Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 03 du 01/09/2011

 

Revue Scientifique Internationale – Recherche fondamentale

Parodontologie

Renaud Rinkenbach  

But de l’étude

Tout traitement d’orthodontie, par la pose d’attaches collées et de bagues scellées sur les dents, engendre une modification qualitative et quantitative du biofilm. Ce dernier est un des facteurs étiologiques de la genèse de l’inflammation gingivale et de l’apparition de parodontites. Les auteurs ont évalué les changements microbiologiques et parodontaux chez des patients porteurs d’appareils multi-attaches pendant 1 an de traitement. Ils ont aussi...


But de l’étude

Tout traitement d’orthodontie, par la pose d’attaches collées et de bagues scellées sur les dents, engendre une modification qualitative et quantitative du biofilm. Ce dernier est un des facteurs étiologiques de la genèse de l’inflammation gingivale et de l’apparition de parodontites. Les auteurs ont évalué les changements microbiologiques et parodontaux chez des patients porteurs d’appareils multi-attaches pendant 1 an de traitement. Ils ont aussi cherché une corrélation entre ces facteurs et les variations de concentration de cytokines dans le fluide gingival.

Matériels et méthodes

Les auteurs ont réalisé une étude longitudinale incluant 24 patients dont les données ont été traitées par une analyse de régression pas à pas. La composition de la plaque supra-gingivale et sous-gingivale, la profondeur au sondage, le saignement au sondage ainsi que la quantité et la qualité du fluide gingival ont été évalués, au début du traitement (Tb) et 1 an après (T52).

Les comparaisons statistiques ont été réalisées régulièrement au cours du traitement, mais aussi entre les sites collés et bagués.

Résultats

Entre Tb et T52, la plaque devient de plus en plus pathogène et tous les autres paramètres parodontaux testés s’aggravent. On ne remarque pas de différence significative entre les attaches collées et scellées, excepté pour le saignement au sondage.

La concentration en cytokines dans le fluide gingival reste inchangée au cours de l’étude.

La concentration en interleukine 6 à Tb est un bon facteur prédictif de la quantité de fluide gingival à T52 (p < 0,05). On note la même corrélation entre la concentration en interleukines 8 à Tb et l’augmentation de la profondeur au sondage (p < 0,05).

Conclusion

Les concentrations initiales en interleukines 6 et interleukines 8 avant la pose d’un appareil multi-attaches sont de bonnes variables prédictives de l’évolution des paramètres inflammatoires au cours du traitement.

Commentaires

Cet article montre le caractère inéluctable de l’inflammation qui apparaît systématiquement au cours d’un traitement d’orthodontie. L’inflammation artificielle engendrée par les forces en présence est l’essence même du mouvement dentaire contrôlé lors d’un traitement ODF. En fonction du contexte parodontal initial et de la présence ou non d’une maladie parodontale, l’effet de l’inflammation aura des effets plus ou moins néfastes avec des altérations parodontales plus ou moins graves. Certains marqueurs, comme les interleukines 6 et 8, sont prédictifs de l’inflammation et pourraient aider le praticien à prendre une décision de traitement, en mettant en avant le phénotype inflammatoire de chaque patient. Cependant, il est plus que nécessaire de maîtriser le contrôle de plaque au cours du traitement et ce, quelle que soit la concentration en certaines interleukines.