres d’inhibition de 22,2 mm.

Seulement 56 % des espèces bactériennes étaient sensibles à l’érythromycine avec un coefficient de variation de 34 %. Ce résultat est en accord avec les travaux de Lakhssassi et al. qui ont montré que seules 54 % des bactéries isolées chez des patients atteints de parodontite agressive étaient sensibles à l’érythromycine avec un coefficient de variation de 53 % (Lakhssassi et al., 2005 ; Lakhssassi et Sixou, 2005). Même si la valeur du coefficient de variation est plus élevée dans leur étude, l’érythromycine possède le coefficient de variation le plus élevé des antibiotiques testés dans les deux travaux. Les antibiotiques les plus efficaces ont montré les plus faibles coefficients de variation (19,58 % pour l’amoxicilline, 20,45 % pour l’ampicilline et 20,66 % pour la tétracycline). Cela signifie que même si la variation de la sensibilité est statistiquement significative (p < 0,05), la résistance au sein de ces antibiotiques est stable et régulière (Lakhssassi et Sixou, 2005). De même, le métronidazole s’est montré inefficace avec un coefficient de variation peu élevé (26,64 %). La résistance au niveau de l’érythromycine est instable et irrégulière parce que cet antibiotique intermédiaire a un coefficient de variation plus élevé (Lakhssassi et al., 2005 ; Lakhssassi et Sixou, 2005). L’utilisation de cet antibiotique dans le traitement des parodontites agressives peut augmenter le risque d’échec, sauf s’il est utilisé en association. Toutefois, la complexité de la flore bactérienne impliquée dans les parodontites sévères ou agressives associée à la variabilité de la sensibilité des bactéries fait que la combinaison des antibiotiques est recommandée dans le traitement de ces affections. D’ailleurs, plusieurs travaux ont montré l’efficacité de l’association des antibiotiques dans le traitement des parodontites agressives (Gordon et Walker, 1993 ; Guerrero et al., 2005 ; Kamagaté et al., 2001 ; Magnusson et al., 1989 ; Rooney et al., 2002 ; Slots et Ting, 2002 ; Van Winkelhoff et al., 1992 ; Winkel et al., 1998, 1999).

Conclusion

Les antibiotiques les plus efficaces ont montré les plus faibles coefficients de variation ; toutefois, les variations ont été statistiquement significatives pour les 5 antibiotiques testés. Le faible pourcentage du coefficient de variation montre que la résistance au sein de ces antibiotiques est stable et régulière par rapport aux antibiotiques qui ont des coefficients de variation élevés. Il est difficile d’extrapoler les études in vitro aux études in vivo. Cependant, les indications sur la susceptibilité des bactéries aux agents antibactériens sont obtenues en comparant les concentrations minimales inhibitrices in vitro et les concentrations des antibiotiques qui peuvent atteindre le site d’infection. L’antibiotique actif in vitro a-t-il une chance d’être efficace in vivo compte tenu du contexte clinique ? D’autres considérations cliniques (la complexité de la flore, l’action du biofilm), pharmacologiques, toxicologiques et financières sont à prendre en compte dans le choix d’un traitement antibiotique (Addy et Martin, 2003 ; Eick et al., 2004 ; Høiby et al., 2010 ; Walker et al., 1983 ; Winkel et al., 1999). L’antibiogramme n’est alors qu’un des éléments permettant d’instaurer une antibiothérapie.

Enfin, d’autres recherches doivent être menées avec un échantillon de bactéries plus important afin de corroborer les résultats présentés ici. Surtout, il convient d’étendre les recherches à d’autres antibiotiques et à d’autres espèces bactériennes telles que Tannerella forsythia, Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Capnocytophaga ochracea et Eikenella corrodens.

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