Journal de Parodontologie & d’Implantation Orale n° 02 du 01/05/2011

 

Revue Scientifique Internationale – La sélection

Relations ortho-parodontales

Renaud Rinkenbach  

But de l’étude

Les auteurs ont étudié la quantité d’os formé lors du déplacement distal d’une canine, dans le cas d’une réouverture d’espace correspondant à une agénésie d’incisive latérale maxillaire. Cette néoformation osseuse, mesurée à la fin du traitement d’orthodontie et aussi 5 années plus tard, durant la contention, a permis de statuer sur la stabilité temporelle de ce gain.

Matériels et méthodes

L’échantillon analysé...


But de l’étude

Les auteurs ont étudié la quantité d’os formé lors du déplacement distal d’une canine, dans le cas d’une réouverture d’espace correspondant à une agénésie d’incisive latérale maxillaire. Cette néoformation osseuse, mesurée à la fin du traitement d’orthodontie et aussi 5 années plus tard, durant la contention, a permis de statuer sur la stabilité temporelle de ce gain.

Matériels et méthodes

L’échantillon analysé comprend 80 patients présentant en tout 128 agénésies d’incisive latérale maxillaire. Différentes mesures de largeur et de hauteur ont été réalisées au début du traitement (T1), à la fin (T2), 2 ans après le traitement (T3A) et 5 ans après (T3B). L’échantillon a été divisé en 2 groupes en fonction de la distance séparant l’incisive centrale de la canine homolatérale :

– 77 sites avec une distance inférieure à 1,5 mm ;

– 50 sites avec une distance supérieure à 1,5 mm.

Les auteurs se sont servis de moulages en plâtre mais aussi de clichés orthopantomographiques afin de réaliser différentes mesures d’épaisseur au niveau de la crête alvéolaire. Par ailleurs, la hauteur des procès alvéolaires ainsi que l’inclinaison des canines ont aussi été reportées et comparées.

Résultats

Entre T1 et T2, la largeur de la crête alvéolaire se réduit de 4 % et sa hauteur diminue de 0,26 mm.

Entre T2-T3A et T2-T3B, la largeur diminue encore de 2 % et la hauteur se réduit encore de 0,38 mm.

On ne retrouve pas de corrélation entre l’inclinaison de l’axe de la canine, la quantité d’os créé et sa stabilité dans le temps. Ces conclusions sont identiques quelle que soit la proximité entre la canine et l’incisive centrale homolatérale.

Conclusion

L’os créé lors du déplacement orthodontique est stable, tant en largeur qu’en hauteur.

Lorsqu’une canine évolue à la place d’une incisive latérale manquante, on se retrouve dans la majorité des cas avec une situation osseuse propice à la pose d’un implant après réouverture de l’espace par orthodontie.

Commentaires

La prévalence des agénésies latérales varie en fonction de l’ethnie de la population observée et représente de 1 à 3 % de l’ensemble des patients traités en cabinet d’orthodontie, ce qui est beaucoup.

Il existe deux manières de traiter ces absences : soit par réouverture de l’espace et remplacement par un élément prothétique, soit par fermeture et maquillage de la canine. La fermeture de l’espace d’agénésie par mésialisation des canines (et des secteurs latéraux) est plutôt indiquée en présence d’agénésie bilatérale, pour des raisons d’harmonie du sourire, mais aussi pour des questions de calage occlusal latéral, que l’on veut symétrique. Il faut aussi que le soutien de la lèvre maxillaire ne soit pas affecté par l’absence de ces deux dents car on risque, le cas échéant, de vieillir le profil du patient prématurément. La forme de la canine est aussi à prendre en compte dans ce choix thérapeutique.

Bien souvent, l’option retenue relève de la réouverture de l’espace avec projet implantaire à l’âge adulte. Les parents, guidés par l’orthodontiste, doivent faire un choix pour leur enfant et, bien souvent, l’évocation d’une greffe osseuse pré-implantaire freine leur ardeur et impose une solution de compromis sans implant.

Cet article remet un peu les pendules à l’heure et nous permet quand même de rassurer les patients et leurs parents quant à la réussite à venir de leur traitement. Bien souvent, on avait tendance à repousser l’âge du début du traitement afin de pouvoir proposer la pose de l’implant dans la continuité, et ce afin de limiter la fonte osseuse. On se rend compte qu’il n’en est rien et qu’une phase de contention classique ne semble pas poser de problème.

Cependant, les auteurs ont réalisé des mesures sur modèle en plâtre partant du principe que l’environnement gingival reflétait par homothétie la structure osseuse sous-jacente, ce qui n’est pas toujours le cas. Il serait donc intéressant de corroborer ces résultats par un contrôle radiologique tridimensionnel.