Article
Kenza SAADI-THIERS* Olivier HUCK** Jean-Luc DAVIDEAU*** Henri TENENBAUM****
*Département de parodontologie
Faculté de chirurgie dentaire
Université de Strasbourg
Ce travail, présenté par Kenza Saadi-Thiers, a obtenu le Prix Meridol 2010
**Département de parodontologie
Faculté de chirurgie dentaire
Université de Strasbourg
Ce travail, présenté par Kenza Saadi-Thiers, a obtenu le Prix Meridol 2010
***Département de parodontologie
Faculté de chirurgie dentaire
Université de Strasbourg
Ce travail, présenté par Kenza Saadi-Thiers, a obtenu le Prix Meridol 2010
****Département de parodontologie
Faculté de chirurgie dentaire
Université de Strasbourg
Ce travail, présenté par Kenza Saadi-Thiers, a obtenu le Prix Meridol 2010
Récemment, de nombreux auteurs se sont intéressés à la survie des implants et à leurs complications. Notre travail a consisté en une analyse systématique de la littérature concernant les données actuelles sur les péri-implantites. Notre recherche bibliographique a été réalisée à partir de la base de données PubMed/Medline et de revues. Quatre-vingt-seize articles entre 1986 et 2010 ont été retenus et classés selon trois thèmes principaux permettant d’apprécier les données épidémiologiques, biologiques et les moyens thérapeutiques disponibles. Selon les données recueillies et analysées, les péri-implantites sont communément définies comme des maladies inflammatoires des tissus péri-implantaires avec une forte prévalence, en augmentation. Cependant, il existe une grande hétérogénéité des définitions cliniques des péri-implantites. Elles sont favorisées ou aggravées par de nombreux facteurs de risque ainsi que par les particularités physiopathologiques de la muqueuse péri-implantaire. Elles peuvent être prises en charge par différents moyens, en particulier par des traitements chirurgicaux. Malgré de nombreuses similitudes entre les péri-implantites et les parodontites, les données cliniques actuelles montrent la nécessité d’une approche thérapeutique spécifique des péri-implantites.
Recent studies have focused on implant survival and their complications. Our work has consisted in a systematic review of the literature concerning recent data on peri-implantitis. Our research has used data from PubMed/Medline and reviews. Ninety-six papers have been selected between 1986 and 2010 and classified in three main items to study epidemiological, biological and therapeutic data. According to the collected and analyzed data, peri-implantitis was generally defined as an inflammatory diseases of peri-implant tissues with a high and increasing prevalence. However, a great heterogeneity in peri-implantitis definitions could be noticed. Peri-implantitis were enhanced by many risk factors and the physiopathological properties of the peri-implant mucosa. Peri-implantitis can be treated by many ways, mostly surgical treatments. Despite the numerous similarities between peri-implantitis and periodontitis, the recent clinical data showed the importance of a specific therapeutic approach of peri-implantitis.
Avec l’essor, depuis 20 ans, du traitement des édentations par l’implantologie, les études sur le taux de survie des implants se sont multipliées, mettant en évidence un taux de survie élevé, de l’ordre de 82 à 95 % pour une période de 5 à 16 ans (Berglundh et al., 2002 ; Karoussis et al., 2003 ; Roos-Jansåker et al., 2006a ; Simonis et al., 2010). Cependant, le terme « survie » n’est pas synonyme de succès. En effet, la survie implique la persistance des implants dans la cavité buccale, indépendamment de toute complication biologique et/ou mécanique, alors que le succès se définit comme étant la survie de ces implants en l’absence de toute complication (Albrektsson et al., 1986 ; Smith et Zarb, 1989). Or, parallèlement à l’augmentation du recours aux implants, les complications, notamment biologiques, associées tendent à croître. Elles peuvent être classées en deux catégories : les complications dites primaires, qui concernent l’absence d’ostéo-intégration, et les complications dites secondaires, qui concernent les implants pour lesquels une ostéo-intégration a été obtenue. C’est à cette seconde catégorie, en particulier aux péri-implantites qui sont des complications biologiques d’origine infectieuse, que nous nous intéresserons dans cette analyse de la littérature médicale. Le but est de réaliser une synthèse des données épidémiologiques, des éléments de diagnostic, des données biologiques et de l’arsenal thérapeutique disponible. Cette analyse devrait permettre de fournir au clinicien, de façon claire et concise, les éléments de la prise en charge de ces complications et de mettre l’accent sur les points obscurs susceptibles d’être développés dans de prochaines études cliniques ou expérimentales.
