Revue Scientifique Internationale – La sélection
Implantologie
Les auteurs de cette étude ont cherché à prouver que la conservation d’un fragment de racine après extraction permet d’une part d’éviter l’affaissement osseux alvéolaire et, d’autre part, ne s’accompagne pas de réaction inflammatoire, y compris lors de la pose d’implant au contact du fragment radiculaire résiduel.
Les troisièmes et quatrièmes prémolaires d’un chien Beagle ont été extraites, en...
Les auteurs de cette étude ont cherché à prouver que la conservation d’un fragment de racine après extraction permet d’une part d’éviter l’affaissement osseux alvéolaire et, d’autre part, ne s’accompagne pas de réaction inflammatoire, y compris lors de la pose d’implant au contact du fragment radiculaire résiduel.
Les troisièmes et quatrièmes prémolaires d’un chien Beagle ont été extraites, en prenant soin de conserver la partie vestibulaire de ces dents (la limite coronaire se situe 1 mm au-dessus de la limite osseuse crestale), et de n’enlever donc que les parties linguale, mésiale et distale. Après avoir recouvert la partie radiculaire résiduelle de dérivés de la matrice amélaire, un implant a été placé au contact de la racine, en position linguale. L’étude histologique est réalisée à 4 mois.
Les quatre implants montrent une intégration osseuse et aucune réaction inflammatoire n’a été mise en évidence ni au niveau osseux, ni au niveau de la racine. Le fragment radiculaire demeure attaché en vestibulaire à la crête osseuse par un ligament alvéolo-dentaire alors qu’un néocément a pu être observé entre la partie linguale de la racine et l’implant.
La conservation d’un fragment de racine pendant la mise en place d’un implant n’empêche pas son intégration osseuse et aide à la conservation de la crête osseuse.
De nombreux articles récents ont montré la fuite inéluctable de la crête osseuse vestibulaire après extraction. Pour la prévenir, les auteurs de cette étude ont cherché à maintenir l’élément anatomique qui semble être à l’origine de la stabilité de la crête alvéolaire : un ligament alvéolo-dentaire fonctionnel ; et ce résultat peut être obtenu en laissant un fragment de racine. Il s’agit là d’un pari osé : d’abord, parce notre mentalité ne nous a pas habitués à laisser un fragment de racine après extraction (cela s’apparente à un échec opératoire…) ; ensuite, parce que si l’on n’envisage pas une intégration osseuse de l’implant dans le fragment de racine, on ne sait pas non plus quel tissu va se différencier de cette interface. Les auteurs ont délibérément cherché à provoquer l’installation d’une interface idéale, un néocément. Ils sont parvenus à ce résultat grâce aux dérivés de la matrice amélaire, ou du fait de la présence du caillot qui aurait favorisé une régénération cémentaire ; mais quelle que soit la raison, le néocément est bien là pour montrer la surprenante intégration parodonto-implantaire. Et les auteurs ont ajouté à la preuve expérimentale animale une illustration clinique impressionnante, celle du remplacement d’une incisive centrale maxillaire fracturée par un implant, avec conservation de la partie radiculaire vestibulaire. Le résultat est un parfait alignement des collets de 11 et 21, avec à la clef, et c’est ce qui rend la technique remarquable, aucune greffe, ni de biomatériau, ni de tissu muqueux. Si l’approche est séduisante, on ne peut pourtant s’empêcher de craindre des complications à moyen terme : la ligne de démarcation fragment radiculaire/implant risque en effet d’être une porte d’entrée et de contamination bactérienne. En outre, ne peut-on craindre également une mobilisation du fragment de racine ? Craintes légitimes, mais saluons tout de même cette proposition thérapeutique qui ne manque ni d’imagination, ni d’audace.