La recherche bibliographique a été réalisée à partir de la base de données PubMed/Medline et de revues disponibles à la bibliothèque universitaire de la faculté de médecine de Strasbourg. Quatre-vingt-seize articles en français ou en anglais ont été sélectionnés sur une période qui s’étend de 1986 à nos jours. Les cas cliniques et les lettres aux éditeurs ont été exclus de cette analyse. Les articles ont été classés selon les trois thèmes principaux qui traitent des péri-implantites. Quarante-neuf articles épidémiologiques (publiés entre 1986 et 2010) ont été inclus en fonction de la définition des péri-implantites et d’une durée d’étude portant sur au moins 5 ans, ainsi que 30 articles portant sur les données biologiques des péri-implantites (publiés entre 1991 et 2009) et, enfin, 17 articles portant sur les moyens thérapeutiques mis en œuvre et leurs résultats (publiés entre 2001 et 2010). Étant donné la diversité des articles analysés, il paraît difficile de les comparer et de proposer une classification selon leur objectivité ou leur niveau de preuve.
Parallèlement à la classification des maladies parodontales, une définition des maladies inflammatoires concernant les tissus de soutien des implants a été proposée lors du consensus du premier Workshop européen de parodontologie (EWOP, European Workshop on Periodontology) (Albrektsson et Isidor, 1994). Correspondant à la gingivite, a été décrite la mucosite péri-implantaire définie comme une inflammation réversible des tissus de soutien de l’implant. De même, correspondant à la parodontite, a été décrite la péri-implantite définie comme une réaction inflammatoire des tissus entourant l’implant, associée à une perte osseuse elle-même caractérisée par une forme de cupule à aspect quasi horizontal. Si elle n’est pas traitée, elle peut aboutir à la perte de l’ostéo-intégration de l’implant (Heitz-Mayfield, 2008), voire évoluer rapidement jusqu’à l’apex de l’implant (Schou et al., 2003 ; Davarpanah et al., 2008). De nombreuses définitions ont été proposées, allant de la seule perte osseuse (Fransson et al., 2005, 2009) à la présence d’une fistule (Heitz-Mayfield, 2008). La majorité des auteurs prennent en compte la présence constante d’un saignement au sondage (Zitzmann et Berglundh, 2008) et/ou une suppuration au sondage, l’existence d’une augmentation de la profondeur de poche (PP ≥ 5 mm), une perte osseuse radiologique exposant au moins 3 spires (soit un minimum de perte osseuse de 1,8 mm) (Roos-Jansåker et al., 2006a ; Heitz-Mayfield, 2008 ; Ong et al., 2008) pour un suivi d’au moins 10 ans.
Le rapport de consensus du sixième EWOP a fait état d’une prévalence de 28 à 56 % de péri-implantites (soit de 12 à 40 % des sites) et de près de 80 % (environ 50 % des sites) de mucosites péri-implantaires parmi les personnes traitées par des implants (Lindhe et al., 2008). En effet, des études à long terme ont mis en évidence une prévalence des péri-implantites de 6,6 % des implants mis en place (soit 16 % des patients) (Roos-Jansåker et al., 2006a, 2006b), voire de 16,94 % des implants (Simonis et al., 2010).
Les facteurs de risque favorisant ces complications sont nombreux : indice de plaque élevé, antécédent de parodontite, tabagisme, diabète, alcool, génétique, état de surface implantaire, surcharge occlusale. Ils peuvent être classés en trois catégories selon les preuves établies (Heitz-Mayfield, 2008 ; Lindhe et al., 2008). Avec un bon niveau de preuve, un indice de plaque élevé, très fréquent dans les cas de mucosite (Abrahamsson et al., 1998) et de péri-implantite (OR = 14,3) (Lindhe et al., 2008), est associé à une augmentation de la prévalence des saignements au sondage (Renvert et al., 2007) et à la survenue des péri-implantites. C’est la principale source de contamination bactérienne des tissus péri-implantaires (Renvert et al., 2004 ; Van der Weijden et al., 2005). L’identification de bactéries similaires entre les poches parodontales et les poches péri-implantaires (Mombelli, 2002 ; Quirynen et al., 2002 ; Renvert et al., 2007) a alimenté le débat sur les conséquences d’un antécédent de parodontite et d’un réservoir bactérien potentiel chez les patients partiellement édentés ayant eu un échec implantaire. Le rapport de consensus du sixième EWOP met en évidence que 10 des 11 études sélectionnées dans sa revue montrent que le risque de développer une péri-implantite augmente chez les patients avec antécédent de parodontite (Lindhe et al., 2008). Ces patients pourraient avoir une augmentation de la profondeur des poches, de la perte osseuse marginale et de l’incidence des péri-implantites par rapport aux patients au parodonte sain (Karoussis et al., 2007 ; Simonis et al., 2010).
Chez les patients fumeurs traités par des implants, une augmentation significative des marqueurs de l’inflammation locale et systémique a été observée après 1 an de suivi (Ataoglu et al., 2002). Ainsi, il a été observé une augmentation des complications tissulaires et de la perte osseuse (OR = 2,25) (Strietzel et al., 2007), voire de perte de l’implant (Sanchez-Perez et al., 2007), chez les fumeurs traités par des implants, significativement supérieure à celle des patients non fumeurs. Des études rétrospectives portant sur un minimum de 8 ans ont mis en évidence un risque significativement supérieur (HR = 3,26) (McDermott et al., 2003) de développer une péri-implantite pour les patients fumeurs (Attard et Zarb, 2002 ; Gruica et al., 2004).
Avec un niveau de preuve plus limité, un lien a été évoqué entre le diabète et les péri-implantites avec un taux de survie des implants (85,6 %) inférieur à celui estimé dans la population générale (Fiorellini et Nevins, 2000 ; Fiorellini et al., 2000). Des revues de la littérature médicale ont avancé l’association entre le diabète et la perte d’implants (Kotsovilis et al., 2006 ; Mombelli et Cionca, 2006), mais peu d’études traitent aujourd’hui d’une relation entre un diabète mal équilibré et la péri-implantite (OR = 1,9) (Beikler et Flemmig, 2003 ; Ferreira et al., 2006). De même, une seule étude a mis en évidence une perte osseuse péri-implantaire significative chez les patients ayant une consommation journalière supérieure à 10 g d’alcool, mais également de tabac et une mauvaise hygiène bucco-dentaire (Galindo-Moreno et al., 2005).
L’implication du facteur génétique et de l’état de surface implantaire dans la survenue des péri-implantites est controversée. En effet, certains auteurs n’ont trouvé aucune association significative entre la perte osseuse (Wilson et Nunn, 1999) ou les péri-implantites (Lachmann et al., 2007) et le génotype de la cytokine IL1 (interleukine 1). D’autres démontrent une association positive (Laine et al., 2006) et significative avec la perte osseuse (Feloutzis et al., 2003) ou les complications biologiques (Gruica et al., 2004), voire la perte des implants (Jansson et al., 2005), en synergie avec le tabagisme. De même, les avis divergent également en ce qui concerne l’état de surface de l’implant. Les surfaces rugueuses, en général, favorisent la formation du biofilm (Quirynen et Bollen, 1995 ; Teughels et al., 2006 ; Subramani et al., 2009) et sont associées à de plus importantes pertes osseuses et de péri-implantites que les surfaces plus lisses (Becker et al., 2000 ; Astrand et al., 2004 ; Quirynen et al., 2007 ; Albouy et al., 2008). Cependant, certains auteurs ne trouvent pas de relation significative avec l’état de surface (Wennström et al., 2004). En présence d’une bonne hygiène buccale, la nature de l’état de surface de l’implant aurait moins d’influence sur la colonisation bactérienne (Pongnarisorn et al., 2007).
D’autres facteurs de risque des péri-implantites ont été proposés, tels que la surcharge occlusale (van Steenberghe et al., 1999) et la localisation de l’implant dans la cavité buccale (Fransson et al., 2009) ; mais les données sont peu nombreuses.
Certains auteurs se sont intéressés aux mécanismes physiopathologiques de la péri-implantite afin d’expliquer les données épidémiologiques observées.
La muqueuse péri-implantaire et la gencive qui entoure les dents présentent des similarités mais elles ne sont pas identiques (Davarpanah et al., 2008). Le tissu conjonctif péri-implantaire est constitué de fibres de collagène insérées parallèlement à l’axe de l’implant, quel que soit son état de surface, et non perpendiculairement à la surface implantaire (Comut et al., 2001) comme c’est le cas pour le parodonte où ces fibres se fixent dans le cément. La vascularisation de cette muqueuse est issue de vaisseaux périostés et l’absence de ligament alvéolo-dentaire expliquerait qu’elle soit moins développée qu’autour d’une dent. Il existe même une zone de tissu conjonctif avasculaire adjacente à l’implant (Davarpanah et al., 2008). La muqueuse péri-implantaire paraît donc moins bien organisée et plus fragile que celle qui entoure les dents (Berglundh et al., 1991 ; Buser et al., 1992 ; Berglundh et al., 2007) face à une lésion associée à la plaque bactérienne (Lindhe et al., 1992).
Des études récentes ont montré que la muqueuse péri-implantaire est très rapidement (dans les 30 minutes) colonisée par les bactéries (Porphyromonas gingivalis, Tannerella forsythia, Treponema denticola, Staphylococcus aureus…) après la mise en place de l’implant (Fürst et al., 2007). Dans les 2 semaines suivantes, des bactéries associées à la péri-implantite sont retrouvées (Quirynen et al., 2006). Cependant, la composition de la flore des péri-implantites reste encore mal déterminée. Selon certains auteurs ayant étudié l’impact d’un antécédent de parodontite, la flore impliquée dans les péri-implantites ne présenterait pas de différence significative par rapport à celle des parodontites. L’analyse des flores supragingivale et sous-gingivale des poches péri-implantaires montre une augmentation significative des bactéries du complexe rouge (P. gingivalis, Tannerella forsythia et T. denticola) (Socransky et al., 1998), mais une composition relativement similaire à la flore associée aux implants sains pour les autres bactéries (Shibli et al., 2008). D’autres auteurs soulignent la présence supplémentaire de bactéries non retrouvées dans les parodontites, tel que S. aureus (Leonhardt et al., 1999 ; Aas et al., 2005). Cette dernière bactérie serait retrouvée même dans la muqueuse péri-implantaire saine et pourrait servir de marqueur bactérien des péri-implantites selon certains auteurs (Salvi et al., 2008). De nouvelles études sont nécessaires afin d’établir le rôle des différentes bactéries dans la survenue de ces maladies ainsi que leur virulence.
La réponse tissulaire à l’agression bactérienne est similaire au niveau de la gencive et de la muqueuse péri-implantaire (Davarpanah et al., 2008) avec la formation d’un infiltrat cellulaire inflammatoire. Des études, chez le chien, ont mis en évidence une destruction osseuse plus importante autour de l’implant qu’autour des dents (Ericsson et al., 1992) associée à une plus faible teneur en fibroblastes (Berglundh et al., 1992 ; Kawahara et al., 1998 ; Davarpanah et al., 2008). Le potentiel de défense et de réparation autour de l’implant serait moins important qu’autour des dents (El Chaar, 2009) et la réponse inflammatoire autour de l’implant plus intense qu’autour des dents avec un infiltrat inflammatoire qui s’étend plus apicalement de façon significative (Ericsson et al., 1992). La composition des infiltrats inflammatoires est similaire (Berglundh et al., 1992 ; Leonhardt et al., 1992 ; Pongnarisorn et al., 2007).
L’analyse de prélèvements humains a mis en évidence la présence de cytokines impliquées dans l’activation des ostéoclastes dans les péri-implantites comme dans les parodontites chroniques, bien que leur répartition diffère (Konttinen et al., 2006). Le TNF-α (tumor necrosis factor alpha) prédomine dans le cadre de la parodontite alors que c’est le cas de l’IL1-α) dans le cadre de la péri-implantite (Konttinen et al., 2006). Les sites atteints de péri-implantite présentent également une augmentation significative non seulement d’autres marqueurs de l’inflammation tels que IL6 (Liskmann et al., 2006), IL1-β (Panagakos et al., 1996), MMP-8 (matrix metalloproteinase-8) (Teronen et al., 1997), la cathépsine K (Strbac et al., 2006) mais aussi des lymphocytes B et des polymorphonucléaires neutrophiles (Liljenberg et al., 1997). Une augmentation de l’activité des élastases et phosphatases alcalines (Plagnat et al., 2002 ; Gualini et Berglundh, 2003), qui sont associées à la destruction tissulaire (Page, 1992) du parodonte, a été observée comme dans le cas des parodontites (Gustafsson et al., 1994 ; Nakashima et al., 1996).
Comme pour les parodontites, il existe un panel thérapeutique important pour la prise en charge des péri-implantites. Deux grandes catégories de traitements sont à distinguer : d’une part, les traitements non chirurgicaux avec les débridements mécaniques seuls ou avec adjonction d’antiseptiques et/ou antibiotiques ; d’autre part, les traitements chirurgicaux avec les débridements mécaniques associés ou non aux techniques de comblement osseux.
Les traitements non chirurgicaux des péri-implantites, bien que variables, concernent essentiellement l’élimination de la plaque bactérienne, principale étiologie des péri-implantites. Comme pour le traitement des parodontites, ils consistent en un débridement mécanique avec des ultrasons et/ou des curettes manuelles non métalliques. Ce débridement peut être associé ou non à l’administration locale d’antiseptiques et/ou d’antibiotiques topiques ou systémiques (Karring et al., 2005 ; Renvert et al., 2006). La décontamination bactérienne peut également être réalisée à l’aide de lasers (au CO2, Er:YAG).
Les études interventionnelles ont montré que le débridement mécanique seul ne donne pas de résultats concluants lorsque la profondeur de poche excède 5 mm avec exposition des spires de l’implant (Karring et al., 2005), bien qu’il améliore les scores de plaque et de saignement (Kotsovilis et al., 2008 ; Renvert et al., 2009). L’association d’antiseptiques et/ou d’antibiotiques pour le traitement de lésions supérieures ou égales à 4 mm améliore les paramètres cliniques, mais il n’y a pas de différence significative entre ces deux compléments du débridement et la lésion perdure (Renvert et al., 2006, 2008). Le débridement mécanique démontre une efficacité dans la réduction de la charge bactérienne, bien que non significative (Hayek et al., 2005). La décontamination des sites de péri-implantite par l’emploi de lasers de type CO2 ou Er:YAG donne, à 6 mois, de meilleurs résultats que le débridement par les ultrasons (Schwarz et al., 2006a) ou manuel (Deppe et al., 2001). En revanche, l’équipe de Persson trouve peu d’efficacité à l’emploi du laser au CO2 (Persson et al., 2004). Schwarz montre par ailleurs que l’efficacité du laser est limitée à 6 mois (Schwarz et al., 2005).
Il apparaît donc que, contrairement à ce qui est observé dans le traitement des parodontites, l’ensemble des études met en évidence une faible efficacité du traitement non chirurgical. L’adjonction d’une décontamination accroît son efficacité mais les agents étudiés sont très variables (chlorhexidine, acide citrique, gels ou microsphères d’antibiotiques, air-abrasion…). De plus, les instruments manuels utilisés sont différents (fibre de carbone, plastique, Téflon.) et compliquent la comparaison des résultats des études.
Les traitements chirurgicaux des péri-implantites consistent en un débridement mécanique sous lambeau avec décontamination par air-abrasion et/ou application d’antiseptiques locaux (Maximo et al., 2009), voire d’antibiotiques topiques ou systémiques. Certains auteurs associent ce débridement mécanique à ciel ouvert à une technique de comblement osseux (par substitut osseux, greffe autogène ou allogène, ou encore par une technique de régénération osseuse guidée) afin d’éliminer le défaut osseux.
La levée d’un lambeau d’accès associée à un débridement mécanique et une décontamination par air-abrasion et/ou application de chlorhexidine entraîne une amélioration des paramètres cliniques au bout de 3 mois, une baisse de la charge bactérienne (Maximo et al., 2009) et une modification des paramètres biologiques (Duarte et al., 2009). Mais le défaut osseux persiste ainsi que l’exposition des spires de l’implant, qui favoriserait les dépôts de plaque. Des techniques associant la réalisation d’un lambeau de débridement à une technique de comblement osseux donnent de meilleurs résultats que le débridement mécanique seul (Schwarz et al., 2006b, 2009 ; Kotsovilis et al., 2008). Ces techniques permettent de résoudre le défaut osseux et de favoriser l’accès à l’hygiène. Cependant, il faut noter que l’utilisation de procédures de régénération osseuse ou de greffe a un succès variable bien que l’administration d’antibiotiques en complément entraîne une amélioration dans 60 % des cas (Claffey et al., 2008). De bons résultats ont été obtenus pour les techniques de régénération osseuse guidée avec antibiothérapie chez l’animal, mais les preuves font encore défaut chez l’homme (Norowski et al., 2009 ; Faggion et al., 2010).
Les études concernant la thérapeutique des péri-implantites sont en faveur d’un recours au traitement chirurgical. Mais les traitements chirurgicaux sont variés et les données peu nombreuses. De nouvelles études chez l’homme, avec des techniques comparables, sont nécessaires pour proposer un protocole de prise en charge des péri-implantites.
Les péri-implantites sont des complications biologiques d’origine infectieuse qui peuvent compromettre le succès du traitement implantaire, leur prévalence augmentant proportionnellement à l’essor de l’implantologie. Les études sur les péri-implantites sont peu nombreuses et très hétérogènes. La définition de la péri-implantite, les facteurs de risque validés, les signes cliniques et les critères épidémiologiques pour évaluer la prévalence (nombre d’implants ou de patients) varient en fonction des auteurs. Il est pourtant important d’établir une définition précise pour une bonne évaluation et une prise en charge adéquate. Cependant, ces complications peuvent être prises en charge par de nombreux moyens thérapeutiques, essentiellement chirurgicaux. Ces traitements sont fondés essentiellement sur les similarités entre les parodontites et les péri-implantites, mais l’extrapolation systématique des connaissances en parodontologie à l’implantologie doit être réalisée avec prudence. De nouvelles études doivent être réalisées afin de permettre l’élaboration d’un protocole de prise en charge.
Ce travail, présenté par Kenza Saadi-Thiers, a obtenu le prix Méridol 2010.